Petite collation

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Ayant laissé Kamelina devant le château, je ressentis le besoin d'aller grignoter malgré le fait que l'après-midi soit bien entamée. Je montai directement aux cuisines, sans croiser personne en chemin.

C'est ainsi que j'arrivais à la bonne heure pour m'incruster en cuisine : le nettoyage du service du midi était fini, et le cuistot prenait sa pause avant de préparer le repas du soir.

― Bonjour ! Excusez moi, j'ai un peu faim, j'aurais aimé savoir si vous auriez quelque chose à grignoter s'il vous plaît.

― Bien sur ma p'tite, Qu'es' tu veux grailler ?

― Oh, des fruits ou des crudités feront l'affaire...

― Ah. J'aurais dû m'en douter... Tiens, la jeune, choppe ça ! me fit le cuisinier en m'envoyant une clémentine.

Ledit cuisinier était un semi-homme fort jovial, avec lequel je pris grand plaisir à discuter et plaisanter sous le regard courroucé du fond de la salle d'une autre halfeline ― son épouse ? sa petite amie ? ― occupée à remettre le couvert pour le service du soir.

Après une demi-heure, nous entendîmes quelqu'un frapper à la porte.

N.B. : Pour moi, semi-homme = halfelin = hobbit, etc. Juste pour que vous puissiez imaginer le personnage sauce "Merry et Pippin" du Seigneur des Anneaux =)

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Je n’avais jamais songé qu’un métier autre que danseuse pourrait un jour me plaire mais, force était de constater, j’adorais me mettre derrière les fourneaux et jouer les architectes de la gastronomie — je ne faisais pas que préparer à manger les professeurs et les autres membres du personnel, je devais chaque jour concocter un menu différent, complet, équilibré, savoureux et ― défi personnel ― coloré et esthétique !

Je travaillais à côté ― plutôt qu’aux côtés ― des époux Hubbarb, des hafelins qui régnaient sur les cuisines. De nature gaie et enjouée, l’homme avait de suite désiré me mettre à l’aise, m’encourageant à consulter les livres de recettes rangés sur une des étagères du fond ― des livres de recettes ‘exotiques’ pour ne pas dire… ‘magique’ ? Certains des ingrédients me faisaient penser à ceux de potions : entre bavette de tricorne et œufs de draguenin, j’étais servie !

Jole ― le hafelin chef ― toutefois, m’incitait à faire des expériences mais j’hésitais encore : j’étais relativement nouvelle et je préférais d’abord maîtriser les recettes avec lesquelles j’étais plus familière !

Millie ― sa femme ― elle, ne paraissait pas beaucoup m’apprécier : l’air renfrogné, elle m’observait d’un regard noir, très noir. Etait-ce parce que son époux l’avait accidentellement appelée par mon prénom ? Il s’était légèrement emmêlé entre « Millie » et « Mila », et Millie l’avait très mal pris ! Pourtant, elle n’avait rien à craindre ― je n’éprouvais ni désir ni attirance pour Jole, et cela ne changerait pas !

Par respect, toutefois, et afin qu’elle ne pensât pas que j’essayais également de voler ses cuisines, j’avais pris l’habitude de frapper à la porte. C’était idiot, mais je préférais faire ce petit geste si cela pouvait aider à la calmer !

Je poussai le battant et pénétrai dans les cuisines à proprement dites. Millie était en train de sécher les assiettes mais ne semblait pas réellement à son affaire, arborant l’air renfrogné que je lui connaissais ― qu’elle me réservait. Je suivis son regard meurtrier et découvris, de l’autre côté de la pièce, attablée près de Jole, une jeune demoiselle…

…verte.

Verte comme la mousse des arbres, ses longs cheveux tels de fines lianes s’entrelaçant.

Je l’admets, j’eus une seconde de choc avant de m’en remettre ― j’avais encore de la peine à réaliser que les sorciers, les elfes, les halfelins et même les… créatures vertes ― à défaut de nom ― existait réellement.

Je respirai profondément et, sourire aux lèvres, m’avançai calmement.

― Jole… mademoiselle…, fis-je alors que je les dépassai, évitant, naturellement, de dévisager la jeune fille.

― Ça va, Mila ? demanda l’halfelin avec une œillade badine que je lui rendis.

― Parfaitement ! répondis-je en m’emparant d’une théière rangée parmi d’autres sur bahut.

― Fais-nous donc du thé à nous aussi ! réclama-t-il.

