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Apprenti Sorcier Messages : 110 Age : 28

Traversant de mon pas assuré le foyer - fort animé à cette heure tardive - j'en profitai pour chercher Angelus à travers les quelques têtes ici présentes. Il n'avait toujours pas donné suite au message que j'avais glissé dans son casier et je commençais à perdre patience.

Les vacances de la Toussaint approchaient à grand pas et j'étais bien décidée à ne pas passer les dix jours de repos fort mérité, que nous offrait l'Académie, dans ce château ...

J'avais reçu, il y a deux jours, un courrier de Mère dans lequel elle formulait son désir de nous revoir bientôt. A nouveau tous réunis sous le même toit, afin d'y célébrer les fêtes sacrées, en famille. Je devais lui communiquer les dates et heures à laquelle le chauffeur devait venir nous chercher et si mon jumeau tardait à me répondre, je me chargerais seule de faire parvenir à Mère mes instructions.

Toujours aussi absent, pestai-je en passant devant la porte ouverte de la salle de travail quand des reflets pales et trop familiers accrochèrent mon regard : Angelus !

Sachant pertinemment qu'il était ici pour étudier et non autre chose, j'avançai toutefois à sa rencontre. Je n'avais ni peur, ni honte, ni remords, ni aucune gêne à venir ainsi le déranger dans son travail. Ils n'avaient qu'à fermer la porte s'ils voulaient pouvoir travailler en toute quiétude !

― Tu es décidé à m'ignorer jusqu'à la fin de l'année scolaire ou quoi ? lançai-je, agacée, en me posant sur la chaise qui lui faisait face.

Livres, fiches, crayons jonchaient la table que je n'avais pas quitté depuis plus de deux heures. Erwan, mon binôme, avait quitté la salle depuis peu et je me retrouvais seul, à rechercher les derniers éléments qui nous manquaient encore. Notre travail, nous prenait plus de temps que je ne l'aurais souhaité. Et je me voyais mal l'inviter dans la chambre 467 afin de bûcher dessus ... - pas depuis l'épisode de la veille, ici même - bien que la quiétude qui y régnait eut été plus propice à la concentration.

― Tu es décidé à m'ignorer jusqu'à la fin de l'année scolaire ou quoi ? me questionna la voix que je reconnaîtrais parmi cent autres, d'un ton aussi aimable qu'une douche froide.

Je relevai alors les yeux de mon livre d'herbologie et rencontrai les yeux froids et inexpressifs d'Olympia. Ma très chère soeur que je n'avais pas vu venir, dos tourné à la porte et qui prenait place en face de moi, sans attendre d'y avoir été invité. L'eut-elle fait, ce n'eut pas vraiment été elle ...

― Ou quoi, quoi ? répétai-je, le ton cassant, peu désireux d'engager une conversation mondaine.

Pas depuis notre dernière entrevue dans le réfectoire. Le jour où elle avait officiellement fait la connaissance de Morgan. Celui où elle avait étalé ma vie privée en place publique ... Même si celle-ci n'était alors plus d'actualité, Olympia n'avait aucun droit de parler de Camélia, et qui plus est, avec lui - qu'elle connaisse ou non la véritable nature de nos rapports !

En faisant cela, elle n'avait voulu que déverser son venin sur moi mais, malheureusement, c'est mon petit-ami qui en avait payé les frais ...
Pauvre Morgan ...

Morgan, qui n'avait pas décollé mes bras de toute la soirée après cet épisode.
Morgan qui avait été si ouvert en confidences concernant ses sentiments pour moi et ses ex ... Je savais qu'elles avaient un rapport avec les paroles de ma jumelle mais je n'avais pas pu m'ouvrir à lui. Malgré que javais officialisé notre relation depuis la veille en l'embrassant en public , je me savais encore incapable de lui avouer la vérité concernant les vrais rapports que j'avais pu avoir avec Camélia.

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Angelus avait reprit du poil de la bête depuis son arrivée dans cette école. Il était loin le frère qui, jadis, pliait sous mes excès d'humeur. A la place se tenait un jeune homme enfin décidé à mener la bataille selon mes propres règles : ne jamais faiblir devant son adversaire. Je souris devant sa tentative échouée de déstabilisation. Il m'en fallait un peu plus que cette simagrée de raillerie.

― Ou quoi, quoi ? répétai-je, songeuse, m'accoudant sur la table, posant mon menton sur mes mains jointes. Pour commencer, je dirais à Mère que tu es si malade et si contagieux que tu ne peux malheureusement pas quitter ton lit. Etat qui, bien sûr, ne te permettrait pas de quitter cette école de malheur. Tu ne pourrais donc pas revenir avec moi à Adsav pour les vacances scolaires - lesquelles arrivent bientôt, au cas où tu le ne saurais pas encore - et tu ne pourrais assurément pas retrouver ta paysanne et lui scander ô combien elle te manque un peu plus chaque jour ... Voilà en quelques mots, un résumé de ce qui va se passer si tu t'échines à ne pas me rendre réponse, le menaçai-je sans le quitter des yeux un seul instant.

Je ne voulais pas perdre une seule de ses réactions et je dois dire que je fus plus que comblée par le panel d'expressions qui anima les traits de mon jumeau ...

