Le patient anglais

Déjà !

Déjà l'heure...

Je ne vérifiais pas ― même si j'avais la sensation de ne l'avoir embrassé que cinq minutes ― rien que cinq ― je me doutais le temps s'était écoulé beaucoup plus rapidement...

Maigre consolation : Chaton... Il y avait quelque chose de si spécial, lorsqu'il m'appelait ainsi !

― Chaton t'attendra, soupirai-je alors que la porte se refermait.

Je restai là où j'étais, ramenant mes jambes vers moi en même temps que je me tournais sur le côté. Attendre.

Je n'avais pas envie de dormir ; mais je n'avais pas envie, non plus, de faire quoi que ce soit...

...si ce n'était laisser mes pensées vagabonder... Adsav ! Nous y étions ; j'allais rencontrer ses parents ; nous passerions deux semaines sans jamais ― ou si rarement ! ― se séparer !

Il y aurait Olympia, aussi... laquelle j'avais, jusqu'à ce qu'Angel y fasse allusion, complètement oubliée : elle avait beau être sa sœur ― sa jumelle ― elle occupait si peu d'espace dans la vie d'Angel qu'elle en occupait encore moins dans la mienne...

...mais nous voyagerions ensemble et notre séjour à Adsav serait ponctué de moments familiaux où elle serait présente...

Sourire. Etre aimable. Ne pas piquer.

Comment serait Olympia, de son côté ?

Serait-elle aussi mordante qu'à son habitude ?

Je devrais faire encore plus attention lorsque je lui répondrais ― toujours avec bonne humeur ; et beaucoup de subtilité...

C'est avec un plaisir non dissimulé que je quittai la salle d'herbologie. Je fus d'ailleurs le premier dans les couloirs, que je traversai au pas de course. J'étais d'autant, officiellement, le premier en vacances...

Enfin !

Cette dernière heure avait été un calvaire sur tous les points. Etre assis aux cotés de mon binôme, Erwan, et faire semblant de ne rien savoir de son intérêt envers Morgan... ; ne pas céder à mon envie de lui en coller une pour le simple fait d'avoir des vues sur mon mec... ; tenter de me concentrer sur notre devoir dirigé, alors que la seule chose sur laquelle je posai les yeux, était l'horloge, comme figée dans le temps...

Tout semblait être ligué contre moi pour retarder l'instant où je retrouverai enfin l'objet de mon obsession...

Et dire que depuis quelques secondes, nous avions dix jours rien que pour nous deux... rien qu'à nous...
...et rien que cette idée, me donnait des ailes...

Je grimpai les marches en courant et c'est, légèrement essoufflé — alors que je courrais plus tous les matins !! —, que je fis irruption dans notre chambre. Morgan patientait là, où je l'avais vu la dernière fois et je m'empressai de le rejoindre. Sans lui laisser le temps de réagir, je me glissai à ses cotés.

— J'ai cru que le temps s'était figé, murmurai-je contre ses lèvres avant d'y déposer un baiser.

Rien qu'un baiser...

...nous avions encore nos bagages à préparer et je devais aussi retrouver ma sœur...