Fichu écureuil

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― Fichu écureuil, jurai-je en m'enfonçant parmi les arbres.

Ces derniers étaient encore espacés et on y voyait clair ― ce qui était plus pratique pour chercher l'écureuil ! Je m'arrêtai, essoufflée et cherchai des yeux l'animal. Il fallait vraiment que ça m'arrive maintenant.

Un mouvement furtif trahit la présence de l'écureuil... à quelques pas de moi !

« Petite bête, fis-je doucement en avançant doucement vers lui... Rends moi mon écharpe. »

Mais il s'enfuit et grimpa le long d'un grand chêne - mon écharpe noire toujours avec lui.

« Bordel de merde ! » m'exclamai-je.

Cette fois, il avait réussi à me mettre en colère !

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M'agenouillant un instant, je ramassai le lacet, la couverture et le sédatif que j'avais laissé derrière : le draguenin avait été si agressif que j'avais eu du mal à le garder dans sa cage, surtout avec une épaule écharpée ; du coup, j'avais préféré tout lâcher et dégager la créature à écailles hors du parc du domaine avant de revenir vers le château pour voir Alwena.

― Petite bête, entendis-je tout à coup une voix féminine percer à travers les feuillages.

Petite bête ? Y avait-il un autre draguenin dans les parages...?

« Rends moi mon écharpe, » poursuivait-elle doucement.

Je me levai aussitôt, m'élançai entre les arbres ― pourvu qu'elle ne comptât pas s'en approcher ! Les draguenin pouvait avoir l'air de belles petites créatures, elles n'en restaient pas moins féroces ! Je pressai le pas, d'autant plus lorsqu'elle s'emporta :

« Bordel de merde ! »

Cela ne laissait rien augurer de bon...

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Je soupirai ― comment allais-je faire pour récupérer mon bien ? L'écureuil, dressé sur une branche, une partie de l'écharpe dans sa gueule et une autre dans ses mains, me fixait de ses yeux ronds comme des billes.

Je fulminai ! Je devais réfléchir ― il y avait forcément un moyen ! Je regardai autour de moi, cherchant l'inspiration, mais rien ne retint mon attention. « Wynn, fais quelque chose au lieu d'attendre les bras croisés que le bon Dieu fasse quelque chose !»

Je regardai de nouveau la bestiole avec un air de défi. S'il ne voulait pas redescendre, alors j'allais venir à lui. Je remontai ma robe et commençai l'ascension du chêne, m'aidant des nœuds et des fines branches pour me hisser le long du tronc.

Peu habituée à grimper aux arbres ― c'était strictement défendu à la maison ― mes bras me faisaient déjà mal. Je serrai les dents et me concentrai sur mon écharpe ; l'écureuil n'avait pas bougé et me scrutait avec curiosité.

― Tu vas voir ce que tu vas voir, murmurai-je.

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Je finis par retrouver l'élève, tache rouge contre l'émeraude de la forêt. La tête levée vers les branches, elle observait une chose dans le feuillage ― le draguenin ? Je ne le voyais pas, ne distinguai qu'un ruban sombre qui tranchait contre le vert de la frondaison ― probablement son écharpe. Perchée aussi haut, elle ne pourrait la reprendre à la créature d'écailles !

Mais aussitôt que cette pensée m'effleura, je vis la demoiselle élever le bras vers les branches les plus basses et se hisser ― avec peine, certes, mais se hisser quand même ― dans l'arbre. God ! J'avais déjà eu une rencontre désastreuse avec un draguenin, je préférai en éviter une deuxième !

J'allais hausser la voix pour l'apostropher lorsqu'un déplacement parmi les feuilles attira mon attention ― un écureiul ! Ce n'était qu'un écureuil !

Soulagé, j'exhalai un soupir.

J'arrivai quelques secondes plus tard. La demoiselle s'était élevée sur une branche à quelques mètres de haut, tendait le bras pour en attraper une autre trop éloignée. Elle finirait par tomber.

