Cours #01 : Les philosophes de la nature

Professeur Messages : 53

Carré confortable sur sa chaise, Horacio Lestate attendait patiemment que les élèves entrés dans la classe s’assissent à leurs tables. Les coudes posés sur les accoudoirs, le bout de ses doigts se rejoignant, il observait les visages qu’il avait déjà découverts en parcourant leurs dossiers, certains noms et prénoms revenant naturellement.

Lorsque le calme se fit, il se leva et se redressa de toute sa taille, tel un aigle déployant majestueusement ses ailes de toute leur envergure. Il se dirigea vers le tableau où il s’empara d’un morceau de craie blanche, et d’un geste souple et fluide, il écrivit sur l’ardoise noire :

Existe-t-il un Elément premier ?
L’eau peut-elle se transformer en vin ?
Comment les grenouilles naissent-elles de l’eau et de la terre ?

Il se retourna alors et fit face aux élèves qu’il examina d’un air impassible, ses yeux aussi limpides qu’une eau bleue.

« Mon nom est Horacio Lestate, finit-il par dire d’une voix à la fois douce, claire et posée. Je serais votre professeur de Magie de l’Esprit. »

Il tourna la tête vers le tableau un moment, comme pour relire ce qu’il avait écrit, avant de poursuivre sur le même ton calme, presque sans émotion :

« Voici certaines des questions que se posaient les premiers philosophes de la Grèce Antique. Appelé les ‘philosophes de la Nature’ parce qu’ils s’attachaient avant tout à la Nature et aux phénomènes naturels, ce sont eux qui, les premiers, ont essayé de percer les mystères de la Magie qui régit notre Univers.

« Nous nous sommes tous au moins une fois interrogés sur l’origine de ce monde. Pour beaucoup, notre Univers serait né du Néant. Cette pensée, néanmoins, était bien loin d’être répandue chez les Grecs : eux soutenaient au contraire que cet Univers était éternel ― soit, qu’il avait toujours existé, et qu’il existerait toujours.

« Ce n’était donc pas de savoir comment tout avait été créé à partir de Néant qui préoccupait les philosophes, mais de comprendre comment l’eau pouvait se transformer en poissons ou la terre inanimée faire pousser de grands arbres ; d’expliquer les changements perpétuels de la Nature qu’ils avaient sous les yeux, sans recourir aux mythes qu’ils connaissaient. Comment la matière pouvait-elle changer de nature et devenir quelque chose de complètement différent ? Quelque chose, même, de vivant ? »

Il marqua une légère pause, le temps de reposer la craie sur le rebord du tableau. Puis il releva la tête et poursuivit :

« Les premiers philosophes, reprit-il, en déduisirent qu’il devait exister une matière élémentaire dissimulée derrière chaque forme de la Nature, à l’origine de toutes ces métamorphoses.

« Thalès ― 625 à 547 avant Jésus Christ, originaire de Milet en Grèce Antique ― était l’un de ces philosophes. D’après lui, l’Eau était à l’origine de toute chose. Il avait étayé cette thèse en se basant sur ses observations de la Nature : l’eau se transforme en glace ou en vapeur avant de redevenir de l’eau, la décrue du Nil laisse les plaines du Delta fertiles et les grenouilles sortent dès qu’il a plu. Ses travaux étaient populaires et beaucoup adhéraient à sa pensée.

« Anaximène, 570 à 526 avant Jésus Christ, né lui aussi à Milet, révisa cette thèse et avança l’hypothèse que l’Air était Elément à l’origine de toute chose. L’Eau n’était en fait qu’un concentré d’Air ; lorsqu’elle se concentrait davantage, elle devenait de la Terre. Et dans le même ordre d’idées, le Feu n’était pour lui que de l’Air raréfié. Seule l’union de l’Air, de l’Eau, de la Terre et du Feu permettait de créer de la matière, de la vie.

