Malaise étrange

Une fois à l'intérieur de la pièce, après avoir quitté Haiko, je ne perdis pas de temps et aidais Wynn à s'asseoir. Puis je jetais un coup d'oeil dans la pièce, qui était malheureusement vide.

― Il y a quelqu'un ?, appelai-je avant de reporter mon attention vers Wynn, qui pâlissait à vue d'oeil. Ne t'en fais pas Wynn, l'infirmière ne va pas tarder.

Du moins je l'espérais, mais je ne tenais pas en plus à l'angoisser.

Je nettoyai mes outils dans l'appentis de l'infirmerie lorsque j'entendis quelqu'un m'appeler.

- Il y a quelqu'un ?

Je stoppai mon nettoyage et saisis une serviette pour m'essuyer les mains tout en me dirigeant vers mon bureau. J'y découvris une fille aux étranges cheveux bleus - c'était elle qui avait appelé. A côté d'elle, assise sur une chaise, une autre jeune fille, pâle et vraisemblablement inconsciente.

- Bonjour, dis-je en déposant le torchon sur mon bureau.

J'allais à côté de la malade pour lui prendre son pouls. La tension était basse, elle devait être au bord du malaise.

- Que lui est-il arrivé ? demandai-je à la fille aux cheveux bleus.

L'infirmière arriva suite à mon appel, ne perdit pas de temps et s'approcha de Wynn.

― Bonjour. En fait, je ne sais pas trop. On l'a trouvé titubante dans les escaliers alors on l'a aidé à descendre jusqu'ici. Mais elle n'a pas dit un mot.

Mine de rien, j'étais inquiète pour ma camarade. Elle était la première avec qui j'avais réellement discuté, et elle ne m'avait pas jugée, ni rejetée parce que j'étais bizarre.

- Vous l'avez trouvé ainsi, répétai-je.

Cela pouvait vouloir dire qu'il y avait déjà un moment que la jeune fille était dans cet état. Je fronçais les sourcils. La brunette était manifestement faible et souffrante. Absente mais pas inconsciente...

- M'entendez-vous ? lui demandai-je.

Comme j'avais encore ma main sur son poignet, je sentis un de ses doigts toucher la paume de ma main. Elle m'entendait !

- On va l'allonger, décidai-je. Pouvez-vous m'aider, Mademoiselle ... ?

L'infirmière essaya d'obtenir une réponse orale de Wynn, en vain. Elle se tourna alors vers moi, ayant besoin de mon aide.

― On va l'allonger. Pouvez-vous m'aider, Mademoiselle ... ?
― Cléophée Ravenwood, répondis-je, avant de l'aider à allonger ma camarade sur un des lits de l'infirmerie.

J'étais vraiment inquiète maintenant. Etait-elle simplement très malade... ou était-ce un problème "magique" ?

- Merci, Mademoiselle Ravenwood, fis-je une fois la malade étendue.

Je pris de nouveau son pouls qui me paressait s'être stabilisé. Comme elle était consciente, je pris de nouveau sa main et lui demandai :

- Avez-vous mal quelque part ?

Elle n'avait aucune convulsion, et, même si elle paraissait tendue, son état n'avait rien à voir avec une crise d'angoisse. La jeune fille avait fermé les yeux et ses sourcils froncés les maintenaient clos.

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Ce qui se passait autour de moi dans l'infirmerie me parvenait de loin, les sons étant étouffés par la douleur.
Je sentis qu'on m'allongeait sur le lit d'examen.

- Avez-vous mal quelque part ? me dit l'infirmière à travers un épais brouillard.

Elle me serrait la main et je la bougeais pour lui faire comprendre que, oui, j'avais mal.

Le fait d'être allongée, la tête reposée sur le matelas du lit me faisait du bien. Je me sentais légèrement mieux.

- Tête, articulai-je laborieusement.

Le soulagement m'envahit en entendant la réponse de Wynn. Bien sûr, elle souffrait, mais au moins elle nous entendait et était consciente.
En silence, j'observai l'infirmière et sa patiente tout en surveillant les alentours au cas où un esprit se montrerait. Ce n'était pas le moment pour ça, Wynn était trop mal en point...