― Tu ne devrais pas grimper aux arbres, lui dis-je.

C'était dangereux.

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― Tu ne devrais pas grimper aux arbres, résonna une voix grave en dessous de moi.

Surprise, je sursautai et lâchai prise. La chute me sembla longue ― étais-je montée si haut que ça ? Mes mains tentaient de se raccrocher aux branches, au tronc ― enfin, à quelque chose ― mais ne se refermaient que sur du vide.

L’atterrissage promettait d'être dur.

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Tout se passa très vite ― la demoiselle perdit l'équilibre et tomba sans pouvoir se retenir, voile rouge et aérien fendant l'air. Je relâchai aussitôt mes affaires, ouvrai les bras pour la rattraper ―

Bordel !

Mon épaule avait pris un coup et la douleur s'était tout à coup ravivée, m'arrachant presque un cri ― je serrai les mâchoires, enfouis ma tête un instant dans l'épaisse et soyeuse chevelure, émettant malgré moi un faible grognement.

Laisse passer, ça va aller, me dis-je. Laisse passer...

Je respirai profondément, mes poumons s'emplissant du parfum des magnolias, doux, sucré et épicé à la fois ; c'était une fragrance apaisante et, au bout de quelques instants, je desserrai enfin les dents et dégageai ma tête de l'épaule de la jeune demoiselle.

Iris hypnotiques, à couper le souffle : je me retrouvai tout à coup plongé au coeur d'une lande fleurie, baigné dans un champs de lupins sauvages sous un ciel gris ― j'étais sous le charme, incapable de me détacher de ces corolles magnétiques.

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Mais au lieu de m'écraser contre le sol, je rencontrai des bras qui amortirent ma chute. Je retombai sur mes pieds, maintenue par les bras de la personne inconnue. Un peu sonnée, je restai un moment les yeux fermés. Puis, je levai la tête, en même temps que mon sauveur.

Ses yeux noirs me fixèrent. Lui aussi semblait être surpris. En même temps, ce n'est pas tous les jours que l'on cueille des jeunes filles qui tombent des arbres ! Je me reculai et lui dit, un peu honteuse :

― Excusez-moi, vous m'avez fait peur... Mais, merci de m'avoir rattrapée.

J'inclinai la tête avec un sourire. Qui était-ce ?

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― Excusez-moi, l'entendis-je doucement dire, sa voix profonde et satinée. Vous m'avez fait peur...

Peur... moi aussi j'avais eu peur ― peur pour elle ; peur qu'elle ne s'approchât d'un draguenin, peur que la créature ne l'attaquât.

― J'en suis désolé, fis-je tout bas, incapable d'élever la voix, comme si cela romprait le charme : j'étais hypnotisé, ensorcelé, noyé dans ses yeux fleuris, complètement subjugué par ses iris violacée !

« Mais, merci de m'avoir rattrapée, » ajouta-t-elle.

Musique à mes oreilles.

― De rien...

Prononcé toujours aussi bas.

Il me fallut quelques instant de silence pour réaliser que je devais réagir ― réellement ― au lieu de rester là, mes prunelles rivées à ses superbes corolles, la serrant si près de moi que je pouvais presque sentir son coeur battre à travers ses seins pressés contre mon torse.

Je finis par la relâcher, mes mains s'attardant autour de ses hanches, comme pour mieux la stabiliser...

« Je m'appelle Bobby, dis-je. Est-ce que ça va...? »

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J'inclinai la tête et lui répondis :

― Wynn Faolan. Ça va, merci. Et vous ?

J'étais encore contre lui, enveloppée par sa chaleur. Je devinais, par sa respiration saccadée, qu'il était tout aussi surpris que moi. Être l'un contre l'autre nous permettait de nous remettre de nos émotions.
Quant à moi, j'avais eu peur ! Non pas que j'étais tombée de haut, mais, la chute avait été inattendue et qui sait comment je me serais réceptionnée s'il n'y avait pas eu Bobby ?