« Sans arriver à la saisir, ces philosophes arrivaient néanmoins à percevoir la vérité cachée en filigrane derrière les phénomènes naturels qu’ils observaient ; mais ils faisaient face à un dilemme : comment une seule matière pouvait-elle prendre autant de formes ? »

Horacio reprit son morceau de craie et inscrivit une nouvelle phrase au tableau :

Rien ne naît de rien

« Parménide, 515 à 450 avant Jésus Christ, colonie grecque d’Elée. Il faisait partie des philosophes qui débattaient de ce problème.

« Comme pour beaucoup de Grecs, il affirmait que tout avait toujours existé, et que rien ne naissait jamais de rien. Mais Parménide estimait également qu’il n’y avait pas de réelle transformation : rien ne pouvait devenir autre chose que ce qu’il était et ce qui n’était pas ne pouvait pas non plus devenir quelque chose. Il était bien conscient que la nature offrait des formes en changement perpétuel. Ses sens percevaient comment les choses se modifiaient ; mais sa raison lui tenait autre discours. Et quitte à choisir entre les sens et la raison, il préférait se fier à la raison. Pour Parménide, nos sens nous donnent une fausse image de l’Univers, une image qui ne correspond pas à ce qui dit la raison. Ces travaux de philosophes consistèrent à mettre en évidence la trahison des sens sous toutes ses formes. »

Sous la première phrase, Horace en inscrivit une deuxième :

Tout s’écoule de tout

« A la même époque que Parménide, vivait Héraclite, originaire d’Ephèse en Asie mineure. Contrairement à Parménide, lui faisait davantage confiance à ses sens et soutenait que tout, dans la Nature, change constamment de forme : en d’autres termes, ‘tout s’écoule’. Tout est en mouvement et rien n’est éternel.

« Ainsi donc, Parménide et Héraclite affirmait deux thèses opposées : respectivement, que rien ne peut se transformer et que nos sens, par conséquent, sont trompeurs ; et que tout se transforme, tout s’écoule, que nos sens sont fiables. Apparemment, il serait difficile d’être plus antagonistes. C’est ici qu’intervient Empédocle ― 490 à 430 avant Jésus Christ, originaire de Sicile ― qui permit de faire une énorme avancé dans la compréhension de la Magie telle que nous la connaissons aujourd’hui. »

Une troisième phrase s’ajouta en dessous deux autres :

Les quatre Eléments primitifs

« Empédocle comprit que les premiers philosophes s’étaient fourvoyés en prenant pour acquis l’hypothèse de départ : qu’il n’existait qu’une seule matière élémentaire à l’origine de tout. Si tel était le cas, le fossé entre ce que nous dit la raison et ce que nous constatons par nos propres sens serait tout à fait infranchissable.

« L’eau ne peut pas devenir un poisson ou un papillon. En fait, l’eau ne peut pas changer de nature. L’eau pure restera éternellement de l’eau pure. Parménide avait donc raison d’affirmer que rien ne peut se transformer. Mais Empédocle était d’accord avec Héraclite pour faire confiance à nos sens : la Nature est bel et bien en perpétuel changement.

« Empédocle tint donc un autre raisonnement : il fallait rejeter l’idée d’une matière première et unique : ni l’Eau ni l’Air ne pouvaient, seuls, se transformer en rosier ou en caillou. La Nature devait disposer plutôt de quatre matières élémentaires ― l’Air, la Terre, l’Eau et le Feu, qu’il appela ‘racines’ ― pour changer. C’est ainsi qu’il avança une nouvelle théorie : tout ce qui se meut dans la Nature est dû au mélange et à la séparation de ces quatre Eléments ; tout est composé de d’Air, de Terre, d’Eau et de Feu, et seules changent les proportions. Imaginez la palette d’un artiste : impossible de peindre des arbres verts en ne disposant que d’une teinte rouge ; en revanche, en ayant également du jaune, du bleu et du noir, il est possible de peindre des centaines de couleurs différentes en variant simplement chaque fois leurs proportions respectives.

