Message d'outre-tombe

Anxieuse, terriblement nerveuse, j'étais assise sur une des chaises du bureau de la secrétaire, attendant de pouvoir voir Merlin. Les mots de l'esprit au catogan tourbillonnaient dans ma tête, et me perturbaient au plus au point.

Le coeur battant trop vite, je tâchais de maîtriser les tressautements de ma jambe, prenant tant bien que mal mon mal en patience.

Revenant de ma promenade autour du lac, j'eus l'agréable surprise de découvrir une jeune personne - parée de magnifiques cheveux bleus - assise sur une chaise, près de mon bureau.

― Voyez-vous que nous porte la brise et nos pas aujourd'hui : de jolies agapanthe, fraîchement ramassées aux abords du lac. Ne voyez-vous pas là un signe à les voir aussi bleues que vos cheveux, me mis-je à rire, avant de redevenir plus sérieuse interceptant un peu tard la nervosité dont elle semblait être gagnée.

Je déposai les fleurs fraîches dans le vase préalablement vidé et nettoyé des fanées et reportai mon intention sur ma visiteuse.

"J'ose espérer que je ne vous ai pas fait trop attendre, ma jeune enfant. Que puis-je pour vous par cette belle journée ensoleillée ? Une tasse de ce merveilleux thé dont Mila a le secret, peut-être ?"

Je ne connaissais pas de meilleur remède qu'une bonne infusion maison pour oublier tous ses soucis ! A part le chant, bien sur ...

― J'accepterais volontiers une tasse de thé, mais je dois voir Merlin. C'est... urgent.

En tout cas, c'est ce qu'il m'avait semblé, à voir les traits de l'esprit qui m'avait demandé ce service. J'ignorais s'il était possible de voir Merlin rapidement, mais dans tous les cas, je patienterais. J'avais donné ma parole.
Faisant une nouvelle tentative pour calmer mes nerfs, je portais mon attention sur les fleurs avec lesquelles Rosa était entrée.

― En tout cas, elles sont superbes vos fleurs, dis-je en un sourire. C'est peut-être bien un signe que vous reveniez avec elles tandis que je suis là. Comment savoir ?

Quelque soit la raison de cette urgence, elle devait vraiment être importante pour mettre cette enfant dans cet état de stress.

― Notre cher Merlin ne devrait pas tarder à revenir de sa promenade. Il me semble l'avoir enrtendu marmonner entre sa barbe qu'il lui fallait aller cueillir quelques ingrédients pour je ne sais quelle concoction ... Et vous avez raison pour ces agapanthes. Cela doit etre un signe. .. répliquai-je amusée qu'elle se prenne au jeu de ma fantaisie.

Je me retournai vers elle et de mon plus joyeux sourire, tentai de la rassurer : "Détendez-vous, et moi, je reviens avec une bonne tasse de thé laquelle aura le don de vous détendre."

― D'accord, merci. J'attends alors.

Laissant échapper un faible gloussement, je repris sur le sujet des fleurs.

― Mais, si c'est un signe, que signifie-t-il ? Et est-il bon ou mauvais ? Tant de questions peuvent survenir pour un tel fait en apparence anodin. En tout cas, je vais tâcher de me calmer. Ma nervosité est-elle donc si visible ?

Je me pris à rire devant tant de questions. Était-ce ma présence ou mes mots qui avaient réussis à la rendre moins anxieuse ?

― Bon ou mauvais ce signe ? Laissez-moi réfléchir un instant, lui demandai-je en fouillant au plus loin de ma mémoire.

"Si je me rappelle bien, les agapanthes sont en rapport avec l'amitié ou l'amour donc c'est assurément un joli présage nous concernant. Ne me croyez-vous pas alors qu'il y a tout juste un instant je vous proposais une tasse de thé ? Un signe, assurément ...!" ponctuai-je dans un éclat de rire en me dirigeant séance tenante vers les cuisines.

Un rire m'échappa. Cette dame avait su me calmer avec rapidité et efficacité. Souriant, je lui répondis :

― Oui, je pense que vous avez raison. Ca doit assurément être un bon signe.

- Vous désirez me voir, Mademoiselle Ravenwood, en entrant dans le bureau de Mademoiselle Violette.

Je revenais de ma promenade, un panier en osier chargé de plantes nécessaires pour mes travaux.

Je me levais de ma chaise en voyant Merlin ouvrir la porte de l'administration.

― Oui monsieur. Enfin, c'est plutôt un... une connaissance qui souhaite que je vous transmette un message.

