Impur

Morgan paraissait tout aussi surpris que moi. Parlions-nous de la même chose ? J'avais du perdre le fil de la conversation je ne sais où ...

― Tu as d'étranges idées, dit-il. J'apprécie Jole et Mila mais de là à devenir commis...!

Ben, c'est un peu ce que tu es si tu en viens à faire les commissions du cuisinier ...

"Fais-toi pardonner, veux-tu, et accepte de les voir..."

Me faire pardonner de quoi ? Voir qui ?

"Jole me harcèle depuis des jours pour rencontrer le damoiseau qui a accessoirement volé mon coeur !"

― Il m'a déjà rencontré ... Il sait déjà qui je suis, répondis-je évasivement, repensant aux différentes occasions où je l'avais vu en cuisines.

L’idée ne paraissant pas particulièrement lui plaire, je ne persistai pas :

― Ne te force pas, Angel. Ce n’est pas grave.

Je déposai un bref baiser sur ses lèvres.

« Je vais finir ce que tu as commencé, dis-je en me redressant. Feel free to watch... »

Je m'approchai alors vers le bord du lit, sentant les yeux d'Angel dans mon dos. Je dézippai mes bottes, les retirai l'une après l'autre... Puis je me levai et laissai ma veste et ma chemise glisser de mes épaules avant de les placer sur le dossier de ma chaise de bureau.

J'allai ensuite vers l'armoire d'Angel : d'habitude, je portais un pyjama, mais ce soir, après l'épisode de la gargouille, je préférais me vêtir des habits de mon petit ami... des habits empreints de notes d'herbes fraîches et fleuries... Je pris un débardeur noir qu'il avait l'habitude de porter pour la nuit.

« Puis-je ? » demandai-je en me retournant vers Angel.

Étais-je prêt à rencontrer Jole et Mila en étant le petit ami de Morgan ? Je réfléchissais quand Morgan interrompit mes pensées.

― Je vais finir ce que tu as commencé, déclara-t-il en se redressant. Feel free to watch...

Feel free to watch... Comme si j'attendais sa bénédiction pour le faire, pensai-je en souriant.

Amusant, combien je prenais plaisir à apprendre et surtout retenir mes leçons d'anglais depuis que je sortais avec lui ... Je revins sur Terre au moment où Morgan se levait du lit, pour déposer chemise et veste - dont il s'était débarrassé d'un léger coup d'épaules - sur la chaise de son bureau. Son sens de l'ordre m’impressionnait à chaque fois. Moi, je me contentais de tout jeter au sol et de ne m'en préoccuper que le lendemain ...

Pouvions-nous être plus disparates ? songeai-je, en suivant des yeux son dos aussi laiteux que le mien était halé, ouvrant mon armoire. Lui, si organisé, si conventionnel, si "Anglais". Moi, si ―

"Puis-je ?" me questionna-t-il alors en se retournant avec un de mes débardeurs en mains.

Même si je trouvais sa question étrange, habitué à le voir porter son "tue l'amour" chaque nuit, je ne pu m’empêcher d'esquisser un sourire. Ne plus me moquer avais-je fais la promesse. Taquiner, oui. Me moquer, non ...

― Je t'en prie, répondis-je toutefois intrigué. Avais-je émis une remarque dans mon sommeil sur son horrible pyjama ?

Je gratifiai Angel d'un sourire avant de m'emparer du bas d'un de mes pyjamas ― le rouge sang ― et de revenir vers lui. Pas de striptease amoureux ce soir : je retirai mon pantalon assis sur le lit, avec peu de grâce, me relevai pour mieux enfiler ma moitié de pyjama. Ne restait plus que le débardeur à revêtir, lequel m'enveloppa aussitôt de sa fragrance, si douce, si appaisante.

― Merci, Angel, fis-je alors, me rasseyant près de l'adorable et sublime jeune homme qui possédait mon coeur.

J'apposai sur ses lèvres un baiser tendre, amoureux.

« Est-ce que tu comptes te changer ou puis-je déjà réclamer tes bras pour la nuit ? » taquinai-je.

Morgan me rendit mon sourire avant de regagner le lit. Je le laissai finir de se déshabiller, silencieux, semblant perdu très loin de moi, malgré sa proximité.

Un sou pour tes pensées, Morgan Le Fay ...

― Merci, Angel, fit-il en se rasseyant à mes cotés. Est-ce que tu comptes te changer ou puis-je déjà réclamer tes bras pour la nuit ?

― Tu peux déjà les réclamer et même t'endormir si tu veux, répondis-je amusé en le prenant dans mes bras. Ne te préoccupe pas pour moi, je suis très bien comme ça, le rassurai-je en caressant son bras nu du bout des doigts, avant d'ajouter légèrement taquin : j'aime beaucoup ta tenue ... demain tu pourras prendre un de mes shorts si tu veux, et moi je prendrais ton pyjama, juste pour savoir ce que ça fait de dormir avec ...

Je fondis dès qu'Angel me prit dans ses bras.