― Après, dis-je. Merlin d’abord…

Le mage n’avait pas demandé de thé mais Bobby m’avait dit qu’il appréciait ce breuvage alors j’avais décidé de passer au rez-de-chaussée avec une tasse pour tous…

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Une humaine entra donc dans la cuisine. Très jolie selon leurs standards ne puis-je m'empêcher de remarquer. Et d'ailleurs, elle eut une assez étrange façon de me saluer, en m'appelant "jolie demoiselle" ...

Je mis dix secondes à décoder le « Jole... mademoiselle... ».

La fille ― apparemment nommée Mila ― se mit directement à la tâche pour préparer du thé pour Merlin. Visiblement commis de cuisine, je ne pus m'empêcher de remarquer le regard assassin de Mrs. Hubbarb en sa direction... pas commode la Millie. M'était avis qu'elle avait déjà dû en refroidir plus d'une dans leur jeunesse.

Alors que Mila commençais à faire chauffer l'eau, finissant ma cinquième clémentine, je m'approchais vers elle lui tendis la joue.

― Songe, enchantée... Mila, c'est cela ? Vous travaillez ici comme assistante ?

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Surprise !

A peine m'étais-je retournée que je faillis me heurter à la demoiselle dont la carnation rappelait celles des feuilles fraîchement écloses ! Elle s'était rapprochée et, allumant le feu pour le thé, je ne l'avais pas aperçue arriver !

― Songe, enchantée, fit-elle en me tendant la joue ― joue que j'embrassai par réflexe, aussitôt enveloppée par un doux parfum de fleurs et de chlorophyle.

« Mila, c'est cela ? enchaîna la demoiselle sans paraître respirer. Vous travaillez ici comme assistante ? »

Je hochai la tête, amusée par ce débordement d'amicalité et de curiosité :

― C'est cela, fis-je. Mila Spark. Et je...

J'hésitai un instant, revenant vers le bahut où se trouvaient les boîtes de thé : qu'étais-je exactement ? Chef assistante ? Non ! Je ne travaillais pas vraiment sous les ordres de Jole ! Toutefois, je me demandais si je pouvais me prétendre cuisinière alors que je n'avais pas fait d'études...

« Je prépare les repas des professeurs, finis-je par dire en m'emparent d'un mélange de thé vert et noir. Je m'occupe de leur bien-être culinaire ! »

A l'autre bout de la pièce, une assiette se brisa par terre ― à l'évidence, mes propos de plaisaient toujours pas à Millie.

― Ça va, mon haricot ? demanda Jole à sa femme.

― Parfaitement ! gromela celle-ci, reprenant mes propres termes : apparemment, ce ne devait pas être le cas...

― Prends plutôt un thé aux fleurs d'oranger, me lança l'halfelin en se levant. Les théières sont à double fonds et je crois vraiment qu'un thé nous ferait du bien à tous...

Et alors qu'il allait réconforter Millie, je me trouvais avec une question idiote : que signifiait donc une théière à double fonds...?

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Chemin faisant, lors de la petite discussion, j'en profitais pour examiner ce qui se trouvait dans le coin. De nombreux parfums de thé étaient disponibles, mais pas un à la réglisse ... c'était tellement bon la réglisse. "Malencontreusement", sans "faire exprès", et alors que personne ne regardait, je fis tomber la casserole d'eau chaude sur le sol ...

― Aaaaaaah...

Mimant la brûlure, je jetais un oeil apeuré à l'audience.

« Oh pardon, je suis vraiment désolée. Laissez moi réparer tout ça. Vous savez, je suis excellente pour les infusions. »

Je repris la casserole, la remplissant d'eau, et la remettant sur le feu, me tournais avec un sourire innocent vers les personnes en présence.

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Je tressaillis en entendant la casserole tomber, mon cœur s’affolant une brève seconde.

— Attention, dis-je —trop tard, évidemment.

D’ailleurs, Songe s’excusait déjà :

— Oh, pardon ! fit-elle gaiment. Laissez-moi réparer tout ça !

Elle s’empara de la casserole et la remplit tandis que je cherchais une serpillière.

« Vous savez, je suis excellente pour les infusions, » déclara-t-elle alors ramassais l’eau.

Je levai les yeux un instant vers la demoiselle, laquelle arborait un air trop… sage ?

— Et si tu allais t’asseoir ? demandai-je.