Je ne savais comment aborder le sujet. Je me doutais que Merlin savait ce que je pouvais faire, qu'il connaissait mes dons. Mais de là à annoncer de but en blanc qu'un des esprits voulait lui parler par mon intermédiaire.... Cela me troublait au plus au point.

Milles excuses.... - -'

- Venez, invitai-je, en ouvrant la porte de mon bureau.

Je poussai le battant et le maintint tandis que la jeune fille aux cheveux bleus franchissait le seuil, manifestement gênée.

Je posai mon panier dans un coin de mon bureau et les différents végétaux, ensorcelés, se rangèrent dans mon armoire à ingrédients.

Je lui montrai un siège avant de m'asseoir sur le mien.
- Un message avez-vous dit ? Je vous écoute.

^^ ça arrive. (flûte, je peux pas supprimer mon ancien post...)

Gardant le silence, je le suivis dans son bureau et m'assis sur le siège qu'il m'indiquait.

― Un message avez-vous dit ? Je vous écoute.
― Bon. Hum, vous devez savoir que je vois et "discute" avec les esprits. Tout à l'heure, l'un d'eux est apparu dans mon dortoir et m'a demandé de vous transmettre un message. Il voulait que je vous dise qu'il y a un autre enfant et qu'il est là. Suite à une de mes questions, il a précisé qu'il parlait de l'enfant du mal. Puis il est parti. Je repris mon souffle après avoir déclamé tout cela. Enfin, je n'ai personnellement pas compris, mais je suppose que pour vous cela doit être plus clair...

Espérons-le, sinon il me faudrait arpenter les couloirs de cette école pour tirer les vers du nez de cet esprit qui n'en dit pas assez.

Je m'en suis chargé Smile

Il a un autre enfant... Celui du mal... Et il est là...
Mordred...

Je restai impassible, regardant la jeune fille mal à l'aise sur sa chaise.
- Savez-vous quel est le fantôme qui vous a chargé de cette mission, miss Ravenwood ?

Hum, visiblement, Merlin avait compris lui.

― En fait, il n'est pas resté longtemps, et il ne m'a pas donné son nom. Mais... il était coiffé en catogan.

Oserais-je lui poser la question qui tourbillonnait dans mon esprit ?

― Hum, monsieur, que... que se passe-t-il ici ? Les esprits sont agités et... et il se passe des choses étranges.

Advienne que pourra. Peut-être me répondrait-il. Ou pas.

Je connaissais ce fantôme, un ancien chevalier connu sous le nom de Bedevere qui fut très loyal à Arthur. Le genre de personnages sérieux.

- Hum, monsieur, que... que se passe-t-il ici ? me demanda la jeune fille. Les esprits sont agités et... et il se passe des choses étranges.

- Miss Ravenwood, à Brocéliande, les esprits ont toujours été agités. Et, au beau milieu d'une École de Magie, il ne peut que se passer des choses étranges.

Je lui souris, bienveillant, tout en songeant au messager du fidèle chevalier...

― Vous avez raison... Je suppose que je ne suis juste pas habituée à ce que les esprits viennent me voir de cette façon. J'étais plus à accoutumée à leurs murmures incessants sans que je ne puisse les voir.

C'était vrai, avant, les esprits n'étaient que des ombres floues, des souffles d'air qui tourbillonnaient et chuchotaient. Jamais -ou très rarement- ils n'étaient venus vers moi de cette façon.

Je percevais en ses mots une angoisse sous-jacente.

- Il faut dire, commençais-je, que le don de nécromancie est très peu répandu - même ici. Je compte une dizaine de bons nécromants qui sont passés par l’École. Nombreux sont ceux qui voient les esprits, mais peu arrivent réellement à communiquer avec eux.

La jeune fille m'écoutait avec attention, même si, je m'en doutais, je ne lui apprenais rien.

- Ici, la Magie est puissante, poursuivis-je, ce qui aiguise votre don. Et les esprits, bons comme mauvais, sont plus que ravis de rencontrer quelqu'un qui prend leur existence en compte.

Je marquai un temps de silence.

- Je crois comprendre que vous êtes anxieuse par rapport à votre don ?

Je restais étonnée par ce que Merlin venait de me dire.

― C'est si étonnant que cela de parler aux esprits, enfin, de réellement leur parler ? Parce qu'ici, j'en compte déjà deux. Et puis il y a ce rêve bizarre qui s'est réalisé aussi. Tordant la bouche en une légère grimace, je repris. Ca ne me gêne pas qu'ils viennent me parler, du moment qu'ils ne sont pas foncièrement mauvais. Parce que dans ces cas-là, je ne sais rien faire contre eux.