― Ne te préoccupe pas pour moi, je suis très bien comme ça, me rasséréna-t-il en caressant mon bras du bout des doigts, avant d'ajouter légèrement taquin : j'aime beaucoup ta tenue... demain tu pourras prendre un de mes shorts si tu veux, et moi je prendrais ton pyjama, juste pour savoir ce que ça fait de dormir avec...

― Ça te plaira, dis-je en me serrant tout près, ma tête sur son coeur.

Ma main chercha la sienne pour la faire glisser le long de mon flanc, sur ma hanche.

« C'est doux, la soie ; un vrai délice sur la peau. »

Et plus encore lorsque Angel avait sa main par dessus le tissus soyeux...

« J'ai réfléchi, annonçai-je tout à coup, sans réellement l'avoir fait. Je suis Morgan Le Fay quoi qu'il arrive ― ni Mordred ni tout autre personne... »

Je laissai Morgan guider mon autre main jusque son flanc où elle trouva naturellement sa place.

― C'est doux, la soie ; un vrai délice sur la peau, m’assura-t-il, oubliant sûrement que je le savais déjà ...

Ne m’endormais-je pas contre lui, toutes les nuits, depuis quelques temps ...?

"J'ai réfléchi, m'informa subitement Morgan, passant du coq à l’âne. Je suis Morgan Le Fay quoi qu'il arrive ― ni Mordred ni tout autre personne..."

― Tu as raison, Morgan Le Fay, ne laisse pas une statue de pierre te laisser croire le contraire ...

Je resserrai mon étreinte autour de lui et glissai ma main sous son débardeur, entamant de tendres caresses. Quelle que soit sa réelle identité, pour moi il resterait à jamais Morgan Le Fay, le jeune homme qui avait su voler mon coeur ...

― J'aime ta manière de prononcer mon nom, soufflai-je, un sourire fleurissant mes lèvres : Angel avait une façon particulière de l'émettre, avec amour, un brin de possessivité et peut-être même de fierté. J'aime tes caresses, aussi, ajoutai-je taquin, savourant celles qu'il m'octroyait. Accessoirement.

C'était devenu une plaisanterie entre nous.

"Je crois que j'irai voir le Professeur Asilwen, repris-je, le ton plus grave. Tu seras avec moi...?"

Je connaissais déjà la réponse mais j'avais besoin de l'entendre,même si ma visite n'était pas pour tout de suite...

Accessoirement ... ! Okay, pensai-je amusé.

― Si tu ne vois mes caresses que comme des accessoires, je ne vois pas l’intérêt de te les faire subir, taquinai-je Morgan tout en retirant mes mains de son corps. Et que vient faire le Professeur Asilwen dans la conversation ? demandai-je surpris.

Je relevai la tête de son torse pour plonger mes yeux dans le caramel chaud de prunelles.

― Pas des accessoires, objectai-je gravement. Je plaisantais.

Angel aussi, je le savais, mais... j'avais tellement besoin de lui, là, cette nuit !

― Moi aussi, Morgan, souris-je en le reprenant dans mes bras, laissant mes doigts reprendre leur activité préférée : courir sur la peau de Morgan.

Nous restâmes un instant silencieux avant que je ne reprenne la parole :

"Pourquoi veux-tu que je t'accompagne voir le Professeur Asilwen ?"

― Moi aussi, Morgan, m'avoua Angel, m'appaisant.

Ses bras se resserrèrent autour de moi et ses caresses reprirent. Je me laissai faire, savourant la douceur de ses effleurements.

"Pourquoi veux-tu que je t'accompagne voir le Professeur Asilwen ?" questionna-t-il au bout d'un moment.

― Prof potions, rappelai-je, le sommeil me gagnant peu a peu.

"Elle devrait pouvoir concocter un philtre de vérité, dis-je, incapable d'ouvrir les yeux. C'est ce qui ce rapproche le plus de l'hypnose..."

― Fais de beaux rêves, Morgan ..., soufflai-je contre ses cheveux, sentant qu'il n'allait pas tarder à sombrer, si ce n'était pas déjà fait ...

Je restais un long moment, les yeux ouverts à fixer le plafond, repensant aux différents sujets qui avaient été abordés au cours de la soirée : la gargouille, ses origines incertaines, ses angoisses, les risques dont il ne semblait pas prendre réellement conscience, son notaire ... nous, Jole et Mila, puis pour finir le Professeur Asilwen, laquelle selon Morgan, était la plus à même de l'aider à résoudre l'énigme de sa vie ...

J'espérais qu'il n'allait pas au devant d'une grande déception en fondant trop d'espoir dans le philtre qu'elle pourrait lui concocter. Mais si les choses ne se passaient pas comme prévu, j'avais promis à Morgan d’être là ... Et je serais là ...

Une fois assuré qu'il était bien endormi, je me dégageai délicatement de notre étreinte et sorti du lit. Une fois changé, j’attrapai la couverture du lit voisin et la posai sur mon boyfriend avant de réintégrer ma place : tout contre lui, mon bras l'enveloppant ...

"Groeit hunvréeu braù...," soufflai-je à nouveau, avant de fermer les yeux et de me laisser sombrer.