Avant de faire davantage de bêtises — elle me semblait être un aimant à maladresse.

« Que fais-tu ici, d’ailleurs ? Tu cherches quelque chose ? »

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J'ignorais copieusement l'injonction de Mila, et commençais déjà à préparer du thé à ma façon : après le té à l'orange, un peu de zeste de citron, du gingembre, une pointe de cannelle ... Les proportions étaient maîtrisées à la perfection depuis l'Irlande, ce thé serait parfait, je ne pouvais faire autrement.

― Que fais-tu ici, d’ailleurs ? Tu cherches quelque chose ? me demanda Mila sur un ton un peu méfiant.

― Oh non, du tout, j'étais venue chercher quelque chose à manger, je mourrais de faim... en même temps, les pommes de terres étaient infâmes ce midi : baignées dans le jus de viande...

* Yurk * ponctuais-je d'une langue tirée.

J'ajoutai avec grande dextérité un soupçon de vanille, qui n'était pas dans mes habitudes, mais un peu de fantaisie était toujours le bienvenu.

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Pourquoi n'étais-je pas étonnée de voir Songe ignorer ma demande et se mettre à préparer le thé à ma place ? Tout sembla y passer : orange, citron, gingembre, canelle... Même de la vanille ! Devais-je me mèfier de ce mélange coloré ou pouvais-je faire confiance à cette créature quasi végétale ?

Je finis par jouer la carte olfactrice : si le breuvage sentait bon, je garderai le thé ; autrement, je ferais moi aussi chauffer de l'eau...

Il s'avéra que la fragrance d'agrumes épicée et sucrée n'était pas mauvaise — au contraire, même ! Songe pourrait peut-être m'apprendre des recettes d'infusions inédites, finalement...

― Je dirai à Merlin que tu as tenu à lui préparer son thé, lui dis-je en m'asseyant à sa place. Ça devrait lui faire plaisir...

J'avais rapidement inspecté le hall mais nulle trace de "la copie". C'est avec un léger agacement que je ne savais à qui l'allouer ― à moi pour mon impolitesse que je n'expliquais pas, à elle pour la façon dont elle m'avait gentiment remis à ma place ou à celle que je jugeai alors que je ne la connaissais pas plus que ça... Décidément depuis que j'avais mis les pieds dans ce château, j'avais des réactions très étranges.

Me pressant à monter les escaliers et débouchant sur le sol du premier étage, je me laissai guider par les odeurs alléchantes qui semblaient provenir d'une des portes closes.

La bienséance prenant le pas cette fois, je frappai trois coups secs sur le bois sculpté.

Je distinguai des voix assourdies par l'épaisseur de la porte. Sans attendre que quelqu'un vienne m'ouvrir, ni m'invite à entrer, je posai la main sur la poignée métallique et poussai le battant.

À peine eus-je franchi le seuil que quatre têtes se tournèrent vers moi, cessant toute activité.

― J'ai frappé mais personne n'est venu ouvrir. Je me suis permis d'entrer, m'excusais-je quelque peu refroidit par l'ambiance glaciale qui régnait malgré les fourneaux actifs.

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A peine avais-je achevé ma phrase que la porte s'ouvrit sans prévenir et un jeune homme aux cheveux de neige pénétra dans la pièce. De suite, les époux Hubbarb arrêtèrent de se chamailler et, alors que l'arrivant s'excusait d'être entré, Jole l'accueillit avec sa gaité habituelle :

― C'est pour grapiller quelque chose à manger, mon gars ? questionna-t-il. Va voir Mila, elle se fera un plaisir de te servir !

Oï ! Jole exagérait, là ! J'avais un thé à offrir à Merlin, moi ! Mais Songe était encore à sa préparation et j'avais bien cinq minutes à lui accorder ; aussi, je me levai et m'adressai au garçon :

― Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

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Alors que je commençais à verser l'eau chaude dans la théière, un garçon fit irruption dans la pièce. Je le suivais du coin de l'oeil, et il commença à discuter avec Mila. Finissant soigneusement la préparation, je m'essuyais les mains et allai les rejoindre.

Sans rien dire, j'avançais, coupant la parole en plein milieu de la discussion, pour sauter au cou du jeune humain. Enfin, lui embrasser la joue tout en se tenant dans son espace vital s'entendant. Avec la préparation du thé, je sentais plus que jamais les bons arômes épicés et fruités de la cuisine, qui se mariait correctement avec mon parfum floral naturel. Après réflexion, je me dis qu'il faudrait le baptiser, n°5 sonnait bien.

