Maux d'esprit ...

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D'une main je tenais la liste des ouvrages que les différents professeurs nous avaient conseillé d'étudier pour le premier cycle. De l'autre, je pianotai du bout de mes doigts manucurés les ouvrages de l'étagère, citant à voix haute les titres à mesure qu'ils défilaient sous mes yeux émerveillés.

Je devais avouer vexée mais toute aussi excitée que la bibliothèque de Brocéliande regorgeait de livres, manuscrits et textes dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence.

J'étais une amoureuse des livres et cela depuis ma plus tendre enfance.

Cinq pincées de sable, une cuillerée d'eau, le souffle d'une bise : c'était 'l'aide' que Loulou m'avait fourni en échange d'un cracker ― une formule, en apparence : le sable pour la terre, la bise pour l'air, l'eau restant l'eau ! Il me fallait seulement trouver comment les changer en force, système actuel de mesure... ce qui se révélait compliqué : il semblait n'exister aucune conversion de ces mesures... si je voulais tester ce sort, je devrais le faire à l'aveugle, ce qui était risqué ― aussi, avant de m'aventurer sur cette voie, je préférais me plonger dans les livres de la bibliothèque, à la recherche d'un sort y ressemblant... peut-être trouverais-je à quoi il correspondait !

J'avais quitté Ella après le réfectoire - nous prenions toujours nos repas ensemble depuis la première fois où j'avais osé m'asseoir à ses cotés - pour me diriger vers la bibliothèque. Je devais commencer mes recherches. J'avais déjà laissé passer trop de jours. Mais qu'étaient réellement ces quelques heures comparées à mes dix-sept années d'existence ?

Je me dirigeai un peu au hasard des allées, émerveillée par la quantité de livres dont devait regorger cette immense pièce. Une vie entière ne serait jamais suffisante pour en venir à bout ...

Se concentrer sur Camélia et rien d'autre - même si je retenais avec beaucoup de mal les pensées qui m'amenaient ailleurs, vers un autre prénom, un autre visage, un autre ...

Stop ! m'ordonnai-je, repoussant mon obsession au plus loin de cette table, de cette lettre que je n'arrivais pas à écrire, de ces mots que je n'arrivais pas à penser - trop "ailleurs".

Je repris mon stylo qui avait glissé de mes doigts sans ce que je ne m'en rende compte et relu le seul mot que j'avais réussi à écrire en presque une heure.

"Camélia".

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Après quelques recherches plus ou moins rapides, j'avais réussi à trouver tous les livres conseillés. Je me dirigeai vers une table ensoleillée pour commencer ma lecture lorsque apercevant mon "groom", je stoppai nette et procédai à une "évaluation" détaillée du jeune homme.

Même s'il me tournait le dos - que j'avais eu tout le loisirs d'admirer le jour de mon arrivée - je n'avais de doute quant à l’identité de celui qui semblait absorber dans ses recherches. Je reconnaissais la couleur si particulière de ses cheveux, aussi sombre que la mienne était claire; La veste d'uniforme qu'il devait être le seul à porter - n'en ayant vu sur nul autre - et qui pensai-je transportée, le moulait admirablement des épaules au bas du dos, cintrant légèrement sa taille, lui conférant une élégance naturelle.

Charmant et appétissant ...

Je laissais mes yeux brillants poursuivre leur inspection jusqu'à ses chaussures et, une fois chose faite, continuai mon chemin, un sourire confiant au visage.

Il me paiera lui aussi un jour, son insolence. Je me ferais un plaisir de jouer avec un adversaire aussi "intéressant".

Dans tous les sens du terme, pensai- je alléchée.

Poursuivant mon chemin, passant de rangées de tables en allées remplies de livres et inversement, je passai près d'Angelus, attablé seul, un crayon à la main et une feuille devant lui. Il ne sembla pensif, inoffensif, le regard fixé vers le plafond. Quel changement par rapport à la fois où je l'avais croisé au réfectoire.

Intriguée, je levai aussi les yeux et arrêtai mes pas. Il est vrai que les lustres en cristal qui éclairaient la pièce en plus de l’ensoleillement naturel, donnaient une dimension magique à la bibliothèque.

J'allai continuer, rêveuse et à pas feutrés, ma découverte des lieux quand j'avisai Ella, à quelques pas, les bras chargés de livres.

Mais que faisait-elle déjà ici ? Il me semblait qu'elle m'aie dit devoir retourner dans sa chambre.

