La coupe de cheveux

Morgan avait fini par s'endormir. Sa respiration calme et paisible en témoignait.

Olympia tournait les pages de son livre si silencieusement que je m'étonnais de la découvrir si respectueuse du-dit ouvrage.

Moi, je ne quittai pas le paysage des yeux, guettant impatiemment la prochaine agglomération. Un village même déserté me conviendrait, du moment qu'un salon de coiffure s'y trouvait. Ma prière sembla avoir été entendue car je n'eus pas à attendre bien longtemps avant de voir, au loin, le cloché d'une église. Après m’être précautionneusement détaché des doigts de Morgan, je me penchai vers notre chauffeur et lui précisai ma requête.

— Une course urgente à faire, expliquai-je, à ma sœur qui avait délaissé sa lecture en m'entendant.

Quelques minutes plus tard, la voiture cessait sa course sur la place de l'église. J'ouvris la portière du coté d'Olympia et m’apprêtai à sortir de l'habitacle quand je trouvai utile de lui préciser :

"Si tu t'avises, ne serait-ce que de lui adresser la parole, je te promets que tu n'auras pas assez de Père et Mère pour m’empêcher de faire de ta vie un enfer. J'espère pour toi, que Morgan sera encore endormi quand je reviendrai", murmurai-je, tout bas à son oreille, avant de sortir et de refermer doucement la portière derrière moi.

Je n'étais plus qu'à quelques mètres de mon nouveau moi et j'avais le cœur qui battait la chamade. Je poussai la porte de la boutique, résolu à en ressortir changé, voire métamorphosé et fut agréablement surpris de découvrir que j'étais le seul client. Avec un peu de chance, Morgan ne remarquerait même pas mon absence.

Mes efforts de la matinée m'avaient-il réellement épuisé ?

Il le semblait alors qu'assoupi, je sentis à peine Angel me quittait. J'avais toujours eu le sommeil relativement lourd mais, quelque part, j'arrivais à percevoir sa présence, son absence...

Je ne me réveillai pas, toutefois : peut-être les mots de mon boyfriend avaient-ils encore effets sur moi et mon corps fatigué préférait-il se reposer autant que possible, jusqu'à ce qu'il me sorte de mon somme sans rêves...

Je restai donc assis, les paupières closes, attendant simplement son retour sans même me poser de questions sur la raison de son absence...

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Les mots d’Angelus résonnaient encore à mes oreilles alors qu’il nous avait quittés depuis plusieurs minutes déjà.

Depuis quand avait-il gagné en assurance au point de me faire presque peur ? Je ne pouvais pas nier la menace qui perlait dans sa mise en garde. Sur le moment, j'avais cru entendre Père. Sa force, son énergie, son charisme...

Depuis quand mon frère était-il devenu si catégorique, si assuré ? Depuis quand avait-il gagné en maturité ?

Malgré moi, mon regard dévia sur ma gauche. Vers Morgan qui, les yeux fermés, dormait du sommeil du juste. Me risquerais-je à le réveiller et, par la même, défier mon frère ?

Je soupirai, hésitante.

Depuis quand Angelus me dictait-il la conduite à tenir ?

Je crispai mes doigts sur le livre qui n’avait pas quitté mes mains depuis notre départ de Brocéliande.

Devais-je m’avouer vaincue et accepter ma défaite ?

A la simple idée que Morgan — que j’avais remarqué à l’instant où mes yeux s’étaient posés sur sa silhouette —, était la propriété absolue de mon jumeau, je fus prise d’une nausée. Pourquoi avait-il fallu qu’il le rencontre avant moi ? N’avait-il pas, déjà, une paysanne, qui attendait son retour à Adsav ?

Morgan représentait tout ce que j’appréciais chez la gente masculine. Il était beau, charismatique, magnétique et issu de bonne famille. Nous aurions eu de l’allure ensemble. Nous aurions incarné le couple parfait par excellence. Mes amies en auraient été vertes de jalousie.

Mais mon frère en avait décidé autrement, jetant son dévolu sur le seul garçon digne d’intérêt du château. Morgan. Morgan qui en devenait, par conséquent, tout autant inaccessible…

Maudit sois-tu, Angelus !