Bon, elle est consciente et est capable de répondre.

- Avez-vous pris un cachet ? lui demandai-je.

D'un signe de tête, elle m'avoua que oui. Manifestement, le médicament ne semblait pas suffisant. Le mal qui rongeait la jeune fille n'était pas une simple migraine.

- Avez-vous déjà eu des douleurs similaires ?

Homme à tout faire Messages : 324

Revenant du jardin intérieur, je passais devant l'infirmerie lorsque j'aperçus la chevelure électrique de Cléophée, reconnaissable au premier coup d'oeil. Etait-elle malade ? Je ne pus m'empêcher de m'approcher alors qu'elle n'était qu'une élève parmi tant d'autres, que je ne connaissais pas spécialement...

C'était étonnant le peu d'esprits qu'il y avait. Je m'étais attendue à ce qu'ils soient nombreux à l'infirmerie, mais il n'y en avait en fait qu'un seul, qui semblait plus préoccupé par la santé de Wynn que par autre chose.

Du coin de l'oeil, je captais un mouvement à l'entrée de la pièce, et me tournait vers lui. Bobby Wolfe venait d'entrer, un air inquiet peint sur le visage.

Présumant qu'il ne fallait pas trop discuter près de la malade, je m'en éloignais pour m'approcher de Bobby.

Sorcier Messages : 256 Age : 30

- Avez-vous déjà eu des douleurs similaires ?

Je hochai la tête et posai ma main sur mon ventre. J'avais eu une douleur lorsque j'étais avec Olympia dans le hall des armures. Une douleur qui m'était venue de façon soudaine et intense. A cette pensée, je commençai à paniquer - et si j'étais gravement malade ? L'infirmière ne semblait pas elle même savoir ce que j'avais.

Je fus parcouru de frissons qui me secouèrent tout le corps. Puis je sentis que des larmes affluaient vers mes paupières. Ce n'était pas tant la douleur qui les provoquait que mon angoisse d'être atteinte d'un mal incurrable et inconnu...

Des maux de ventre et de tête... Sans autres symptômes apparents... Je pensai de suite à quelque chose de psychosomatique. Les adolescents ont souvent tendance à exprimer par le corps leurs angoisses. Peut-être que les crises de la jeune fille avaient un lien avec son psychisme ?

Je la sentis se raidir et réagis aussitôt.

- Calme toi, dis-je simplement, il n'y a rien de grave. Est-ce que tu es angoissée en ce moment ?

Je remarquai alors que Mademoiselle Ravenwood s'était quelque peu éclipsée. Je levai la tête pour savoir où elle était et je finis par l'apercevoir... en compagnie de Bobby. Je ne pus m'empêcher de lui adresser un grand sourire avec un signe de la tête.

Cet homme était tout simplement un pur beau gosse !

Je ramenai pourtant mon attention sur la malade qui tentait de hausser les épaules.

- La rentrée s'est-elle bien passée, lui demandai-je.

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Je me raclai la gorge afin de m'éclaircir la voix.

- Non, finis-je par dire. Elle s'est bien passée.

Ce n'était pas tellement vrai - elle avait été quelque peu perturbée par mon problème avec la Magie. J'avais séché pas mal de cours, au final... Mais j'avais réussi à toucher ma Magie et c'était véritablement l'enjeu de ma rentrée : je savais que j'avais un don et que je ne serai pas reniée par ma famille. Tout allait bien, finalement. Hormis ces douleurs intempestives.

Ma tête me faisait de nouveau l'effet d'être un tambour dont elle ne parvenait pas à suivre le rythme. Je gardai aussi mes yeux fermés - la lumière de l'infirmerie m'aveuglait trop...

Homme à tout faire Messages : 324

Je profitai que Cléophée se soit approchée de moi pour la questionner à voix basse :

― Qu'est-ce qu'elle a ?

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle le sache, vu comment Alwena questionnait elle aussi Wynn, mais peut-être pourrait-elle me dire ce qu'il lui était arrivé...