J'allais à sa rencontre lorsque je compris ma méprise. Je stoppai à nouveau mes pas. Il ne s'agissait pas de mon amie mais de la nouvelle élève qui avait rejoint le château il y a tout juste deux jours.

D'après les bruits qui courraient dans les couloirs - même si j'étais peu enclin à ce genre de commérages - Olympia, m'avait-on dit, était aussi capricieuse et hautaine qu'il était permis de l’être. Pourtant à la voir, debout et immobile les bras chargés de livres, elle me semblait inoffensive. Elle ne bougeait pas, semblant elle aussi réfléchir.

Je n'avais pas encore eu l'occasion de me présenter à elle et décidais de profiter de cette occasion pour y remédier. Pourtant, quelque chose dans son attitude me dicta que je devais me tenir éloigner de la jeune fille aussi belle soit-elle. Peut-être à cause de son port de tête élégant, de ses vêtements couteux ou de l'assurance qu'elle dégageait. Elle était tout comme Angelus, intimidante.

Je décidai de prendre mon courage à deux mains et de lui proposer de l'aide quand je compris qu'elle n'était immobile que pour mieux observer Morgan. Morgan qui lui tournait le dos; Morgan qui ne se doutait pas être le point de mire de la jeune fille.

Oh !

Voila qui ne ferait pas plaisir à Ella si je lui rapportais cette scène. Mais je ne lui rapporterai rien. Tout comme je ne devais pas porter de jugements hâtifs et faux. Peut-être Olympia ne faisait-elle qu'attendre Morgan et d'autres livres ?

J'en doutai sérieusement en voyant la lueur d’intérêt plus que visible qui brillait dans ses yeux et le sourire qu'elle affichait sur son visage.

Pauvre Ella, soupirai-je avant de me détourner d'eux.

Sentant une présence à mes cotés, je tournai les yeux vers ma droite et reconnu la jeune fille de l'autre matin. Tête relevée, elle semblait absorbée dans la contemplation du plafond haut ou peut-être des lustres ou ne sais-je quoi ... Elle reprit son chemin avant de s’arrêter deux pas plus loin. Je m'intriguais de son étrange comportement.

Cette diversion n'était pas un mal en soi : m'aider à redescendre sur Terre. Redescendre de ce petit nuage sur lequel je me trouvais depuis des jours. Nuage à cause duquel je n'arrivais pas à me concentrer.

Je regardai à nouveau vers celle qui ne bougeait pas. J'en vain à croire qu'elle allait venir à moi, me demander de l'aide quand je compris que je n'étais pas son centre d’intérêt. Ce n'est pas ma personne qui l'interessait mais un point sur sa droite.

Grand bien m'en fasse ! songeai-je rassuré sur les intentions de l’étrange élève.

J'avais déjà du mal avec moi, je ne me voyais pas disposé à venir en aide à autrui. Ni maintenant., ni plus tard. Là, n'était pas ma priorité. Je devais tiré un trait définitif sur ce passé qui n'appartenait plus à celui que j'avais naïvement cru être. J'en viendrais presque à remercier Père et le Ciel - si je n'étais pas si athée - d'avoir enfin compris la place que je devais avoir et surtout, qui j'étais au plus profond de moi. Et dire que je n'avais pas réalisé l'enjeu de ma venue ici, à Brocéliande !

Alors que j'allais tenter une nouvelle fois de porter mes mots délicats sur le papier presque vierge, je soupirai :

Vais-je, enfin, y parvenir ?

J'écartai une mèche sombre de mes yeux, frustré : j'avais beau chercher, rien ne paraissait correspondre ! La formule de Loulou n'était-elle que celle d'un perroquet imaginant des sortilèges comme un enfant jouerait aux apprenti sorciers...?

Dommage, songeai-je en refermant les livres que j'avais sortis et étalés sur une table, près des étagères. Ne me restait plus qu'à tout ranger...

Je soupirai, déçu malgré moi : après avoir ramené la gargouille de pierre à la vie, j'avais pensé que Loulou, aussi, ferait parti du décor envoûté et mystérieux du château ; mais, apparemment, il n'était rien moins qu'un bel oiseau vert sans cervelle...!

Soit. Je me levai, remettai les livres à leur place et quittai là bibliothèque pour me remettre à l'exploration des lieux... et dépassai ― mon cœur gazouilla ― Angel, que je n'avais remarqué plus tôt !