Je bouillais, rageais, pestais, n’arrangeant en rien mon état. J’étouffai dans cet habitacle réduit. Je déposai mon livre sur la banquette et sortis prendre l’air. J’avisai la terrasse d’une brasserie non loin de là et m’y dirigeai. Jamais ma démarche ne m’avait parue si peu assurée.

Angelus avait-il tant changé que je m’abaissais soudain à craindre qu’il ne mette ses menaces à exécution ?

Je soupirai, résignée.

Je n'avais plus qu'à espérer que cet entichement ne soit qu'une expérience. Que mon frère reconsidère son attachement pour Morgan...

Je serais alors présente pour réconforter au mieux le jeune homme éconduit. Avec un peu de chance, je n'aurais pas à attendre très longtemps avant d'entendre résonner le glas de la victoire. Le manoir d'Adsav se rapprochait. Avec lui, Père, Mère et la paysanne abandonnée...

Choc !

Je n’avais pas d’autres mots qui me venaient en tête. J’étais choqué ! J’avais beau observer mon reflet dans le miroir du salon de coiffure, je ne reconnaissais pas celui que je dévisageai. Je n'arrêtais pas de passer mes doigts dans ce qui me restaient de cheveux. J’avais du mal à assimiler ce nouveau moi qui me faisait face. Comment réagirait Morgan si je ne dépassais pas le premier choc passé ? Il m’avait dit que je serais toujours aussi beau — et je l’étais… —, mais le penserait-il, toujours, aussi, en découvrant l’ampleur des dégâts ?

La jeune femme qui s’était chargée de moi, m’avait laissé seul, le temps que je prenne mes marques, que je m’habitue à ma nouvelle image. Avait-elle compris l’importance que je changement signifiait pour moi ? Ceux qui m’avaient toujours connu avec les cheveux longs, comprendraient-ils ce subit changement de look ?

Peu m’importait, de toute façon, seule l’opinion de Morgan comptait. Les autres, c’étaient les autres… Seuls nous importions.

Je finis par me lever du fauteuil et réglai ma note avant de sortir dans la rue. Ma nuque dégagée, ressentit le vent léger et je frissonnai, surpris. Il y a de nouvelles sensations que j’allais découvrir à mesure des jours et celle-ci était la première d’une longue liste...

Morgan aimerait-il toujours glisser ses doigts dans mes cheveux maintenant qu’ils étaient devenus si courts, ras par endroits ? Ressentirais-je les mêmes frissons sous ses caresses ?

Je précipitai mon pas vers la voiture, impatient de me montrer à Morgan sous mon nouveau look. Mon cœur battait encore plus fort la chamade, qu’à mon entrée dans le salon de coiffure. J’ouvris doucement la portière, ne désirant pas le réveiller par mes gestes impatients et eus la très agréable surprise de découvrir qu’Olympia avait déserté l’habitacle. Je jetai un regard autour de moi et la vis, à une dizaine de mètres, attablée à la terrasse d’une brasserie. Le ciel ne pouvait pas être plus clément avec moi. Avec nous.

Je pris alors place sur la banquette, me collant à nouveau à mon Morgan endormi. Je glissai ma main dans la sienne et entrelaçai à nouveau nos doigts. Je n’osai pas le réveiller. J’appréhendai sa réaction mais je ne désirais pas trop tarder. Je craignais qu’Olympia ne revienne avant que Morgan n’ait rouvert les yeux et n'ait plus exprimer son ressenti, son avis sur ce nouveau moi.

Boum- boum...

— Chaton...? susurrai-je, au creux de son oreille avant d'y déposer un baiser.

Dès qu'Angel repris sa place à mes côtés, je me pressai contre lui ― était-ce son parfum, sa chaleur, un sixième sens ? Je me sentais connecté à Angel : sa présence était source d'apaisement, le remède à tous mes maux ; avec lui, je me sentais aimé, protégé et dorloté ― je me sentais...

...désiré.

Un sourire affleura mes lèvres alors qu'il m'apostrophait amoureusement :

― Chaton...?

Je ronronnai presque, son baiser électrique m'effleurant l'oreille. Étions-nous arrivés ? Je m'étirai doucement et ouvrai les paupières...

...me noyant dans l'or liquide des prunelles d'Angel ― GOD, ce qu'il était beau ! Une vision angélique qui me ravissait à tous mes réveils et chaque instant que je passais avec lui ! Mon sourire s'élargit.