Repensant à sa question, je réfléchis un instant à ce que je pourrais répondre. J'optais pour la franchise.

― Oui, mon don m'effraie un peu, principalement parce que j'ai l'impression de ne rien contrôler. Et puis, il faut dire que mes parents n'ont rien fait pour me rassurer, au contraire. Je ne les ai pas vraiment écouter, mais il n'empêche que j'ai peur par moment.

- Oui, mon don m'effraie un peu, concéda la jeune fille, principalement parce que j'ai l'impression de ne rien contrôler. Et puis, il faut dire que mes parents n'ont rien fait pour me rassurer, au contraire. Je ne les ai pas vraiment écoutés, mais il n'empêche que j'ai peur par moment.

Je hochai la tête, comprenant parfaitement.

- De nombreux parents considèrent la nécromancie comme une tare et non pas comme un don. Et pourtant... C'est souvent utile de pouvoir communiquer avec le monde des esprits car ils détiennent des secrets que nous n'imaginons même pas. Pour moi, la nécromancie est un don comme un autre : Pourquoi serait-ce mal de parler aux esprits et bien de savoir communiquer avec les animaux ?

Je rangeai une de mes plumes dans une boîte prévue à cet effet avant de continuer :

- C'est seulement un don rare et méconnu... Mademoiselle Ravenwood, en première année, il n'y a pas de cours de nécromancie. Et cela vous sera inutile tant que vous n'apprendrez pas à vous faire confiance... Il ne vous arrivera rien de dommageable, ici, alors, soyez sûre de vous.

― Je suis d'accord. Il n'y a pas de mal à parler aux esprits, du moment que l'on ne se sert pas d'eux pour causer des malheurs aux autres.

Rien de dommageable... Peut-être. Parce que la menace du fantôme de la bibliothèque me paraissait bien réelle, même si j'ignorais comment il pouvait me faire quoi que ce soit.

― J'essaierai de ne plus m'effrayer moi-même, et d'apprendre à me faire confiance. En fait, ce qui me... gêne le plus je dirais, c'est les réactions et propos de certains esprits. Je ne sais pas toujours comment les appréhender, et du coup je suis perdue.

- Je ne peux pas vous répondre - n'étant pas moi même nécromant... Je peux en revanche vous conseiller d'aller voir les professeurs des années supérieures à la votre. Ils sauront mieux que moi vous conseiller. Sans compter les ouvrages de la bibliothèques, plus théoriques, certes, mais qui peuvent aussi vous apportez une aide.

J'avais beau être Merlin, je ne maîtrisais pas toutes les branches de la Magie...

― Merci pour ces conseils Monsieur.

J'avais au moins quelque chose à faire maintenant, au lieu d'errer dans les couloirs sans savoir où aller...

― Hum sinon... concernant l'esprit qui m'a transmit le message... Vous.. vous voulez que j'essaie de le retrouver pour lui demander plus de détails ?

J'avais pourtant l'impression qu'il avait de suite compris de quoi il s'agissait, mais je ne voulais pas être reléguée au rang de simple messager...

― Hum sinon, commença Mademoiselle Ravenwood, concernant l'esprit qui m'a transmit le message... Vous.. vous voulez que j'essaie de le retrouver pour lui demander plus de détails ?

Je souris, touché par ce service offert.

- Merci beaucoup, Mademoiselle, mais je crois que cela ira.

Je me levai pour aller lui ouvrir la porte :
- Néanmoins, si j'ai besoin d'une nécromante en herbe, je saurais sans hésiter à qui m'adresser !

Bon, il devait avoir compris ce que cet esprit peu clair avait voulu dire.
Je me levais, me dirigeant vers la porte qu'il m'avait ouvert et rigolais doucement suite à sa dernière phrase.

― D'accord monsieur, je serais ravie de vous aider.

Puis je sortis, un peu moins effrayée.

Je franchissai le seuil de mon bureau à l'instant où la jeune fille sortait du bureau de Monsieur Merlin.

― Regardez qui revient les mains chargées ? Installez-vous mon enfant et dégustons cette tasse de thé que je vous avais promis, l’intimai-je en lui offrant mon chaleureux sourire.

Au moment où je sortais du bureau de Merlin, la secrétaire revint, accompagnée d'une douce odeur de thé.

― Regardez qui revient les mains chargées ? Installez-vous mon enfant et dégustons cette tasse de thé que je vous avais promis, me demanda-t-elle en me souriant.

Je lui rendis son sourire, plus détendue que tout à l'heure, et m'installais.

― Merci beaucoup.

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