Je résistai à l'irrépressible tentation de m'approcher ― le jeune homme m'avait demandé quatre jours pour lui et, même si toutes les fibres de mon être avaient violemment protesté, l'oiseau sentant soudain le filet le rattraper, se refermer sur lui, j'avais accepté. Accepté en espérant que ce n'était pas un jeu -- qu'il avait enfin ouvert les yeux, qu'il n'essayait pas encore de me faire payer ses désirs inavoués !

Mes doigts étaient restés accrochés aux siens ― ses doigts longs, ses doigts minces, ses doigts qui avaient tendrement tracé les contours de mon corps l'autre nuit, dans cet autre rêve... La peur de le perdre, même s'il ne m'appartenait pas !

Toutes choses ayant cependant une fin, je m'étais résigné et l'avait quitté à contrecœur, n'emportant avec moi que le fantôme d'une douce caresse échangée... emportant avec moi un précieux trésor, aussi magique que ma nuit de rêve ! Un trésor qui, en attendant le vrai, le grand, l'unique, m'aiderait à tenir !

Tenir le temps qu'il règle tous ses problèmes... Des problèmes dont Camélia, à n'en pas douter, faisait partie.

Oui, mieux valait le laisser seul.

Je sorti de là bibliothèque sans plus m'y attarder...

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Depuis que j'étais arrivée à la bibliothèque, les rayonnages s'étaient considérablement remplis de lecteurs curieux et de travailleurs sérieux qui erraient en quête d'un ouvrage.

Pour ma part, j'y étais déjà depuis plusieurs heures, traquant la moindre information concernant l'activation de la magie. Ce qui n'était pas peu difficile ! Rares étaient les livres évoquant cette forme particulière de la Magie. Peu de personnes devaient elles-mêmes activer leur propre don.

Selon une légende que je venais de trouver, cela était plus lié à une bénédiction qu'à une malédiction. Celui qui sait activer la magie est celui qui arriver à se trouver tel qu'il est - son essence, en quelque sorte... Il s'agissait donc d'une adéquation entre l'individu et la Magie qu'il détenait potentiellement. Aussi, chez certains, l'activation pouvait tarder longuement à venir tant qu'il ne trouvait pas l'harmonie nécessaire.

"Dans d'autre cas, il peut s'agir tout simplement d'une absence de don.", concluait le paragraphe.

Je levai mes yeux du livre en soupirant, un peu découragée. Soit, je n'avais pas de don, soit je ne tournais pas rond... What else ?

C'est alors que je vis, quelques mètres devant moi, Kamélina qui fixait Ella - dont je ne devinais que la silhouette de là où j'étais - avec un air inquiet.

Je reprenais le chemin vers "ma vérité" quand je surpris le regard de Wynn sur moi. Je levai la main en guise de salut et lui souris, même si le cœur n'y était pas. J'avais encore en tête la scène que je venais juste de quitter et je me sentais fautive d'avoir vu une chose que je n'aurais pas du voir. J'espérais aussi que ma camarade de chambre ne m'interroge pas sur cela si elle aussi en avait été témoin. Il ne fallait pas qu'Ella l'apprenne. Elle en serait chagrinée.

Je ne voulais pas déranger Wynn, elle semblait si occupée au vu des nombreux livres ouverts qui jonchaient sa table de travail. Je continuai ma route, quelque peu malaisée.

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Je lui rendis son salut, mais remarquai que ma camarade de chambre ne semblait pas très à l'aise... Elle semblait presque fuir devant moi, aussi ne lui demandai-je pas des explications et retournai à mes oignons.

Je relus le paragraphe et restait pensive. Être en phase avec soi... Rien que ça ! Je ne me sentais pourtant pas déphasée ou à côté de moi...

Faudrait-il que je médite ?

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Le soleil commençait à décliner quand je réalisai que je n'avais pas décollé les yeux de mes livres de toute l'après-midi. J'étirai mes muscles endoloris et rangeai la table. Mes yeux me brûlaient d'avoir tant lu mais la lecture était vraiment une drogue pour moi - seules la faim et la fatigue arrivaient à me faire sortir de mon état de transe.

J'avais très faim et pour couronner le tout, un torticolis menaçait de venir gâcher le plaisir de cette demi-journée.

Je tenais mes livres tout contre moi quand sans regarder où je me dirigeai, l'esprit encore plongé dans les légendes que je venais de dévorer, je heurtai une chaise "parlante".

Sous le choc, mon chargement s'éparpilla.

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Je n'eus pas le temps de m'écarter de la jeune fille qui me heurtait et ses livres me tombèrent dessus, cognant mes côtes et s'écrasant sur mes cuisses.