« Ainsi, par exemple, à la mort d’une plante ou d’un animal, l’enveloppe charnel se désintègre en même temps que les quatre Eléments se séparent. Mais la Terre, l’Air, l’Eau et le Feu restent, eux, inchangés ; ‘indemnes’ de toutes ces métamorphoses. Par conséquent, il n’est pas entièrement correct de dire que tout se transforme ; au fond, rien ne change. Seuls les quatre Eléments s’unissent et se séparent avant de se mélanger à nouveau. »

L’homme s’interrompit une nouvelle fois. Il regagna sa table de travail et s’appuya sur le meuble antique.

« Quelque chose, pourtant, manque à ce raisonnement. Levez la main, ceux qui ont la réponse… »

Cuisinière Messages : 48

Assise en retrait, au dernier rang, je prenais note de tout ce que disait le Professeur Lestate ― ou essayais de le faire... J'ignorai si le reste des élèves arrivait à suivre ; de mon côté, bien que captivée, j'avais de la peine à tout saisir, tout retenir : entre la demi-douzaine de noms, de dates, de concepts, je m'emmêlais ! Peut-être devrais-je demandé de l'aide à Bobby...

― Quelque chose, pourtant, manque à ce raisonnement, poursuivait le Professeur ― j'avais beaucoup de mal à l'appeler par son prénom. Levez la main, ceux qui ont la réponse…

Evidemment, je ne fis pas partie de ceux qui la levaient...

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Le professeur Lestate faisait partit de ceux qui n'avaient pas besoin de lever le petit doigt pour obtenir une classe sage et des élèves attentifs. D'ailleurs, jamais je n'oserai faire quoi que ce soit devant lui qui n'ai rien à voir avec le cours qui était très intéressant.

Activement, je prenais des notes sur mon cahier, marquant la blancheur des pages par mon écriture noire et arrondie. J'étais venue à ce cours, sachant qu'il ne demandait pas d'utiliser la magie et j'étais stupéfaite de voir que, mine de rien, je savais déjà certaines choses. Mon ancien précepteur s'était révélé être un bon pédagogue.

― Quelque chose, pourtant, manque à ce raisonnement. Levez la main, ceux qui ont la réponse, interrogea Lestate.

Hum... songeai-je en relisant rapidement les notes que je venais d'écrire. Réfléchissons.

Enveloppe charnelle = Eau, Terre, Feu, Air qui se séparent.
=> Aucune modification.

Tout me paraissait pourtant cohérent. Seulement, "Enveloppe Charnelle".

Oh !

Timidement, je levai la main ― j'avais, il me semblait, trouvé la réponse.

Ça commençait bien !
Premier cours, première question et voila que je comprenais déjà rien !
Je m’enfonçai un peu plus sous le pupitre espérant que le regard du professeur oublierait ma présence. Je jetai un oeil sur les autres élèves pour juger de leur niveau.

Certains ne décollaient pas leur plume de leur cahier. D'autres baissaient la tête, semblant chercher la réponse dans leurs notes. Et il y avait qui levaient la main.

Je me retournai discrètement et aperçu une élève un peu plus âgée que moi assise au dernier rang. Je ne l'avais jamais vu auparavant. Ses sourcils châtains se fronçaient, comme sous le coup d'une concentration extrême.
Encore une qui a du mal à suivre.

Je reportai mon attention sur le tableau. J'attendis que le regard de l'enseignant se porte sur l'élève à la main tendue. Je souris en imaginant sa déconfiture si elle se trompait.

Salle d'enchantements. Magie. Esprit... Tout s'embrouillait, tout allait trop vite.
Je notais comme une automate les mots qui sortaient de la bouche du professeur Lestate. Je levais la tête de mon cahier de temps à autres pour lire ce qu'il écrivait au tableau

Rien ne naît de rien
Assurément !
Tout s’écoule de tout.
Et moi ?

Je restai bloquée sur ces deux phrases sans cesser de m’interroger sur ma propre existence.

