Retrouvailles (suite)

S'il y avait une chose que j'avais vite mis en évidence, c'était qu'un Morgan me "touchant" me rendait aussi "inapte" à réfléchir.

A la question "Que risquait-il de ma soeur ?" là, à cet instant précis, je n'en savais fichtrement rien et sincèrement elle me passait au dessus de la tête. Je me sentais tellement faible en sa présence, surtout lorsqu'il jouait - il n'y avait pas d'autres mots - avec ses doigts libérés sur ma peau, que j'en perdais mes moyens.

Je pris sur moi d’arrêter Morgan - quite à le frustrer davantage - en saisissant de nouveau sa main que je ne lâchai plus, même une fois reposée sur ma cuisse. Je me reposai la question avant de répondre, plus apte à réfléchir maintenant que je n'étais plus distrait.

― Tu as à craindre qu'elle ne te fasse payer ton insolence. Elle n'est pas du genre à lâcher prise avant d'avoir eu réparation. Je serais toi, je l'éviterais comme la peste, le mis-je en garde tout en souriant, légèrement moqueur.

J'étais bien placé pour connaitre ses "vengeances", même à long terme ...

Angel ne répondit pas de suite, distrait par mes caresses : réfléchir lui semblait tout à coup si mal aisé ! Et je me délectais de l'effet que je produisais sur lui ― c'était si flatteur de voir que je pouvais lui faire ainsi perdre la tête !

Il finit par arrêter ma main et la poser sur sa cuisse, où il ne la lâcha plus ― de peur que je ne me remette à le distraire en jouant avec lui ?

― Tu as à craindre qu'elle ne te fasse payer ton insolence, m'avertit-il. Elle n'est pas du genre à lâcher prise avant d'avoir eu réparation. Je serais toi, je l'éviterais comme la peste...

La peste !

Joli jeu de mot pour une demoiselle qui était elle-même une petite peste ― je lui rendis son sourire.

― Qu'elle essaie, dis-je. Elle a beau être une fille, je ne me laisserai pas faire !

Je me penchai en avant et volai un rapide baiser sur ses lèvres :

― Il te restait des miettes de petits pains, ne trouvais-je rien de mieux comme raison à ce baiser...

...le dernier de la matinée ― contrairement à ce qu'Angel croyait, je pouvais me tenir : je le faisait depuis douze ans ; depuis que le notaire m'avait adopté ― faire croire à tous que notre relation n'avait rien de celle d'un père et d'un fils, se tenir aux rôles que nous jouions, était mon quotidien. Ce serait pareil avec Angel : s'il désirait me voir dans le rôle d'un simple ami, c'est ce que je serais ― je l'aimais assez pour cela ! Ne m'étais-je pas similairement soumis aux désirs de Lord Witherby par amour ?

Je me levai et lui offris ma main pour l'aider à se lever ― comme n'importe quel ami :

― Une balade autour du lac, histoire de se dégourdir les jambes, te dirait-il...?

― Qu'elle essaie. Elle a beau être une fille, je ne me laisserai pas faire ! me répondit-il.

Je t'aurais prévenu, pensai-je légèrement soucieux.

Même si Olympia avait l'apparence d'une fille, toujours très soignée, maquillée et manucurée comme une adolescente, elle n'en restait pas moins un vrai monstre d’égoïsme et d'égocentrisme. Elle ne faisait rien sans rien et tenir les gens en laisse était son passe-temps préféré.

Ayant réussi à l'éviter par je ne sais quel miracle depuis son arrivée - hormis notre première rencontre - je ne savais pas comment elle réagissait peu habituée au manque de confort qu'offrait le château. Perdu dans mes pensées, je ne vis pas Morgan s'approcher et me déposer un rapide baiser sur les lèvres.

"Il te restait des miettes de petits pains" me dit-il rapidement - semblant excuser son geste.

Avant que je ne puisse le prolonger, il se retrouvait debout et m'offrait une nouvelle fois sa main pour une balade autour du lac.

― Pourquoi pas ? répondis-je en me levant à mon tour.

Je désirais juste oublier les soucis, les cours, Olympia et tout ce qui n'était pas nous... J'aurais bien le temps dy penser le moment venu.

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