- Aïe, faites attention !

Mon cœur s'était mis à battre fort, apeuré par la sortie brutale de mes pensées. Je tentai de retenir certains ouvrages avant qu'ils ne tombent. Je relevai la tête, choquée. Et... Ce que je vis m'étonna au plus haut point.
Des cheveux d'un blond pur, une attitude altière, des yeux perçants... Ce ne pouvait être qu'une Death ! Combien de sœurs Angelus avait-il ?

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― Aïe, faites attention ! s’offusqua une voix féminine.

Quel toupet, pensai-je en baissant le regard vers une jeune fille que je n'avais pas encore eu le loisirs de croiser. Je m'en rappellerais avec une si singulière couleur d'yeux. Je la jalouserais "presque" si je n'étais pas si préoccupée par cet incident et si je n'étais pas moi-même pourvue d'un regard hypnotique.

― Ce serait plutôt à vous de ne pas vous tenir sur le chemin des autres, m'énervai-je à mon tour. Et qu'avez-vous à me regarder de la sorte ? Ne vous a-t-on jamais appris qu'il était grossier de fixer les gens ainsi ?

Décidément, ce château ne renfermait que des malotrus peu enclin aux règles de savoir-vivre les plus élémentaires. Entre mon altercation de ce matin en cuisines et là, j'étais gâtée ! Je m'accroupis, ramassant les livres tombés au sol. J’espérais sincèrement pour elle, que cet collision n'avait pas endommagé mes précieux livres.

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Je haussai les sourcils, n'acceptant pas le ton que la jeune fille employait. "Ma parole, ils sont tous ainsi dans cette famille ! "

La jeune fille me regardait de haut, avec un air prétention et mauvais. Elle était d'une beauté glaciale - et ressemblait à Angelus en ce point - mais elle n'avait pas du tout l'air sympathique. Elle s'agenouilla pour ramasser ses livres d'un air condescendant tandis que ses paroles résonnaient à mes oreilles : "Ce serait plutôt à vous de ne pas vous tenir sur le chemin des autres..."

Elle était à mes pieds, rassemblant les ouvrages éparpillés par terre, ses longs cheveux se balançant au gré de ses mouvements. Si je me levais, n'était-ce pas elle qui se trouvait sur mon chemin ?
Je fis alors quelque chose qui ne me ressemblait pas mais qui me vint spontanément à l'esprit : je fis basculer sur la demoiselle les livres qui étaient tombés sur mes genoux.
- Woops, excusez-moi, feignis-je, je voulais vous aider à ramasser les livres et voilà que ceux ci tombent à leur tour.
Je me composai un air sincèrement désolé et embarrassé, tout en riant intérieurement.

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Je ramassai les livres, accroupie aux pieds de l'offensante quand quelque chose me tomba sur le dos avant de rejoindre les livres déjà au sol. Elle avait osé ! Avant que je n'ai le temps d’émettre un son, sa voix s'exclama:

― Woops, excusez-moi, je voulais vous aider à ramasser les livres et voilà que ceux ci tombent à leur tour.

Devant l'audace de la demoiselle, j'en perdis ma voix. Jamais encore l'on ne m'avait traité avec si peu de respect. Même le "groom" n'avait pas eu cette insolence - son geste avec ma valise n'était certes pas oublié, mais il ne répondait qu'à une de mes nombreuses "humeurs" - elle par contre ... Je me relevai, mon chargement complet à nouveaux dans les bras et fixai les yeux violets sans ciller :

― Si je n'aimais et ne respectais pas autant les livres, il y a bien longtemps que je vous les aurais renvoyé en pleine figure, lui précisai-je tout sourire - aussi hypocrite que ses excuses - et ayez au moins la prétention d'assumer vos actes, vous n'en gagnerez que plus vite mon respect.

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Je soutins son regard - c'était ses prunelles contre les miennes - mais cette fois ci, je ne souriais plus. Cette fille ne comprenait décidément rien et était d'une mauvaise foi à faire pleurer un éléphant.

- Si votre respect, mademoiselle Death, consiste à traiter les autres avec supériorité, alors je m'en passe volontiers.

Je ramassais un des livres que je lui flanquai dans les bras.

- Vous allez vite apprendre ici que si vous voulez le respect des autres, il va falloir faire un gros effort d'altruisme. J'étais là avant et c'était à vous de faire attention où vous mettiez les pieds.