― Salut ! Songe, enchantée, lui fis-je d'une voix chaleureuse.

― C'est pour grapiller quelque chose à manger, mon gars ? questionna un homme de petite taille - ce devait être le maître des lieux et la femme à ses côtés, son épouse vu la particularité de leur petite taille, pensai-je. Va voir Mila, elle se fera un plaisir de te servir ! me précisa-t-il en désignant le fond de la pièce.

Détournant mon attention du chef, je portai mon regard vers Mila. La jeune femme brune ne semblait pas emballée par la suggestion. C'est sans se presser qu'elle vint me trouver.

― Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

Mes premières pensées ne lui auraient pas plus alors en vins-je à ma réelle présence ici.

― Serait-il possible de...

Je ne finis pas ma phrase, la quatrième présence que j'avais alors occulté me rappela à l'ordre. Des bras encerclèrent mon cou. Des cheveux verts me chatouillèrent le nez. Des lèvres douces me donnèrent un baiser.

― Salut ! Songe, enchantée, me lança-t-elle joyeusement en reposant les pieds au sol.

Je restai là, abasourdi par sa spontanéité. Je mis quelques secondes avant de retrouver mes esprits. Elle avait laissé derrière elle des effluves de vanille qui me tournaient les sens. Mais dans quelle maison de fous avais-je atterri ? Agressé de tous côtés j'avais été toute la journée - par des filles, des bruits, des paroles et pour finir, un être aux différentes nuances de vert, très odorant, que je classai dans la famille des lutins.

― Je suis Angelus et j'aurais aimé manger quelques biscuits, expliquais-je à Mila tout en gardant un œil suspicieux sur la spontanée Songe, laquelle ne semblait pas mesurer ma gêne et ma contrariété.

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Autant Songe débordait d'exubérance, pétillante de vie, autant le jeune homme me paraissait sombre et glacial. C'était le genre d'homme que j'avais systématiquement évité de croiser au bar, mal à l'aise face à la négativité de leur aura. Ironie du sort : même au château, je les retrouvais !

Je m'efforçai, toutefois, de l'accueillir avec chaleur.

― Enchantée, Angelus, moi, c'est Mila, commençai-je doucement. Assis-toi, je t'en prie, je vais te chercher ça...

Je me retournais lorsque je vis la casserole encore sur le feu.

« Fais attention, Songe, ton eau boue, » rappelai-je la demoiselle avant de me diriger vers le bahut : à côté des boîtes à thé se trouvait celle des biscuits ! J'en avait fait hier, après que Bobby m'eût dit que ça lui manquait, et il en restait encore.

Je sortis une assiette, la remplis de cookies aux pépites de chocolat et d'autres au beurre de cacahuète.

« Est-ce que ça ira ? » demandai-je en revenant vers le jeune homme. "Un ami à moi m'a dit que c'était meilleur avec un verre de lait ― en veux-tu un ?"

― Enchantée, Angelus, moi, c'est Mila. Assis-toi, je t'en prie, je vais te chercher ça...

Malgré le sourire qu'elle affichait, je sentais que ma demande ne lui plaisait pas plus que ça. Qu'était-elle au juste pour cette cuisine ? Une commis assez mignonne, je devais bien me l'avouer sans pour autant fixer sur son physique, qui ne servait qu'à exécuter les ordres du chef ? De toute manière, ma présence ici était exceptionnelle. Je doutais sincèrement que nos chemins se croisent à nouveau.

Je ne m'assis pas comme elle me l'avait proposé. L'atmosphère qui régnait dans la pièce ne me plaisait pas. Derrière moi, les voix du vieux couple commençaient à monter vers le ton de la dispute. Songe que j'épiais, mine de rien du coin de l'oeil, exécuta l'ordre donné par Mila. Cette dernière s'activa quelques instants avant de revenir vers moi, une assiette à la main.

« Est-ce que ça ira ? me demanda-t-elle. Un ami à moi m'a dit que c'était meilleur avec un verre de lait ― en veux-tu un ? »

Un ami ? Je l'enviai. Je n'avais pas d'ami. Je n'avais jamais avant aujourd'hui côtoyé d'établissement scolaire. Je n'avais passé ma vie qu'après de mes précepteurs, qui défilaient plus nombreux à mesure que mes sautes d'humeur les effrayaient, et de ma jumelle de sœur. Le mot amitié était un mot dénué de sens pour moi, habitué que j'étais à vivre en reclus des autres. Seule Camélia avait réussi à percer ma carapace. Seule elle avait compris que malgré mon apparence froide et antipathique, un coeur battait là quelque part ...