Il me fallut un moment de plus pour remarquer que mon boyfriend avait une nouvelle coupe ― les longues mèches de soie blanches n'étaient plus, raccourcies à en devenir presque rases par endroit...

...sans réfléchir, je levai la main pour glisser mes doigts sur ses cheveux... Ils étaient toujours aussi doux, toujours aussi satinés, et, à ma grande surprise, tout aussi agréable à caresser ― différemment, certes, mais réellement très plaisant... peut-être même plus !

― Tu es mahgnifique, finis-je par dire, ma voix voilée par le sommeil. Çah fait ressorhtir tes yeux et te donne un airh plus mahture...

...comme s'il avait pris une année ou deux...

Il était sublime ― au point où je ne pourrais pas compter les jalouses qui essaieraient de le séduire dès que j'aurais le dos tourné à notre retour à Brocéliande...

Pointe de jalousie ― pas touche, chasse gardée !

Angel était à moi !

Ce que je pouvais devenir possessif lorsqu'il était question de mon boyfriend...

Je souris, soulagé. Ma nouvelle longueur de cheveux semblait plaire à Morgan.

— C’est le sommeil qui parle, le taquinai-je, toutefois, en fermant les yeux.

J’avais eu le droit à un massage capillaire lorsque la jeune employée m’avait shampouiné mais rien ne valait les caresses que me prodiguaient les doigts de Morgan.

“Si tu continues, je sens que je vais m'endormir”, ajoutai-je, tout bas.

Je me mordis la lèvre, amusé, et me forçai à cesser mes caresses ― si nous étions prêts d'Adsav, ce serait une très mauvaise idée qu'il s'endorme ! A la place, je me penchai légèrement et l'embrassai, chastement, tendrement.

― Je serai sage, promis-je à nouveau. Très sage.

Je me redressai, d'ailleurs, et me blottis tout prêt de lui.

« Sommes-nous presque arrivés ? »

Où était sa sœur, à ce propos ?

« Olympia nous aurait-elle faussé compagnie ? »

Ce qui ne m'aurait pas déplu...

― Je n'ai pas envie que tu sois sage, protestai-je, en serrant Morgan contre moi.

J'étais bien décidé à vivre ces vacances comme nous vivions chaque jour au sein du château. Je n'allais pas changer nos petites manies tout simplement parce que nous serions dans mon foyer, entourés des membres de ma famille.

"Non, nous ne sommes plus très loin d'Adsav. Une demie heure grand maximum...", répondis-je à sa première question.

Je ne devais pas laisser mon angoisse reprendre le dessus. Je devais me montrer fort. Pour Morgan. Pour nous...

"Quand à ma soeur, j'aimerais tant que tu aies raison mais, elle n'est qu'attablée à la terasse d'une brasserie", le détrompai-je avant de déposer un baiser sur le sommet de sa tête.

Je ne comptais pas lui avouer les mots que j'avais prononcé avant de quitter la voiture. Le principal étant que ma soeur les aient suffisamment compris. Au point où elle en avait fui la voiture. Cela avait du bon d'être amoureux. Je devenais ultra protecteur et gare à quiconque oserait contrarier mon mec. Je laissai un sourire animer mon visage. La journée commençait bien. J'espérais juste que ma bonne étoile m'accompagne encore quelques heures. Juste le temps d'annoncer à mes parents que Morgan n'était pas qu'un camarade de chambrée.

Une demi-heure !

Le colibri qui habitait mon cœur commençait déjà à battre nerveusement des ailes ! Nous y étions presque : Adsav nous apparaître d'ici peu et je rencontrerai alors ses parents ― sa mère, son père, qui, si j'avais de la chance, ne seraient que curieux de faire ma connaissance et tâcheraient de savoir si j'étais digne de leur fils ; sans oublier la cuisinière, Lénaïc, à laquelle Angel tenait beaucoup !

« Un dernier baiser, demandai-je en levant la tête. Avant que ta sœur ne revienne... »

Avant que je ne sois contrait d'être, à nouveau, aussi sage que nécessaire pour que ses parents m'acceptent mieux !