― Quelque chose, pourtant, manque à ce raisonnement. Levez la main, ceux qui ont la réponse…

Levez la main ceux qui ont mes réponses.

Je n'avais déjà pas mes propres réponses, comment pourrais-je répondre à celles du professeur Lestate ? Je n'avais fait que recopier sans comprendre ce qu'il récitait.

Je posai mon regard sur les autres élèves de la classe. Tous semblaient concentrés. Cela ne devait pas être le premier cours du genre auquel ils assistaient.

Je me sentis seule tout à coup. Perdue et seule...

Quelque chose manque à se raisonnement ? Encore fallait-il l'avoir compris...

Jetant un bref regard autour de moi, je remarquais que je n'étais, semblait-il, pas la seule à ne pas savoir la réponse. Hormis Wynn qui levait timidement la main. Sur tous les élèves, j'en connaissais très peu. Wynn, bien sûr, et je reconnus le jeune homme blond impoli que l'on avait croisé dans le hall.

Ne voulant pas paraitre oisive, j'interrompis mon étude des élèves pour reporter mon regard sur la feuille devant moi.

Grimaçant, je me replongeai dans l'écriture du cours. Je n'aimais certes pas être au centre de l'attention, mais j'aurais voulu montrer que je n'étais pas totalement inutile, contrairement à ce que pensaient mes "chers" parents.

Mais apparemment, il me faudrait étudier plus si je voulais comprendre.

Apprenti Sorcier Messages : 48

MDR, il y a eu échange de sujets, vous l'aurez compris ^^

Encore désolé ; )

Apprenti Sorcier Messages : 85

J'évitai de réfléchir : tant que je n'avais aucune réponse, je n'aurais pas à lever la main. A obéir. D'autant que le Professeur Lestate avait l'air d'être ceux qui intimaient des ordres comme ils respiraient. L'année, je le sentais, serai longue...

Professeur Messages : 53

Une main ― seule et hésitante ― finit par se lever. Peut-être n'aurai-je pas que des cancres parmi ces premières années... peut-être.

― La jeune fille au troisième rang, deuxième table à partir de la gauche : votre réponse...

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Je m'éclaircis la gorge, tentant de me débarrasser de la boule d'anxiété. Lestate pouvait être quelqu'un de très intimidant.

- Vous avez parlé d'enveloppe charnelle... Commençais-je. Or, une enveloppe contient forcément quelque chose.

Je marquai un temps de pause, rangeant une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille. Je regardai Lestate qui était resté de marbre suite à mes paroles.

- Ce qu'il manque à ce raisonnement, c'est... l'âme ?

Je n'étais pas trop sûre de moi, mais estimais que je n'étais pas loin de la bonne réponse.

Professeur Messages : 53

Ou peut-être pas.

― Je vous prierai, Mademoiselle, de vous rappeler que vous êtes en classe d'Enchantements et non de théologie, avec le Professeur Saint-Faust, demandai-je. Il s'agit d'Éléments et non de croyances...

Je scannai le reste des élèves...

« M. Death, voudriez-vous essayer de répondre à la question ? »

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Bon, manifestement, ce n'était pas la bonne réponse...

Je fronçai les sourcils, essayant de comprendre ce qui n'allait pas... De toute façon, il était clair que j'avais du mal, étant donné que je séchais pas mal. J'espérais seulement me rattraper au cours théorique...

Je continuai de regarder Lestate, déterminée à ne pas me laisser intimidée - je m'étais trompée, certes, mais au moins, j'avais essayé !

L'âme, un concept théologique ?
Avait-il seulement lu Aristote ?

Je me redressai sur ma chaise quand je vis le professeur porté son regard sur moi. Pourvu qu'il ne m'affiche pas comme celle qui s'était crue plus maligne que les autres à lever la main - pour sortir une bêtise en plus ... Je riais sous cape.

― M. Death, voudriez-vous essayer de répondre à la question ?