Je m'écartais légèrement de lui, ses mains toujours sur mes hanches, et je pus mieux l'observer. Vêtu d'un tee-shirt blanc, le jeune homme ― bien que beaucoup plus âgé que moi ― avait des épaules larges et un air sombre. Sa mâchoire anguleuse allait de pair avec son regard dur. Ma Doue, qu'il était beau ! Je n'en voyais pas beaucoup des comme lui près de chez moi... Cependant, il semblait un peu décontenancé ― qu'avais-je fais ?

Cette proximité me troublait un peu, je ne le connais pas et nous étions trop proches. Ses yeux d’onyx me fixaient avec curiosité. Et pourtant, son visage était si avenant que je pourrai très bien rester l'observer.

Honteuse, je me passai la main dans les cheveux. Fallait vraiment que je me fasse remarquer dès les premiers jours ! Je me mordis la lèvre et m'arrachai de son regard. Il devait sûrement me prendre pour une attardée....

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Wynn... c'était un joli prénom, comme une note de musique qui retentit, s'évanouissant doucement dans l'air. Wynn.

― Ça va, répondis-je sans réfléchir ― sans y arriver, hypnotisé que j'étais par ses iris...

...il fallait vraiment que je me ressaisisse ! Je finis par relâcher ses hanches, presque avec regret, m'activant alors à retirer les bris de feuilles qui s'étaient accrochés à elle.

« Qu'est-ce qui t'as pris de grimper à l'arbre ? demandai-je en m'emparant de brindilles ornant ses cheveux, ses vêtements. De grimper aussi haut, et en robe...? »

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Je levais les yeux au ciel et esquissai un sourire :

― Un écureuil m'a volé mon écharpe. Il est juste là.

Je le désignai du doigt, parmi les branches de l'arbre. Bobby le chercha des yeux un moment
et son regard s'éclaira lorsqu'il l'aperçu.

― J'ai décidé de grimper à l'arbre pour l'attraper. Je sais, ce n'est pas très intelligent, mais... Je n'avais pas trop le choix.

Il me lança un regard amusé, qui illumina son beau visage. Je lui rendis son air malicieux et haussai les épaules, en toute innocence. Qu'est-ce que je devais avoir l'air con !

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Un sourire esquissa les lèvres de Wynn.

― Un écureuil m'a volé mon écharpe, expliqua-t-elle. Il est juste là.

Elle désigna les branches de l'arbre et je levai la tête; recherchant la petite créature au poil roux.

« J'ai décidé de grimper à l'arbre pour l'attraper, poursuivit-elle. Je sais, ce n'est pas très intelligent, mais... Je n'avais pas trop le choix. »

Je baissai tout à coup le regard, amusé par ses propos : elle me rappelait moi, ayant grimpé à l'arbre pour redescendre le chaton effrayé ; j'avais moi aussi prétendu ne pas avoir d'autre choix ― pourtant, les pompiers avaient été appelés et ils l'auraient descendu sans risquer de tomber et de se casser un membre ! Si j'étais monté sans attendre leur arrivée, c'était parce que j'avais pris la mauvaise habitude de me mettre en danger ― que ce soit sous les coups d'un autre ou autre chose...

Quelle était sa raison, à elle ? Pourquoi une si belle jeune femme, apparemment issue de la bourgeoisie, se risquerait à monter aux arbres ? Certes, l'écureuil semblait un brin nargueur, nous observant de ses yeux noirs ― mais...

― Une charme aurait été aussi efficace pour récupérer l'écharpe, dis-je faisant glisser le morceau d'étoffe hors des pattes de l'écureuil, lequel tenta de la retenir avant de s'effrayer et s'enfuir. La magie est peut-être interdite en dehors des classes mais personne ne t'en voudra d'y recourir pour une broutille aussi inoffensive ! Et je n'ose croire que tu ne connais de sort, symbolique, verbale ou psychique, qui ne t'aurait permis de la reprendre sans risquer une douloureuse chute !