Comment résister et ne pas céder à une telle requête ? Je n'osais avouer à Morgan que ma soeur ne se risquerait peut-être pas à revenir dans la voiture sans y avoir été conviée. J'avais du être suffisamment convaincant pour qu'elle préfère tenir une distance plus que raisonnable entre elle et lui. Je n'allais pas m'en plaindre. Son absence me permettant de donner libre cours à ce baiser. Dans d'autres circonstances, je nous aurais allongés sur la banquette mais, je me contentai de notre position, assise, pour donner à Morgan le baiser désiré. Je sentais que notre prochain rapprochement ne se ferait pas avant plusieurs heures donc autant en profiter pendant que nous le pouvions encore...

C'était alchimique ! Dès qu'Angel caressait mes lèvres, il y avait des étincelles, une électricité qui me faisait frémir de plaisir, mon univers qui chavirait ! Je lâchais un faible miaulement de Chaton satisfait, apaisé ― nous n'étions pas qu'assortis de par nos tenues ; nous étions assortis, tout court, nous étions ensemble : ses parents ne pourraient que le voir... comment ne pourraient-ils pas le voir !

― Hâte de les rencontrer..., murmurai-je contre ses lèvres. Hâte qu'ils nous voient, qu'ils comprennent...

J'interdis à mon angoisse de refaire surface. Je n'allais pas flancher si près du but ; à quelques minutes d'être fixé sur mon devenir ; mon avenir avec Morgan... Je devais au contraire, me laisser porter par la foi que semblait avoir Morgan en mes parents, en leur compréhension...

― Toi seul compte, répondis-je, tout simplement.

Et c'était vrai. Peu m'importait la réaction de mes parents. Seul Morgan importait. Le reste n'était que superflu.

L'eau de mes prunelles bleues rencontrèrent la terre d'or des siennes et je m'y perdis, me sentant profondément aimé : ce n'était pas que des mots ; il y avait une promesse derrière, un nous qui ne fonçait pas dans le mur, qui ne se séparerait pas l'année scolaire achevée.

― Je t'aime, répétai-je, me blottissant de nouveau près de lui.

Je comprenais tout à coup une chose que mon cœur avait toujours su, de mon côté : lui seul comptait et j'étais prêt à braver Lord Witherby si je le devais !

Mais j'espérais que ce ne fût pas ce qu'Angel devrait faire avec ses parents ― ou moi avec le notaire : n'était-il pas évident que nous étions fait l'un pour l'autre ?

« Nous sommes ensemble. »

Si seulement Olympia pouvait se presser, que nous puissions nous montrer à ses parents ! L'attente commençait à me rendre nerveusement impatient !

Je n'avais aucun doute sur la question. Depuis que nous sortions ensemble, nous ne nous étions séparés que pour aller à nos cours respectifs.

― Nous sommes ensemble..., répétai-je.

...et nous le resterons. Quelque soit la réaction de mes parents.

"Tu veux sortir te dégourdir les jambes cinq minutes ?" proposai-je.

Non, je ne repoussais pas notre arrivée à Adsav. Je songeais juste à Morgan qui était resté assis depuis près de deux heures. Quelques minutes à prendre l'air ne pouvait que lui faire du bien. Physiquement et psychologiquement. J'en profiterais pour aller chercher ma soeur. Même si j'aurais aimé pouvoir la laisser derrière nous...

Je souris alors qu'Angel répétait mes mots ― c'était ce que nous étions : ensemble, dès que possible, collés-serrés-soudés l'un à l'autre !

― Tu veux sortir te dégourdir les jambes cinq minutes ? me proposa-t-il, prévenant, sachant que j'étais resté un long moment assis.

― Prendre l'air rapidement, répondis-je.

Je ne désirais pas trop retarder notre arrivée à Adsav.

Je glissai à nouveau mes doigts sur ses cheveux courts, appréciant leur nouvelle texture.

« Pour mieux te voir à la lumière du soleil ! »

Magie d'une caresse. Je fermai les yeux alors que Morgan plongeait ses doigts dans ma nouvelle longueur.

― Si tu veux... Tant que tu n'oublies pas que nous sommes en place publique, ajoutai-je, taquin.

Je n'avais pas envie de souffrir de la mauvaise humeur de ma soeur si près d'Adsav. Jusqu'à maintenant, elle avait su se taire et je préférai qu'il en soit ainsi jusqu'à notre arrivée.