Je replongeai le nez dans mes notes, tentant par tous les moyens de faire abstraction de sa présence. Mais encore une fois, Olympia avait l'air bien décidée à me prendre la tête.

Sans trop me préoccuper de ce qu'elle pouvait avoir à me dire et qui pourtant semblait si important - au vu de son comportement - je continuai ma lecture. Bien malgré moi, je captais un mot ici et là de son monologue ... L'entendant parlé de Mère, de mon retour - compromis par je ne sais quelle maladie - à Adsav, et des vacances scolaires ... L’évènement majeur de cette fin de mois qui, pourtant, m'était totalement sorti de la tête.

Normal aussi, au vu de ce que je vivais tous les jours avec Morgan ... Comment pouvais-je penser à m’éloigner de lui alors que nous venions tout juste d'officialiser ? Je restais pensif un court instant jusqu’à qu'elle touche le point sensible. Mon point sensible : ma vie privée - du moins l'ancienne ...

― ... Voilà en quelques mots, un résumé de ce qui va se passer si tu t'échines à ne pas me rendre réponse, me dit-elle un brin menaçante.

― Te rendre réponse de quoi, soeurette ? la questionnai-je, sans pour autant relever les yeux. Si tu cherches encore à me provoquer, sache que tu perds ton temps ! J'ai bien d'autres choses à faire et à penser que de m'occuper de toi... Donc viens-en au fait et laisse-moi tranquille. Je travaille au cas où tu ne l'aurais pas remarqué ...

Je relevai les yeux vers celle qui me fixait sans émotion dans le regard - aussi froide et hautaine qu'elle m'avait habitué à l’être.

"Et pour mettre les choses au clair de suite : arrête de te mêler de ma vie, privée ou autre. Surtout quand tu es à mille lieux de la connaitre ..." lui sifflai-je au visage, énervé autant contre elle que contre moi d’être aussi susceptible en ce qui concernait ce sujet ...

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― Je ne pense pas me mêler davantage de ta vie privée que d'habitude. N'ai-je pas toujours veillé sur toi et tes intérêts personnels petit frère ? le questionnai-je en laissant ma main reposer sur la sienne.

Fugace moment d'intimité gémellaire avant qu'il ne retire la sienne précipitamment, comme si je l'avais brûlé en le touchant.

"De plus, ma présence me concerne tout autant que toi car il ne s'agit ni plus, ni moins que de rendre réponse à la lettre de Mère. La lettre que j'ai déposé dans ton casier il y a de cela deux jours et à laquelle je dois rendre réponse ... Alors m'accompagneras-tu à Adsav ou as-tu des projets bien plus intéressants en tête ?" m'évertuai-je à demander, tout en sachant parfaitement qu'il ne pouvait rien avoir à faire en ces lieux qu'il ne pourrait faire chez nous.

Je repris place contre le dossier de ma chaise et soufflai d'impatience. Je tenais à m'en charger au plus vite, impatiente que j'étais de retrouver une vie sociale normale.

"D'ailleurs, repris-je, où te caches-tu donc pour être aussi invisible ? Je pensais que de venir dans une école te rendrait moins asocial. Force m'est de constater que tu restes égal à celui que tu as toujours été : renfermé, taciturne, colérique et j'en passe..., pour ne citer que ces quelques qualités."

Je laissai Olympia déverser son venin. Que dire ? Rien ...!

Je ne m'abaisserai pas à entrer dans son jeu et entretenir son envie de conflit ! J'étais habitué depuis longtemps à l'entendre me donner des titres à tout va... Je n'allais pas lui faire le plaisir de riposter, je n'étais pas - plus - d'humeur... Pas en songeant au sujet qui l'amenait: les vacances à venir.

Je ne pouvais pas rester à Brocéliande, malgré mon envie de le faire. Je pensais à Morgan que je devrais abandonner, seul... A moins que lui aussi ait pour projet de retourner chez lui et qu'il n'est pas osé m'en parler...?

― Tu peux rassurer Mère et lui signifier que je viendrais pour les prochaines vacances. Quand à la façon dont j'occupe mon temps libre, cela ne te regarde absolument pas ! Sur ce, si tu le permet, j'aimerais poursuivre mon travail. Seul, précisai-je, en ne la voyant pas esquisser un geste pour s'en aller.

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― C'est là où tu te trompes petit frère. Tout ce qui te touche de près ou de loin me concerne, énonçai-je, en me levant de ma chaise. Père sera fier de savoir que ta venue ici n'aura pas été vaine, d'autant plus que tu sembles être devenu un élève très assidu... Adsav n'est peut-être pas perdu, tout compte fait !

Je quittai la salle de travail aussi rapidement que j'y étais entrée. J'avais une lettre à écrire et mes vacances à organiser. Je ne comptais pas passer mes dix jours enfermée entre les murs du manoir.

J'attendis un peu - le temps qu'Olympia quitte la salle de travail - avant de ramasser mes affaires.

Je n'avais plus la tête à travailler, à me concentrer sur mon exposé, alors que je n'avais de cesse de penser à Morgan, à qui je devais annoncer la nouvelle. J'appréhendais un peu sa réaction...

Sans plus m'attarder, je saisi mes livres et cahiers pour rejoindre ma chambre.

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