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― Et je n'ose croire que tu ne connais de sort, symbolique, verbale ou psychique, qui ne t'aurait permis de la reprendre sans risquer une douloureuse chute !

Mon sourire se figea sur mes lèvres et me sang se glaça. Je le regardais dans les yeux, fixement et fermement.

Pourquoi fallait-il toujours que l'on me parle de magie ? Surtout de sort à jeter – de sorts faciles en plus ! Je savais que Bobby l'ignorait, mais cela m'exaspérait. J'étais incapable de lancer quelque sort que ce fût – même le plus élémentaire – tant que je n'aurais pas activé ma magie. Magie que peut-être je ne possédais pas...

― Ne parlez pas de ce dont vous ne savez rien, lui rétorquai-je sèchement.

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Les traits gais et espiègles de Wynn s'assombrirent tout à coup, ses iris s'obscurcissant tel le ciel avant l'orage.

― Ne parlez pas de ce dont vous ne savez rien, rétorqua-t-elle cassante, ses yeux gris mauve emplis de défi.

L'aventurière partie à l'assaut des arbres, prête à se battre contre les chapardeurs d'écureuils, avait laissé place à une demoiselle forte de sa noble naissance, vexée que l'idée d'user de sort ne l'ait préalablement effleurée ! Le charme était rompu et un sourire amer affleura mes lèvres.

― Est-ce ainsi que tu as appris à remercier ceux qui t'évitent une chute douloureuse et t'aident à récupérer ton bien ? m'enquis-je, un brin sarcastique.

Je lui tendis son écharpe. "Elle est à toi, il me semble. Maintenant, si tu préfères éviter les dettes envers les autres, je peux aussi bien la remettre dans l'arbre..."

Pire que Mila, celle-là ― car si la première avait elle aussi de la peine à accepter de l'aide, tenant à me payer en nature, la deuxième paraissait d'humeur à me le faire payer, tout court...

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― Elle est à toi, il me semble, me répliqua Bobby, l'air sombre. Maintenant, si tu préfères éviter les dettes envers les autres, je peux aussi bien la remettre dans l'arbre...

Je déglutis. La situation m'échappait et ça ne me plaisait pas du tout. Pourquoi fallait-il qu'il le prenne ainsi ? Après tout, c'est lui qui ― involontairement, certes ― venait de me blesser. Je saisis mon bien qu'il me tendait.

― Excusez-moi, fis-je un peu maladroitement. C'est vrai que je ne vous ai pas remercier comme je l'aurais du. Vous m'avez épargnez une terrible chute mais...

Mon regard tentait de s'accrocher à celui de Bobby. Noir d'encre. Mais, j'avais si honte que je n'y parvenais pas. Honte de ne pas réussir à lancer des sortilèges, même élémentaires. Honte de ne pas réussir à faire jaillir de moi cette satanée magie qui peut-être ne s'y trouvait pas ! Honte d'agir comme une gamine devant ses yeux. C'est pour toutes ces raisons que mon regard dévia et s'évertua à fixer quelque chose par dessus son épaule gauche.

― Ma Doue, m'exclamai-je, vous êtes blessé !

En effet, au niveau de son épaule gauche, une épaisse tâche de sang grossissait sur le tissus blanc de sont tee-shirt.

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Désarçonnée par ma réponse, Wynn perdit contenance. Elle acceptable et l'écharpe et s'excusa :

― C'est vrai que je ne vous ai pas remercié comme je l'aurais dû, admit-elle avec réticence. Vous m'avez évité une terrible chute mais...

Les mots s'étranglèrent dans as gorge et elle détourna son beau regard violacé. Était-ce de la honte que j'y percevais ? L'embarras d'avoir réagit telle une gamine l'avait-elle saisie ? Ou était-ce autre chose ?