Je baissai les yeux.

― Je n'oublierai pas, promis-je.

Je déposai un bref baiser sur ses lèvres avant de m'assagir.

« Deux minutes... »

Je ne désirai réellement pas que nous nous attardâmes trop longtemps...

― Trois même. Je dois aussi aller chercher Olympia, ajoutai-je, avant de me pencher et d'ouvrir la portière du côté de Morgan.

"Si Monsieur, veut bien se donner la peine", l'invitai-je à sortir du véhicule.

Plus vite nous serons arrivés, plus vite nous serons fixés...

Boum-boum

Baiser dans le cou ― pour la route !

― Thank you, le remerciai-je avant de me glissai hors du véhicule.

Angel était un Amour, avec un grand A, et j'adorais toutes les attentions qu'il avait à mon égard !

Dehors, la lumière du soleil était douce et agréable ; la bise soufflait encore, me rafraîchissant davantage qu'escompté ― mais c'était plaisant !

Une fois hors de l'habitacle, j'enserrai Morgan, le ramenai tout contre moi avant de nous appuyer contre la carrosserie.

J'avais quitté Adsav il y a seulement quelques semaines mais, j'avais l'impression d'avoir vécu dix vies depuis...

Je laissais mon doigt caresser les restes d'éraflures qu'il restait encore sur son visage. Je laissais mes yeux caresser ses traits. Je laissais mes lèvres caresser les siennes.

― Je t'aime, Morgan. Quoi qu'il puisse se passer, n'oublie pas que je t'aime, susurrai-je avant de le serrer fort contre moi.

Je m’étais promis de ne pas me laisser dominer par mon angoisse et j'échouais lamentablement. Morgan etait devenu mon monde, ma vie et mon oxygène et je ne concevais pas de devoir m'en séparer.

Mais tout se passerait au mieux. J'angoissais pour rien...

Je laissai Angel me serrer fort contre lui, respirant son parfum d'herbes fraîches et de fleurs mêlées. Je lui avais signifié combien j'aimais cette fragrance ; mais il ignorait comment autant elle m'excitait lorsque je le désirais, autant elle m'apaisait lorsque je me sentais mal...

― And I love you, lui rappelai-je. Quoique pensent de moi tes parents, je t'aime.

Mais...

...ils m'apprécieraient. Ils verraient ― ils verraient combien Angel étaient épanoui avec moi ; combien nous étions faits pour être ensemble !

Je gardais Morgan dans mes bras encore quelques instants avant de nous décoller.

― Je vais chercher Oly. Je suppose que tu ne m'accompagneras pas ? demandai-je toutefois.

Je faisais mine de réfléchir, pour la forme, avant de me prononcer :

― Non ?

Je ne résistai pas et déposer, à nouveau, un bref baiser sur ses lèvres.

« Je te laisse gérer ta sœur... »

― Même pas peur, répondis-je, amusé mais non surpris par la réponse de Morgan.

Je jetai un oeil vers la brasserie. Olympia y était toujours attablée, nous tournant le dos. J'imaginais sa surprise en découvrant ma nouvelle coupe de cheveux.

"Si tu deviens nostalgique de mes longs cheveux, tu auras ceux de ta belle-soeur pour mumuser, lançai-je, en m'éloignant de la voiture, me dirigeant vers ma soeur.

Mieux valait plaisanter pendant que nous le pouvions encore. Même si j'espérais de tout coeur que tout se passe au mieux, et même si tout se passait au mieux, je sentais que la situation serait tendue les premiers instants. Nous ne pourrions réellement décompresser que le soir venu. Une fois que nous nous retrouverions seuls, dans les bras l'un de l'autre.

― Même pas peur ! répliquai-je à mon tour, légèrement piqué, alors que nous savions que je ne l'aurais fait pas même en rêve !

Mais Angel essayait de plaisanter, de nous détendre alors que nous étions stressés, et je rentrai dans son jeu ― j'avais beau répéter et me répéter que ses parents ne pourraient que voir combien nous étions fait l'un pour l'autre, j'avais, quelque part, néanmoins peur du contraire...

Je soupirai intérieurement et rentrai dans la voiture ; c'était la dernière ligne droit.