Mon ton était sec mais posé. Elle ne me faisait pas peur - des égocentriques pourris-gâtés, j'en avais déjà rencontré et ce n'était pas la sœur d'Angelus qui allait me marcher sur les pieds.

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Je souris intérieurement en la voyant soutenir mon regard avec une flamme de défi dans les yeux. J'aimais les gens qui se montraient aussi surs d'eux, qui me tenaient tête. Même s'ils finissaient tous par flancher un jour ou l'autre. Ils étaient un temps, des divertissements non négligeables, plus stimulants que ceux qui se laissaient faire sans résister ...

― Si votre respect, mademoiselle Death, consiste à traiter les autres avec supériorité, alors je m'en passe volontiers, me lança-t-elle en glissant un autre de mes livres sur la pile que je tenais déjà avant de poursuivre :

"Vous allez vite apprendre ici que si vous voulez le respect des autres, il va falloir faire un gros effort d'altruisme. J'étais là avant et c'était à vous de faire attention où vous mettiez les pieds".

― Comment diable savez-vous mon nom alors que je ne rappelle pas vous l'avoir donné ? Vous seriez-vous intéressée à ma personne ou alors est-ce par des moyens détournés que vous avez eu cette information ? la questionnai-je, la surprise teintant mes traits avec que je me ressaisisse, arborant de nouveau ce masque hautain qui me seyait tant.

Je songeais immédiatement à Angélus. Lui seul avait pu la mettre en garde contre moi. Ce pouvait-il que ce soit elle la personne qu'il fixait avec ce regard rêveur au réfectoire ? Si c'était le cas, je devais œuvrer plus souplement avec elle et éventuellement me servir d'elle pour atteindre plus facilement celui qui était responsable de ma venue ici.

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Une lueur fugace traversa les yeux de la jeune fille - elle semblait perdre contenance.

- Comment diable savez-vous mon nom alors que je ne rappelle pas vous l'avoir donné ? s’inquiéta-t-elle. Vous seriez-vous intéressée à ma personne ou alors est-ce par des moyens détournés que vous avez eu cette information ?

Je lui lançais un large sourire avant de lui dire :
- Oh, rassurez-vous, votre petite personne ne m'intéresse pas plus que cela. A vrai dire, c'est la première fois que je vous vois...

Je marquai un temps de pause, rajustant ma robe autour de mes jambes avant d'ajouter :
- Vous ressemblez à votre frère... Je ne sais pas si c'est un compliment pour vous, parce que, personnellement, j'ai un peu de mal avec lui... Seulement, vous avez mes mêmes traits, les mêmes cheveux, la même attitude.

Oh que oui, la jeune fille et Angelus se ressemblaient aussi bien sur le plan physique que sur le plan comportemental.

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― Oh, rassurez-vous, votre petite personne ne m'intéresse pas plus que cela. A vrai dire, c'est la première fois que je vous vois, me répondit-elle avec un large sourire aussi hypocrite que le précédent.

Petite ? Alors que je la dépassais de presque une tête ! J'allais riposter quand la suite de ses paroles me donnèrent à réfléchir :

― Vous ressemblez à votre frère...

Angélus ? Mais qu'avait-il à voir là-dedans ?

"Je ne sais pas si c'est un compliment pour vous, parce que, personnellement, j'ai un peu de mal avec lui... "

Tiens, tiens ... Intéressant ! Me serais-je trompée à ce point ? Surprenant !

"Seulement, vous avez mes mêmes traits, les mêmes cheveux, la même attitude".

Il est vrai que nous avions un physique très approchant. Mais là s’arrêtait la ressemblance ! En aucun cas mon frère et moi n'étions pareils ! Des jumeaux aussi disparates que le jour et la nuit ...

Je me mis à sourire en envisageant l'atout que je pouvais faire de cette jeune demoiselle tout bonnement tombée entre mes mains "malhabiles". Je ne pris pas plus que quelques secondes avant de voir se dessiner le plan qui m'amena un sourire victorieux sur le visage. Je reposai mon fardeau sur la table et offrit ma main à la jeune femme qui serait bien malgré elle ma nouvelle meilleure amie. A condition qu'elle accepte mes "excuses" bien sur !

― Je vois que vous avez déjà eu à faire avec mon idiot de frère. Ne vous formalisez pas pour lui, il n'en vaut pas la peine ... Ne pensez pas qu'un Death cache un autre Death car vous risqueriez d’être déçue. Permettez-moi, de vous le prouver en me présentant dans les règles. Olympia Death, Mademoiselle ... ? annonçai-je, en lui tendant la main, espérant qu'elle daigne me répondre.

