La descente du donjon

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Je venais de traverser le hall des armures - désert à cette heure ci - avec difficulté. La douleur avait repris et mon crâne me faisait l'effet de se transformer en gros morceau de plomb. M'engourdissant, le mal m'aveuglait presque et je ne trouvais l’escalier que grâce au tapis qui recouvrait les dalles de pierres.

Je parvins donc à la tour Nord et m'agrippai à la rampe. Bien que éclairé, l'escalier me parut sombre et menaçant. Je titubai, descendant avec peine. Des larmes perlaient à mes paupières - que m'arrivait-il ? . Une telle douleur n'était en rien normal. J'en avais des étoiles qui dansaient devant mes yeux, comme si j'allais m'évanouir.

Et si je tombais dans l'escalier ?

Je posai ma tête contre le mur de pierre et sa fraîcheur me remit un peu les idées en place. J'allais prendre mon temps pour descendre, faire attention et m'asseoir si je sentais que j'allais tourner de l'oeil. Le sang me battait dans les tempes tandis que je reprenais ma route. J'espèrai aussi que je n'allais croiser personne - inutile de me donner en spectacle devant tout le monde, en train de pleurer et de tituber le long des marches, à demi aveugle...
L'infirmerie était au premier étage, si bien que je n'avais pas grand chose à descendre. Le tout était quand même d'y arriver.

Ayant décidé de retourner faire un tour à la bibliothèque, je choisi le chemin passant par la tour Nord et le hall des armures pour y aller. Toutefois, je n'aurais jamais pensé y croiser quelqu'un.
Je me stoppais net en apercevant Wynn, chancelante, agrippée à la rambarde et la tête posée contre le mur. Que lui arrivait-il ?
Inquiète, je m'avançais plus vivement vers elle.

― Wynn ? Qu'est-ce que tu as ?

Haiko, qui, depuis quelques temps déjà, étudiait seul dans la bibliothèque, préférant rester à l'écart des autres, entendit la voix de Cléophée un peu plus loin. Intrigué, il chercha l'endroit où se trouvait la jeune femme et découvrit Wynn en proie à un malaise. Il s'approcha des deux jeunes filles, un gros tas de livres sous la main, et chuchota, avec un fort accent japonais :

- Il faudrait peut-être l'amener à l'infirmerie ?

Il ne quittait pas des yeux Wynn, légèrement pâle lui aussi - il détestait voir des gens malades.

― Il faudrait peut-être l'amener à l'infirmerie ?

Je relève vivement la tête en entendant cette fois à l'accent japonais très prononcé et croise le regard d'un garçon que je n'avais encore jamais vu. Je devrais vraiment arrêter de vivre recluse.

― Oh, bonjour. On ne s'était encore jamais croisés non ? Enfin, oui, je pense que ce serait mieux qu'on t'accompagne voir l'infirmière... Viens Wynn, on va t'aider.

Suite à ces mots je saisis doucement son bras et, ne pouvant m'en empêcher, jette un furtif regard aux alentours dans le but de voir si son malaise ne viendrait pas d'un esprit. Ce ne serait pas la première fois que l'un d'entre eux s'amuse ainsi.

Haiko se mit à rougir en comprenant que Cléophée, avec qui il partageait pourtant plusieurs cours, n'avait jamais fait attention à lui pour ne pas le reconnaître. Il préféra ne pas répondre et déposa ses livres sur les marches, afin d'aider Cléophée à soulever Wynn et de l'emmener au plus vite à l'infirmerie.

Pourquoi donc rougissait-il ainsi ? Avais-je dis une bêtise ? Nous étions-nous déjà vu ? En toute franchise, la chose était possible, mais comme je m'enfermais dans une bulle pour me protéger des esprits, il y avait de grandes chances pour que je ne l'ai pas vu.

― Ne rougis pas comme ça voyons, lui dis-je dans un sourire, tandis qu'il s'approchait pour m'aider à soutenir Wynn.

Mais Haiko, trop timide, resta silencieux, espérant que le rouge quitterait ses joues. A deux, ils aidèrent Wynn à descendre les marches jusqu'au rez-de-chaussée.

- Il me semble que l'infirmerie est ici, dit-il doucement en arrivant devant la première porte.

Il se demanda s'il pouvait laisser Wynn avec Cléophée : après tout, c'était une fille, et lui était un garçon. Et puis, il voulait retrouver les livres qu'il avait laissés seuls, plus haut : il pourrait être sévèrement réprimandé par l'établissement si cela venait à se savoir.

Ce garçon n'était pas bien bavard. C'est une des raisons pour laquelle ce n'est que durant la descente des escaliers que je réalisais qu'en fait si, on s'était déjà vus. En cours. Et là non plus, il ne parlait pas beaucoup, restant discret.

― Il me semble que l'infirmerie est ici, souffla-t-il doucement alors que l'on arrivait devant la première porte du rez-de-chaussée.

A son regard furtif vers l'escalier que nous venions de descendre, je compris qu'il se demandait s'il pouvait repartir -récupérer ses livres qu'il avait laissé en haut probablement.
Lui souriant gentiment, je lui offrit une porte de sortie, s'il souhaitait la prendre.

― Si tu veux y aller, tu peux Haiko (oui, je me souvenais de son nom maintenant que je l'avais reconnu). Mais en tout cas, saches que tu ne me dérange pas. Tu peux nous tenir compagnie en attendant l'infirmière si tu le souhaite.

Haiko remercia Cléophée d'un hochement de tête.

- Je pense qu'il serait mieux que je vous laisse, insista-t-il.

Wynn pourrait ne pas être à l'aise. Il avait ses livres à récupérer. Et il était trop timide pour pouvoir engager une vraie conversation avec sa camarade de classe. Il n'arrivait déjà pas à parler à son camarade de chambre, lequel était presque tout le temps absent : il ne revenait plus dormir le soir dans leur chambre.

- Bonne journée, salua-t-il l'autre élève poliment.

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Je sentais qu'on m'aidait à descendre les escaliers, tant bien que mal. Deux personnes m'aidaient - j'avais reconnu Cléophée grâce à ses cheveux bleus. Elle m'apparaissaient en une tâche bleue et floue. La deuxième personne m'était inconnue et je ne cherchais même pas à savoir qui c'était.

Je reconnus de la même manière que Cléophée le rez-de-chaussé - par ses couleur chatoyantes qui me parvenaient au travers d'un brouillard. On m'amenait à l'infirmerie.

Je perçus les sons d'un dialogue mais j'avais trop mal pour en comprendre le sens. Je n'avais pas le choix, je devais me laisser aller...

― D'accord, pas de soucis Haiko, merci pour ton aide. Je suis contente d'avoir discuté un peu avec toi, ce n'est pas simple en cours. Bonne journée à toi aussi, le saluais-je gentiment.

Puis, sentant Wynn vaciller, je raffermis ma prise et l'aidais à avancer à l'intérieur de l'infirmerie.