Je jetais un nouveau regard inquiet vers Wynn avant de répondre.

― Je l'ignore. Je l'ai trouvé dans les escaliers, vacillante et souffrant visiblement beaucoup. Mais elle n'a pas dit un mot...

Et j'étais véritablement inquiète... Peut-être devrais-je questionner le fantôme infirmier qui trainait dans les parages...

Il me sembla que la demoiselle avait un nouvel accès de douleur. Autant ne pas attendre plus longtemps et en finir.

Je remontai mes manches et frottai mes mains l'une contre l'autre. Je les posai sur les tempes de Wynn et fit affluer ma Magie. C'était un soin qui demandait beaucoup de concentration mais qui avait le mérite d'être efficace. Un mal de tête, cependant, ne requiert pas trop d'effort.

La première fois que j'avais fais cela, je m'étais évanouie. C'est une expérience étrange que de faire pénétrer sa Magie à l'intérieur d'un autre corps....

Je progressai donc assez rapidement, cherchant la source de la douleur. C'est alors que je me heurtait à quelque chose. Je me concentrai davantage mais ne parvint pas à faire reculer ce qui me bloquait. C'était comme si j'étais contre un mur qui empêchait toute progression.

Wynn se tendit soudainement, gênée par mon insistance.

- Tout va bien, détends toi.

Mais on me résistait. Alors je revins à la charge, plus fermement que la première fois, arrachant un gémissement de la part de Wynn.

Homme à tout faire Messages : 324

Je hochai la tête.

― Merci, Cléophée, fis-je, l'inquiétude assombrissant mes traits : vacillante, souffrante, ce n'était guère bon signe ; j'espérai seulement que, quoi qu'eusse Wynn, ce ne serait pas assez sérieux pour qu'Alwena ne parvînt à la guérir...

...malheureusement, il faudrait attendre.

― Toi, ça va ? demandai-je, toujours à voix basse : la pensée que, peut-être, il s'agissait là d'une infection contagieuse venait de m'effleurer l'esprit.

Evidemment, je doutais qu'elle pût se sentir mal aussi rapidement mais s'il y avait un virus de quelque sorte traînant au château, d'autres élèves pourraient très bien, eux aussi, être mal...

Mon attention revint vers Bobby alors qu'il me demandait comment j'allais.

― Oui, moi je vais bien. Je suis juste inquiète pour elle.

Il devait certainement penser que c'était un virus, mais je n'en étais pas si certaine. Et le comportement du fantôme me confortait dans mon idée. Il semblait agité et intrigué par le cas de Wynn. Et aussi frustré de ne rien pouvoir faire.

― Je crois... je crois que ça vient d'elle, soufflais-je doucement.

Homme à tout faire Messages : 324

Je fronçai les sourcils :

― "D'elle"... de Wynn ? m'enquis-je avant de reporter vers la jeune fille qui venir de lâcher un gémissement de douleur. Mlle Butterfly devrait parvenir à la guérir, dis-je, davantage pour rassurer Cléophée que par conviction : certes, je ne doutais pas qu'Alwena trouverait les origines de son mal, mais cette dernière semblait avoir de la peine à cerner son mal, pour le moment.

« Fais tout de même attention, avertis-je Cléophée. Si tu te sens mal, viens de suite voir l'infirmière. »

Sait-on jamais...

Je hochais la tête.

― Il n'y a pas de soucis, je viendrais si je ne me sens pas bien.

Mais je restais persuadée -et je n'étais pas la seule- que ce n'était pas un simple virus. C'était plus compliqué, et ne touchait que Wynn.

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Je me sentais vaseuse, engourdie. Quelque chose avait pris possession de moi et je savais que l'infirmière, parce qu'elle avait ses mains sur mes tempes, y étais pour quelque chose.

Cependant, loin de calmer ma douleur, la stratégie de Mademoiselle Butterfly faisait mouche.

- Tout va bien, détends toi, me dit elle.