Pourquoi moi ? Je n'avais pas levé la main à ce que je sache ! La réponse encore moins ... ! Du moins pas celle qu'il attendait ... J'avais deux options, passer pour un cancre à ses yeux et à ceux de toute la classe en donnant une réponse au hasard ou passer pour un cancre en gardant le silence ...

― L'Esprit ... ? proposai-je peu sûr de moi en baissant les yeux vers mon livre fermé.

Professeur Messages : 53

Si seulement le jeune homme l'avait-il dit avec davantage de force...

Las de ces première années, je soupirai :

― L'Esprit, en effet ― anciennement appelé 'Ether', ou encore 'Arcane'...

Mais il l'avait dit ― c'était déjà cela de gagné...

« Ce qu'Empédocle avait omis dans son raisonnement était la raison pour laquelle ces Elément s’allient et se désallient, repris-je, l’essence de toute chose qui définie cette chose comme telle et non comme une autre, qui différencie un poisson d’un papillon. C’est pour cela, par ailleurs, que les Transmorphistes sont rares et que les métamorphoses, audacieuses et fort hasardeuses.

« A présent, ouvrez vos livre et reportez-vous aux pages 5, 6 et 8 où vous trouverez une définition des bases Elémentaires ainsi que les différentes formes de Magie. Vous remarquerez l’emploi du terme ‘Esprit’ utilisé de deux manières : dans la première, l’Esprit est définie comme Elément ; dans la deuxième, comme une forme de Magie. Ce double emploi prête parfois à confusion et cela est la raison pour laquelle certains usent le terme ‘Ether’ en parlant de l’Elément de l’Esprit. Comprenez que dans le premier cas, il s’agit d’une matière première qui compose chaque chose de notre Univers ; la magie de l’Esprit, en revanche, ne désigne que la manière dont vous agirez ― ou essaierez d’agir ― sur les Eléments. »

Je portai deux doigts à ma tempe :

« L’esprit est le seul outil que vous utiliserez avec moi : la Magie des Symboles et la Magie des Mots sont bannies de cette classe. La seule voix que je veuille entendre est la mienne. Vous, en revanche, ne parlerez que lorsque vous y serez invités, et garderez le silence à tout autre moment. Si vous avez une question, levez la main et attendez que j’appelle votre nom. »

J'écartai une mèche de mon front.

« Y a-t-il des questions ? »

― L'Esprit, en effet ― anciennement appelé 'Ether', ou encore 'Arcane'... approuva le professeur Lestate, à mon plus grand étonnement.

Merci la chance ! pensai-je, non peu fier d'avoir la réponse - bonne réponse qui plus est - en reprenant ma position avachie au fond de la chaise.

J'écoutai d'une oreille distraite la suite de son monologue, me demandant pourquoi Père s'évertuait à vouloir gaspiller son argent et mon temps en m'ayant envoyé ici ... Moi qui n'aspirait qu'à une seule chose : vivre ma vie, celle que j'avais programmé auprès de Camelia ...

"Y a-t-il des questions ?" s'enquit le professeur une fois ses recommandations émises.

Je passe mon tour ! Si cela ne vous dérange pas bien évidemment ! le narguai-je, en pensées, avant de paniquer : j'espérais que Lestate ne soit pas télépathe sinon s'en était fini de moi ...

Professeur Messages : 53

Personne ne répondit.

« Nous commencerons par essayer de percevoir et de reconnaître les Eléments, poursuivit Horacio. Pour vous y aider, vous vous référerez ce schéma… »

Horacio repartit vers le tableau où il leva le bras et tira doucement sur l’anneau fixé au bas d’une affiche qui se déroula devant les élèves.

Cours #01 : Les philosophes de la nature Elemen10

« Comme vous pouvez le constatez, l’Air, l’Eau, le Feu et la Terre ont tous les quatre, deux propriétés : ces Eléments sont soit chaud, soit froid ; soit sec, soit humide. L’Esprit, ou l’Ether, en revanche, est un Elément neutre, ni chaud ni froid, ni sec ni humide.