Avais-je eu tort de m'abaisser de la sorte ? Il valait mieux, pour la suite de son séjour en ces murs, que non !

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Mes paroles semblèrent avoir un effet sur la jeune fille qui changea d'attitude. Un nouvel éclat passa furtivement dans ses yeux suivit, quelques secondes plus tard, d'un sourire éclatant. Je fronçais les sourcils, ne voyant pas quelle pouvait être la cause de ce revirement.

- Je vois que vous avez déjà eu à faire avec mon idiot de frère, déclara-t-elle enfin. Ne vous formalisez pas pour lui, il n'en vaut pas la peine ... Ne pensez pas qu'un Death cache un autre Death car vous risqueriez d’être déçue. Permettez-moi, de vous le prouver en me présentant dans les règles. Olympia Death, Mademoiselle ... ?

Elle me tendit une main ferme et énergique, attendant la mienne. J'hésitai puis la lui serrai. Son attitude m'échappait complètement, mais je n'oubliais pas le mépris avec lequel elle m'avait traité quelques minutes auparavant.

- Wynn Faolan.
J'étais pour ma part décontenancée d'apprendre la rivalité entre Angelus et Olympia, sa sœur. Mais, au final, entre deux fortes têtes, peut être ne peut-on arriver qu'à une opposition... Il me restait à savoir lequel d'entre les deux était le plus fréquentable...

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― Wynn Faolan ... répétai-je songeuse.

Quel affreux nom !

Elle avait au moins le mérite d'avoir de jolis yeux pour compenser ...

"Je peux vous demandez, si ce n'est pas trop indiscret, ce que mon frère a bien pu vous faire pour vous mettre de si méchante humeur ?" demandai-je, faignant une curiosité que j'étais loin d'éprouver, en prenant place sur une chaise.

Je n'étais nullement intéressée par sa réponse à vrai dire. Je voulais juste amadouer cette Wynn en me montrant sous mon meilleur jour. Tout le contraire d'Angelus ...

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Olympia semblait avoir oublier que nous nous disputions car elle parut curieuse de ce qu'il s'était passé entre moi et son frère. Qu'avais-je à dire ? Il s'était montré désagréable et je n'étais pas du genre à me laisser marcher sur les pieds.

Je ne savais pas comment prendre le comportement d'Olympia, mais je ne pouvais pas m'empêcher de me méfier. Je voyais aussi l'heure tourner et j'aurais bien voulu continuer mes recherches sur la magie. D'un geste discret, je refermai mon bouquin, craignant qu'elle ne voit ce qu'il expliquait et répondit d'un ton un peu sec :

- Il s'est montré aussi méprisant que toi envers moi tout à l'heure, voilà tout.

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Je vis Wynn refermer un des livres qui recouvrait son espace de travail avant qu'elle ne réponde d'un ton qui ne me plaisait pas :

― Il s'est montré aussi méprisant que toi envers moi tout à l'heure, voilà tout.

Si elle voulait tester mes limites , elle allait être servie ...

― Et qui méprise l'autre actuellement ? Je ne suis pas du genre à défendre mon frère mais si c'est ainsi que tu t'es adressé à lui, rien d'étonnant à ce qu'il est été odieux, affirmai-je d'une voix calme et légèrement moqueuse.

Portant mes yeux sur le livre qu'elle tentait vainement de cacher à mes yeux inquisiteurs, je l'interrogeai innocemment :

"Toi aussi tu fais des recherches pour les cours de magie ? Je suis une élève très brillante, je pourrais peut-être t’être utile ... Mais je ne te force pas à accepter une aide aussi malvenue que la mienne, dis-je avant de me reprendre mes livres dans mes bras, m’apprêtant à la quitter.

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Olympia s'était éloignée de quelques pas, ses livres coincés entre sa poitrine et ses bras, mais je la rappelais :

- Excuse-moi, j'ai été brutale, avouai-je avec un geste de la main. Mais je ne comprends pas ton changement de comportement ! Tu me fonces dedans, me parles mal, puis me traites en amie... C'est seulement... déroutant...

Pourquoi fallait-il que tout soit compliqué avec les Death ? Ils semblaient tous démarrer au quart de tour sans se remettre en question... L'année promettait d'être riche en prise de tête ! Heureusement que tout le monde n'était pas ainsi et qu'il y avait des filles comme Cléophée et Kamelina.