― Du lait ? répétais-je sottement. Non merci ! Les biscuits suffiront. Merci mademoiselle, la remerciai-je en saisissant l'assiette tendue.

Après un signe de tête, je me retournai prêt à regagner la porte.

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Je retournai à mon thé lorsque Mila me le demanda, tout en suivant du coin de l'oeil ce qu'il se passait du côté de la porte.

Après quelques échanges de mots assez froids, il sembla sur le point de repartir...

...au moment exact où je finissai mon thé. Il était temps de continuer le jeu.

Je revins subitement vers le jeune homme et attrapais sa main sur la poignée.

― Attends donc, reste prendre une tasse de thé ! Tu verras, il est E-X-C-E-L-L-E-N-T, le meilleur au monde.

Profitant de la stupéfaction, je commençai à le tirer dans la pièce. Il y avait moyen de bien s'amuser...

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Apparemment, la modestie ne faisait pas partie des qualités de Songe mais, sourire aux lèvres, je m'en étonnais à peine ! Et tandis que la demoiselle essayait de convaincre le jeune homme de revenir, je cherchai tasse et sous-tasses que je déposai sur un plateau avant de revenir avec la théière.

Servant le thé, je compris tout à coup ce qu'était une théière à double-fond ― magique, elle se remplissait de thé à chaque fois que j'en versais !

Pratique, songeai-je.

― Attends donc, reste prendre une tasse de thé ! Tu verras, il est E-X-C-E-L-L-E-N-T, le meilleur au monde, s'écria Songe alors que je posai la main sur la poignée prêt à quitter la pièce surchauffée.

Elle n'attendit pas que je réponde ― ce qui ne m'étonna guère venant du petit être qui m'avait sauté au cou, comme si nous étions amis de longue date ― et tira sur ma manche de chemise, au risque de la déchirer, me forçant à rebrousser chemin vers la table.

Mais que pouvait-elle faire contre moi. Elle mesurait au moins vingt centimètres de moins que moi et devait peser au bas mot dans les trente kilos toute mouillée. Comprenant que la force ne servirait à rien avec Songe, je la ramenai plus brusquement que prevu vers moi et me penchai vers son oreille.

― C'est avec regrets que je me dois de décliner ton offre généreuse Songe, je suis allergique à la vanille et je suppose que tu ne voudrais pas me voir de méchante humeur n'est-ce pas ? Mais ce n'est que partie remise ...

Sans attendre sa réponse, je me redressai et sorti sans un regard en arrière.

C'est avec une légère déception que je note que ces dames n'ont pas d'humour. Auriez-vous préféré que je pense que Songe pesait cent kilos ? Un petit être aussi mignon qu'elle ne peut pas peser lourd. Surtout si elle ne se nourrit que de fruits, légumes et autres racines.
Veuillez excuser mon ignorance, en espérant ne pas reproduire pareille sottise.

Ces demoiselles ont un humour "difficile" à cerner.
J'ai procédé aux changements nécessaires tout en gardant les "trente kilos toute mouillée" qui semblaient plaire à Mademoiselle Songe ^^

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40 centimètres ? Angelus mesure plus de deux mètres ? ^^ Songe est de taille humaine, allez, disons ... 1.65 ; ) (Si Angelus est en effet vraiment très grand,autant pour moi)

Violemment rejetée par ce nouveau venu, je restais debout, silencieuse deux secondes après qu'il eut fermé la porte. Il était rare que les humains soient si froids avec les nymphes, même pas entre eux ...quoi que.

― Quel tocard, sifflais-je, avant de reprendre mes activités.

― Qu'est ce qu'il y a au menu ce soir ?

― Pot-au-feu, répondit le cuisinier, un peu surpris par ce soudain changement d'humeur.

― Ah, pot-au-feu, génial ! Hein ? Quoi ? Vous êtes malades, c'est très mauvais, c'est un crime contre la Nature !

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Songe fait trente kilos ? Anorexique ! Je la voyais plutôt pulpeuse, vu sa nature généreuse et pétillante ! Mais même si elle est mince et toute svelte, elle doit faire entre quarante et cinquante kilos ! Skorm, à ton avis...?