« La Terre est l’Elément le plus lourd des Eléments ; l’Eau est le deuxième plus lourd, puis viennent l’Air et le Feu, dans cet ordre précis ; l’Esprit, lui, est l’Elément le plus léger. Ainsi, l’Elément de la Terre vous paraîtra dense tandis que l’Esprit, insaisissable. C’est en les comparant les uns aux autres que vous apprendrez à les reconnaître.

« L’exercice d’aujourd’hui consiste à distinguer les Eléments des uns des autres et à les manipuler dans un environnement contrôlé. Pour cela, vous aurez besoin de boules de cristal… »

Horacio se saisit d’un petit coffre en bois posé sur sa table et releva son couvercle bombé avec précaution, révélant des boules de la taille d’une pomme. Le professeur s’avança alors vers la première rangée de tables.

« Egalement appelées ‘boules d’apprentis’, ces boules ont été spécialement désignées pour vous permettre de voir exactement ce que vous faites dans des conditions que vous ne retrouverez jamais dans la Nature, » expliqua-t-il en déposant devant chaque élève une sphère de cristal qu’une fine ligne d’arabesques encerclait. Des volutes de fumées colorées s’y mouvaient lentement. « Chaque couleur représente un concentré d’Elément inalliable : le jaune orangé pour le Feu, le vert pour la Terre, le bleu pour l’eau, le blanc teinté de mauve pour l’Air ; l’Esprit, malheureusement pour vous, est incolore.

« Concentrez-vous et essayez d’influer mentalement sur les volutes de fumée ; de suivre leurs mouvements, de les diriger dans un autre sens, de les retenir. Je ne m’attends pas à ce que vous puissiez manipuler plus d’un ou deux Eléments ― et encore, pour les plus habiles ― et à les toucher de votre esprit, d’ailleurs, plus qu’à les manipuler. Je passerai entre les tables et observerai vos débuts. »

Cuisinière Messages : 48

Le Professeur Lestate s'attendait-il réellement à ce que je parvienne à déplacer les volutes de fumée dans la boule de cristal qu'il avait déposée sur ma table ? Car, contrairement aux autres élèves, je n'avais pas une once de Magie en moi !

Je pris tout de même la boule et tentai de me concentrer... quelque part le Professeur Lestate me faisait peur !

Sorcier Messages : 256 Age : 30

Mentalement, je pestai. De un, je m’étais faite remarquer en donnant une mauvaise réponse, me ridiculisant ainsi devant toute la classe et en particulier AngelUS Death. De deux, je pensais que c'était un cours Thé-o-rique...
Qu'allais-je bien pouvoir faire avec ces boules d'apprentis, moi, qui n'était même pas au stade d'apprentis ?

Je contemplai celle qui me faisait face. Brillante par son éclat et relaxante par le mouvement des volutes des Éléments, c'était un joli objet.

Mais cette constatation ne m'avançait guère. "Essaye, me dis-je, ne pars pas défaitiste." Aussi tentai-je de faire l'exercice. Je me concentrai sur les volutes qui évoluaient avec grâce entre les parois de crystal, je remarquai alors que les différentes couleurs étaient liées entre elles - il y avait donc une sorte de communion entre chaque Élément.

Seulement, force était de constater que rien d'influait dans le mouvement des Éléments et je ne parvins en aucune façon à les toucher.

Bon.

Je jetais un coup d'oeil autour de moi. Le silence régnait dans la salle de classe et tous les élèves étaient penchés sur leurs boules d'apprentis. Seulement, à en juger par leurs sourcils froncés et leurs bouches tordues par la concentration, ils n'étaient pas plus avancés que moi. Souhaitant néanmoins ne pas passer pour quelqu'un qui ne travaillait pas, je ramenais mon attention sur ma propre boule.

» Nature & découvertes : cours n°1