Pour une pincée de sable...

Mes recherches à la bibliothèque n'ayant menées à rien, je me résignais à demander au Professeur Lestate des précisions sur les mesures de forces de l'étrange formule de Loulou ― celle-ci me trottait encore en tête...

― Prenez les devants, dis-je à Klet et Phil. Je vous retrouve tout à l'heure.

Les garçons ne posèrent pas de questions : ils connaissaient mes petites escapades, que ce soit pour croquer les pièces du château ou autre chose.

J'attendis que tous les élèves soient sortis pour m'approcher du bureau du professeur. S'il ne pouvait m'aider, je ne voyais pas qui le pourrait ― mis à part Merlin : Lestate était un homme lettré, extrêmement érudit, dont les cours étaient un vrai délice à suivre !

― Excusez-moi, Professeur Lestate..., commençai-je poliment. Si vous aviez un moment à m'accorder, j'aurais souhaité vous poser quelques questions...

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― Monsieur Le Fay, fis-je en levant les yeux vers l'élève.

Les cheveux sombres, le regard d'un bleu cobalt, j'avais de suite repéré le jeune homme ― non pas parce qu'il était doué et vif d'esprit, ou encore beau garçon, même s'il se démarquait aisément des autres élèves par sa brillance, son physique et son charme... En vérité, une étrange aura brillait autour de lui, légère mais bien présente ; c'était cela qui avait premièrement attiré mon regard...

« Que puis-je pour vous ? » m'enquis-je, curieux de connaître la réponse : Morgan Le Fay était un élève qui ne me semblait pas nécessiter d'aide pour faire ses devoirs...

Je remerciai le professeur d'un sourire. Je crois qu'il m'appréciait. Je crois ― il n'arborait pas le même air las, voire exaspéré, qu'il affichait fréquemment lorsque les élèves s'emmêlaient dans ses cours...

― Je cherche à convertir certaines mesures en force, expliquai-je. J'ai eu beau chercher à la bibliothèque et sur l'aéroquanet, je n'ai rien trouvé...

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― Cela m'étonne, dis-je.

Autant de la défectuosité de ses recherches que de lui.

« De quelles mesures s'agit-il ? »

Là venait la partie délicate :

― A vrai dire, je l'ignore, avouai-je. Peut-être n'est-ce même pas un réel système de forces...

...après tout, la possibilité que Loulou ait dit de sombres bêtises étaient tout à fait plausible...

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Je posai un regard intrigué sur le jeune homme : pour un élève de son étoffe, ne pas être capable de reconnaître un système de mesure de force était étrange.

― Je vous écoute, M. Le Fay, l'encourageai-je à poursuivre.

J'avais toujours trouvé le masque de Lord Witherby remarquablement impassible, que seul l'esquisse d'un léger sourire teintait de provocation ; le Professeur Lestate, lui, arborait un masque de si parfaite impassibilité qu'il lui conférait un air terriblement hautain.

― Il me semble être tombé sur une formule, expliquai-je. Pincées de sable, cuillerée d'eau, souffle de bise...

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Etranges unités... elles ne me disaient rien.

― Et quelle était la formule ? m'enquis-je.

Peut-être pourrais-je la reconnaître.

― Cinq pincées de sable, une cuillerée d'eau, le souffle d'une bise, répondis-je sans hésiter.

J'avais espéré ne pas à la lui révéler, mais plutôt que d'hésiter et piquer plus encore sa curiosité, je préférais jouer la carte de celui qui n'avait rien à cacher.

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J'acquiesçai de la tête bien que celle-ci non plus ne me disait rien.

― Je peux toujours effectuer quelques recherches de mon côté, fis-je. Vous me direz alors où avez-vous trouvé une telle formule...

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Je remerciai à nouveau le professeur d'un sourire.

― Est-ce tout ? s'enquit-il.

J'acquiesçai. Lestate me fit signe de prendre congé, me rappelant plus encore le notaire. J'obtempérai et quittai la pièce sous son regard clair.