C'est alors que je me rendis compte que j'étais complètement crispée, et que ma respiration était irrégulière. Je tâchai donc de me contrôler. Me concentrer sur autre chose que la douleur. Je percevais, à travers une brume, des murmures que je ne parvenais pas à identifier. Cléophée, sûrement, mais qui d'autre ?

Une douleur aiguë me scia le crâne. Quelque chose venait de me heurter à l'intérieur de moi même ! La douleur résonnait en moi, tel un écho.
- Hmmm, fis-je, la bouche tordue par la souffrance.

Et ce n'était que le début. Il y eu plusieurs 'coups' aussi intenses que le premier qui me frappèrent. Des larmes jaillirent sous mes paupières - je les sentais rouler jusque sous les doigts d'Alwena...

Elle en pleurait ! D'habitude, ce soin ne donnait pas lieu à se genre de réaction ! Au contraire, il était bienfaisant, enveloppant la douleur et l'étouffant. Il anesthésiait d'une certaine façon le patient et c'était sans souffrance pour lui.
Ce n'était manifestement pas le cas de la demoiselle. Pourquoi résistait-elle ?

Je repris mes assauts, cognant toujours contre une sorte de mur, faisant crisper le visage de la jeune fille. Voyant que je n'arrangeai rien, j'arrêtai cette méthode - elle était inutile. Je devais comprendre ce qui m'empêchait d'avancer. Et, c'est parce que je ne faisais rien, ma magie s'étant immobilisée en Wynn que je sentis quelque chose la toucher, venir à sa rencontrer. C'était le "mur " à présent qui se mouvait autour de ma Magie. C'est alors que je sus ce que c'était. La Magie de Wynn.
Je soupirai de soulagement : le problème ne venait donc que de là.

- Wynn, dis-je alors, contrôle ta Magie et laisse-toi faire. Elle m'empêche de te soigner...

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Pourquoi me parle-t-elle de ma Magie ? songeai-je au milieu de mon brouillard de souffrance. Je n'arrivais pas à savoir de quoi elle me parlait de ce qui ne se montrait que rarement chez moi. Je sentais bien la sienne, de Magie, mais ce n'était pas le cas de la mienne !

Sans doute parce qu'elle voyait que je ne réagissais pas, l'infirmière me dit :
- Elle m'empêche d'avancer. Contrôle-la pour que je puisse guérir ton mal de tête.

Sous la surprise, j'écarquillai les yeux - c'était dans ma Magie qu'elle se cognait depuis tout à l'heure ? Et je ne m'en étais pas rendue compte...

Contrôle-la. Contrôle ta Magie. Mais je n'avais aucune idée de comment faire.... Je venais juste de m’apercevoir qu'elle était là mais n'avait aucune prise sur elle.
- Je n'arrive pas, murmurai-je....

De nouvelles larmes affluèrent, mais cette fois ci, c'était davantage sur le coup de la honte que de la douleur...

- Je n'arrive pas, avoua-t-elle.

Je fronçais les sourcils avant de reprendre et de lui souffler tranquillement :
- Fais comme lorsque tu es en cours, quand tu dois faire un exercice pratique. C'est aussi simple que cela.

Il se passa un moment , où j'attendais qu'elle se prenne en main, avant de remarquer qu'il pleurait.

- Je ne sais pas contrôler ma Magie, lâche Wynn, la voix secouée par les sanglots.

Je restais un instant décontenancée. Elle ne savait pas maîtriser sa Magie ! Voilà ce qui expliquait ses douleurs ! Son pouvoir était lâchée en elle, complètement débridé - au point qu'il se retournait contre Wynn. Je n'avais encore jamais croisé un cas tel que celui-ci, mais je pensais pouvoir m'en sortir.

Une Magie aussi juvénile a forcément ses faiblesses, ses failles - nul doute que j'arriverai à la maîtriser avec la mienne.
Aussi, je me remis à la tâche. Et au lieu de cogner contre le pouvoir de Wynn, je le frôlai, l'effleurai, tentant de trouver une fissure. La Magie est fluctuante lorsqu'on connait bien le genre de pratique que je menais. Je comptais donc trouver une faille permettant de la faire reculer pour soigner Wynn.