Surprise par l'éclat de Songe, je tressaillis, manquant la tasse que je remplissais et versant du thé à côté. Rejetée par le garçon aux cheveux de neige, elle avait tout à coup changé d'attitude, certainement vexée et dépitée.

Je déposai ma théière, épongeai rapidement les dégâts à l'aide d'un torchon, puis m'approchai de la nymphe aux couleurs de la forêt, laquelle s'en prenait à Jole et son pot-au-feu.

― Hey, fis-je avec douceur en effleurant son bras.

Sa peau était telle les feuilles en été, verte et lisse, aussi douce que la mousse.

"Est-ce que ça va, Songe ?" demandai-je, espérant tempérer Sa colère.

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Alors, je rêverai de dire 1m75 pour 52kg, 85-62-82 ... mais ça, c'est dans la catégorie mannequin ; )
Oui, bien sûr le poids augmente proportionnellement à la taille, logique. Cela dit, pas la peine de modifier, j'aime bien l'expression "30 kg toute mouillée".

― Cannibalisme... irrespect... nature...

Je m'arrêtai de protester lorsque Mila vint près de moi.

― Est-ce que ça va, Songe ?

Je soufflai un peu. Sans doute croyait-elle que je restais vexée par Angelus, mais non, elle ne réalisait pas ce qu'elle faisait en mangeant des autres êtres vivants. En tant qu'âme des arbres, je savais comment faire la différence entre les enfants de la nature, et ses dons...

Peut-être que si en fait, mon ego était peut-être un peu touché.

― Pardon Jole, c'est vrai que ce sont vos coutumes, je devrais les respecter.

Je me tournais vers Mila.

― Oui, ça va merci, je suis fatiguée, je m'emporte trop facilement pour vos habitudes culinaires.

L'art de dissiper les doutes.

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Les demoiselles ont, au contraire, beaucoup d'humour, et c'est bien pour cela que nous avons trouvé le deux mètres d'Angelus et l'anorexie de Songe très amusant ! ^^

Songe se calma presque aussi rapidement qu'elle s'était énervée, présentant ses excuses à Jole.

― Je suis fatiguée, me dit-elle, je m'emporte trop facilement pour vos habitudes culinaires.

Je lui souris.

― Ce n'est pas grave, répondis-je. Quant à notre habitudes alimentaires, elles font partie de ce qui nous définit en tant qu'animal. C'est notre nature : nous sommes autant carnivore qu'herbivore ― un mélange de deux...

J'espère que ces explications lui permettrait de comprendre...

« Et à toi, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? demandai-je. Tu préfères tes aliments crus ou cuits ? »

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― Et à toi, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Tu préfères tes aliments crus ou cuits ?

Quelle question. Même s'ils étaient comestibles, les aliments cuits étaient ... cuits ! Au feu ! J'avais une tête à faire un feu de bois ?

― Tant que possible, crus, pour le goût et la fraîcheur. Je pourrais vous piquer quelques crudités pour ce soir ?

Il est vrai que l'appétit vient en mangeant, je commençais déjà à prévoir plusieurs heures à l'avance mon repas. Une première !

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― Tant que possible, crus, me répondit Songe. Pour le goût et la fraîcheur. Je pourrais vous piquer quelques crudités pour ce soir ?

Je souris :

― Evidemment !

Nous n'allions pas la laisser mourir de faim !

Aussi, je m'excusai un moment, allai chercher dans le garde-manger de quoi la ravitailler. Cherchant rapidement du côté les légumes, j'en choisis de sortes différentes.

« Est-ce que ça t'ira ? » demandai-je lorsque je revins les bras chargés.

C'était des légumes du potager que Bobby faisait lui-même pousser !

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Carottes, concombres, chou. Tout cela était parfait. J'en ramassais assez pour remplir mes bras.

- "Merci. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Aurevoir ! " fis-je à Jole, excluant volontairement de façon masquée sa petite épouse ...

J'ouvris, non sans difficultés, la lourde porte.

- "A la prochaine Mila !"

Puis j'entamais la remontée vers l'étage des élèves.

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Emotive et démonstrative mais pas méchante, la môme, pensai-je alors que Songe quittait les cuisines.

Je revins vers la table où j'avais laissé mon plateau, m'en emparai : moi aussi je devais y aller ! Laissant trois tasses pour Jole, Millie et moi-même, je me dirigeai vers les escaliers de la tour...