― Est-ce qu ―

Mais la demoiselle aux prunelles fleuries ne me laissa pas commencer :

― Ma Doue ! s'exclama-t-elle en pure Bretonne. Vous êtes blessé !

Je suivis ses yeux posés sur mon épaule et découvris une tache de sang colorer mon tee-shirt blanc.

― Merde, lâchai-je malgré moi.

Satanée morsure qui se ré-ouvrait ! Pourquoi fallait-il que la plaie ne guérît pas si rapidement ?

―T'inquiète, c'est rien, dis-je un brin énervé. J'irai voir l'infirmière, ça ira.

Esmé et moi, nous avions longtemps fouillés les bois à la recherche de Wynn. Mais comme je n'osais pas crier son nom ― la forêt me semblant habitée par autre chose que des animaux ―, nous cherchions donc en silence, ce qui bien entendu ne facilitait pas la tâche.

Soudain, je perçus des voix sur ma gauche. En écoutant attentivement, je saisis ce que les paroles disaient.

― Ma Doue, vous êtes blessé !

Je reconnus la voix de Wynn, mais qui donc était blessé ? Entrainant Esmeralda à ma suite, je me dirigeai vers ces sons, légèrement inquiète. Qui donc avait-elle croisé dans ces bois ?

Nous arrivâmes enfin près d'eux. Ma camarade aux yeux violets se tenait face à un homme que je n'avais encore jamais vu. Mince alors, avais-je raté tant de gens que cela en deux jours ? Visiblement oui.

Après un léger raclement de gorge pour nous annoncer, j'osai prendre la parole.

― Qui est blessé ? demandai-je doucement.

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Je sursautai en entendant Cléophée. Elle était avec Esméralda, mais je ne les avais pas entendu venir. Je ne pris même pas la peine de répondre à la jeune fille aux cheveux bleus, et ramenai mon regard sur Bobby, qui semblait plus énervé qu'inquiet.

C'était de ma faute, j'avais du lui ouvrir l'épaule avec un de mes talons, en tombant sur lui. Pourtant, il ne me semblait pas l'avoir heurté de cette manière ― même si, c'était vrai, ma chute avait été très rapide !

― Vous avez mal ? demandai-je finalement à Bobby en m'approchant de lui.

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― Qui est blessé ? demanda une voix perçant à travers le sous-bois.

Je tournai la tête vers celle-ci et découvris deux demoiselles s'approcher entre les arbres.

― Personne, dis-je. Ce n'est pas aussi grave que ça en a l'air.

― Vous avez mal ? s'enquit Wynn.

Je détournai le yeux vers la jeune femme qui avait fait un pas et me trouvai à nouveau troublé par ses iris violacés ― il fallait réellement que je me ressaisisse.

― Ça va, répondis-je. Ce n'est qu'une plaie qui s'est réouverte et l’anesthésiant agit toujours ― j'irai à l'infirmerie voir si quelque chose doit être fait...

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Je déglutis. La tâche de sang, rouge passion, s'élargissait davantage, contrastant avec la blancheur du haut de Bobby. J'admirais sa tranquillité et son détachement. Ça n'avait l'air que de l'embêter...

― Vous devriez y aller, le pressai-je, maintenant.

Inutile qu'il perde davantage de sang. Il fallait encore marcher durant plusieurs minutes avant d'arriver au château.

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Cléophée m'avait guidée à petits pas à travers la forêt, à la recherche de l'héroïne aux yeux violets, jusqu'à ce que nous la rencontrions sous un arbre, face à un jeune homme au regard troublé. Il semblait avoir du mal à se détourner du regard hypnotique de Wynn.

C'est peut-être en rapport avec son pouvoir ?
Ou alors pas du tout...

Je levai instinctivement les yeux au ciel.

