Le chocolat dans tous ses états ...

Au lendemain de ma lamentable tentative de réconciliation avec Morgan, j'étais animé d'une certitude :
Je devrais user de charmes et de ruses pour parvenir à mes fins.

S'il ne comprenait pas les mots, ni les cadeaux et encore moins les baisers - croyait-il que j'embrassais tous les garçons que je croisais en ces murs ? - je devais procéder plus subtilement. Le toucher par des attentions qui, je l'espérais, lui ouvriraient enfin les yeux sur moi, mes intentions ...

Il m'avait avoué aimer le chocolat et je comptais bien en faire une arme. J'avais déjà en tête diverses tactiques.

Je sortis de ma chambre et déterminé à ne plus échouer, longeai le couloir en direction des escaliers ....

Phase une, amorcée.

Je rentrai tout juste de ma première mission "séduction".

En quittant ma chambre tout à l'heure, je m"étais dirigé vers les cuisines. J'y avais abordé le maitre des lieux, Jole, et lui avait poliment demandé s'il était possible de déguster une tasse de chocolat. chaud. Le cuisinier légèrement surpris ne m'avait toutefois pas interrogé plus avant et m'avait généreusement rempli une tasse du liquide fumant et très odorant.

Après l'avoir remercié chaleureusement, obligé que j'étais d’être poli car je comptais revenir très souvent, j'étais remonté dans ma chambre pour transvaser le contenu de la tasse dans le thermos individuel que Mère m'avait donné avant mon départ du manoir.

― Je l'ai rempli de bon cacao "maison", m'avait-elle dit. La maison t'accompagnera un peu sur le chemin de Brocéliande.

J'eus presque honte de ne pas avoir eu de pensées pour Mère depuis plusieurs jours. Mais il est vrai que j'avais eu l'esprit occupé à ne pas penser ou à trop penser ...

Je sortis à nouveau de ma chambre tout en inspectant le couloir. Je ne désirais pas être surpris dans l’exercice de ma mission. Assuré d’être seul, je déposai discrètement le thermos devant la porte de la chambre 456, avant de me diriger à nouveau vers les escaliers.

J'espérais que les autres pensionnaires n'avaient pas tout mangé les pâtisseries du petit-déjeuner car je me sentais d'humeur à avaler un boeuf.

J'avais passé la journée effondré; n'écoutant que d'une oreille distraite les cours prodigués par les professeurs. Même le cours le plus facile, celui du professeur suédois avait semblé long et ennuyant alors que c"était celui que je préférais de tous.

Il fallait que je me fasse à l'idée que Morgan et moi c'était fini. Pour le peu que notre histoire ait déjà eu un jour de vie ! Pour ajouter une couche à ma déprime, Oly ― surnom dont j'affublais ma sœur lors de notre enfance, cette bien lointaine époque ... ― n'avait pas mieux trouvé que de me donner une lettre provenant de Camélia.

Je l'avais laissée dans mon livre d''herbologie, cachée, hors de ma vue, incapable que j'étais de lire le contenu. qui ne m’était plus destiné. Malgré mes soucis actuels, je savais que je ne pourrais plus revenir en arrière. Pas après lui ...

Jour quatre !

Je ne supportais plus de devoir attendre que l'échéance prenne fin. Le problème que je devais régler étant de l'histoire ancienne, je pouvais anticiper mes retrouvailles avec Morgan.

Pouvais-je aller frapper à sa porte, de si bon matin, au risque de tomber nez à nez sur son camarade Haiko? Devoir par la sorte expliquer ma présence si matinale ... Ne devais-je pas plutôt attendre. Insurmontable attente qui me rendait fou. J'aviserai si je le voyais au refectoire tout à l'heure.

Je sortis de ma chambre en tenue de sport. J'avais besoin de m'évader. M'éloigner pour tenir et ne pas succomber à la tentation Morgan.

» Le chocolat
» Crackers et chocolat chaud
» Rencontres dans le labyrinthe
» Rencontres dans le foyer
» Les inconnus dans la maison