― Vous avez mal ? s'enquit Wynn auprès de l'homme dont l'épaule était en sang.

Qu'avait-il bien pu se passer ?

― Ça va, répondis l'inconnu. Ce n'est qu'une plaie qui s'est réouverte et l’anesthésiant agit toujours ― j'irai à l'infirmerie voir si quelque chose doit être fait...

― Vous devriez y aller, maintenant, continua Wynn visiblement très inquiète.

Mais celui qui était l'objet de toutes ces inquiétudes ne semblait pas déterminé à partir, il semblait avoir pris racine face à l'héroïne envoûtante. Je ne savais pas quoi faire, la situation m'échappait complètement. Je me cachai alors dans l'ombre de l'ange bleu, espérant que quelqu’un allait dire ou faire quelque chose...

Esmeralda, arrête de te comporter comme une enfant.
Oui, tu n'as qu'à convaincre ce beau jeune homme d'aller se faire soigner.
Dis-lui que Wynn l'accompagnera !

Qu'elles se taisent, maintenant ! Je ne voulais pas ouvrir la bouche pour l'instant et je ne le ferais pas.

L'homme ne semblait pas se résoudre à aller à l'infirmerie, alors que le sang s'étendait peu à peu sur sa manche. Mais il semblait... fasciné par Wynn.

Esmé elle se cachait derrière moi, visiblement peu encline à prendre la parole et à se faire remarquer.

Le silence devint lourd, et je me décidai :

― Vous... vous voulez que quelqu'un vous accompagne ? Vous saignez quand même beaucoup...

Son regard se tourna vers moi, et je me demandais ce qu'il m'avait pris de dire ça...

Homme à tout faire Messages : 324

― Ça ira, finis-je par répondre. J'irai seul, profitez encore du parc ― évitez seulement de poursuivre les petits animaux même s'ils vous paraissent inoffensifs.

Parce que, apparemment, même les écureuils pouvaient s'avérer dangereux ― qui l'eût cru ?

« Ne rentrez pas trop tard non plus, ajoutai-je. Le soir tombe rapidement... »

Lançant un dernier regard vers Wynn, mes yeux s'accrochèrent un bref instant à ses prunelles ; puis je partis vers le château...

Sorcier Messages : 256 Age : 30

― Ça ira, assura Bobby à Cléophée. J'irai seul, profitez encore du parc ― évitez seulement de poursuivre les petits animaux même s'ils vous paraissent inoffensifs.

Je levai les yeux au ciel, sachant très bien que c'était à moi que Bobby s'adressait. Je secouai mon écharpe, dans laquelle s'étaient prises des brindilles. L'écureuil avait du la laisser traîner par terre.

― Ne rentrez pas trop tard non plus. Le soir tombe rapidement...

La voix grave de Bobby résonna sous la voûte de feuillage et son regard s'accrocha au mien - comme pour souligner sa dernière phrase. Je devais me tenir à carreau. Mais il s'attarda une seconde de trop... plus qu'il n'était nécessaire, en tout cas.

Je rougis mais maintins son regard, jusqu'à ce qu'il tournât les talons et regagne le château. Je le suivis des yeux, observant ses épaules carrées que moulait son tee-shirt blanc.

Je me tournais ensuite vers les filles, qui semblaient quelque peu... perdues.

― Vous m'avez retrouvée ! J'ignore comment vous avez fait, car je me suis davantage enfoncée dans les bois que je ne le pensais...

Apprenti Sorcier Messages : 27

L'univers de regards dans lequel s'étaient isolés l'héroïne et son héros se détruisit quand l'homme s'éloigna de nous pour regagner le château. Wynn finit par se tourner vers Cléophée et moi :

― Vous m'avez retrouvée ! J'ignore comment vous avez fait, car je me suis davantage enfoncée dans les bois que je ne le pensais...

― J'ai suivi Cléophée, murmurai-je en portant mon regard sur l'ange.