Retour aux sources...

Apprenti Sorcier Messages : 33 Humeur : Curieuse

Les yeux fermés, le visage tourné vers le ciel, je laissais la brise caresser ma peau avec délice. Des senteurs de pin et de fleurs sauvages me parvenant de la forêt toute proche emplissaient mes narines. Je souris. Le soleil timide de ce matin-là réussissait même à me réchauffer doucement. Qu'il était relaxant d'être assise sur l'herbe tendre et de profiter de ce que la nature avait de plus simple à offrir ! Je me sentais chez moi, à proximité du bois...

Des bruits de pas me tirèrent de ma rêverie et j'ouvris les yeux. Une personne inconnue se tenait devant moi...

Après ma discussion très troublante, voire effrayante, avec l'esprit aux traits de Morgan, j'avais eu désespérément besoin d'air. C'est donc à pas pressé que j'avais quitté la bibliothèque puis le château pour m'enfoncer sous les frondaisons des arbres.
J'espérais de tout mon coeur de ne pas croiser d'autres esprits, de même que quelqu'un de vivant. Mais apparemment, mes souhaits n'étaient pas fait pour être exaucés.

J'aperçus une jeune fille non loin devant moi, qui avait tourné son visage aux yeux fermés vers le ciel. Ne voulant pas la déranger, je reculais doucement pour aller ailleurs, mais je marchais malencontreusement sur des branches mortes et la demoiselle rouvris les yeux, les fixant sur moi.

- Euh... désolée je... je ne voulais pas te déranger...

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Celle qui venait de rompre mes quelques instants de solitude était une jeune fille à la peau pâle et aux étonnants cheveux bleus. Quelle belle couleur ! pensais-je.

― Euh... désolée je... je ne voulais pas te déranger... bredouilla-t-elle.

Je lui souris aimablement.

― Tu ne m'as pas dérangée, ne t'en fais pas, lui dis-je simplement avant de me lever, époussetant ma robe écru. Nous ne nous sommes jamais rencontrées dans l'école, il me semble... A qui ai-je l'honneur ?

Elle me considéra un bref instant, puis me sourit.

― Tu ne m'as pas dérangée, ne t'en fais pas, me dit-elle. Puis elle se leva et épousseta sa robe avant de reprendre. Nous ne nous sommes jamais rencontrées dans l'école, il me semble... A qui ai-je l'honneur ?

― Non en effet, nous ne nous sommes jamais vues. Je suis Cléophée Ravenwood.

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― Ambre Centaurée, me présentai-je à mon tour.

Je me tus quelques secondes, puis, voyant qu'elle ne disait rien, j'engageai la conversation.

― D'ordinaire, je ne croise presque personne dans cette partie du parc... Tu viens souvent ici ? lui demandai-je, songeuse.

― Non pas vraiment. En fait, je suis le plus souvent à la bibliothèque mais...

je me figeais, repensant à la mise en garde de Morgan. Je devais éviter de parler de mon don aux autres....

― ... j'ai eu besoin de prendre l'air un moment, terminais-je plutôt pitoyablement.

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Je croisai les bras et inclinai la tête sur le côté, intriguée. Besoin d'air ? A y regarder de plus près, je me rendais compte que Cléophée paraissait troublée et, par moment, ses yeux semblaient perdus... Je brûlais d'envie de connaître la cause de son état, sans toutefois oser la lui demander.

― Ce n'est pas bon de toujours rester enfermé, acquiesçai-je.

J'hésitai encore un instant, puis, n'y tenant plus, je posai la question que j'avais au bord des lèvres :

― Tu... tu es sûre que tout va bien ?

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Je me permets de faire irruption dans le jeu pour vous rappeler, mesdemoiselles, que Cléophée ayant fait allusion à sa discussion avec Morgan et l'esprit qui lui ressemble, cette scène se déroule le 9 octobre, comme indiqué sur le premier post d'une page d'histoire...

J'en profite pour inviter tout les joueurs à relire le post, histoire de se remettre en mémoire la chronologie de l'action et ainsi éviter les incohérences temporelles !

Merci à tous,
Bobby Wolfe.

Ah exact, merci de cette précision Bobby Smile

Ambre semblait intriguée, perplexe. Il faut dire que mon explication n'était pas des plus crédibles.

― Ce n'est pas bon de toujours rester enfermé, acquiesça-t-elle.

Elle hésita un moment puis reprit :

― Tu... tu es sûre que tout va bien ?

Allais-je bien ? Je l'ignorais. Tout ces évènements récents tournoyaient dans mon esprit, et je ne savais plus quoi faire ni quoi croire. Il était probablement préférable d'en parler à quelqu'un, mais quelqu'un déjà au courant... Il fallait que je réfléchisses à tout cela.

― Oui, répondis-je avec un sourire, ça va. Je crois qu'il faut juste que je me repose un peu. Je lis et étudie trop ces derniers temps.

Pas vraiment la vérité, mais bon, je n'avais pas le choix.

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Je prends note aussi, Bobby ! Smile

Apparemment, ce n'était que de la fatigue... C'était plausible. Tant mieux ! D'un large geste du bras, je désignai l'orée de la forêt et l'endroit où nous nous trouvions.

― Personnellement, c'est ici que je viens quand je dois me changer les idées ou que j'ai besoin de repos... Pourquoi ne viendrais-tu pas t'asseoir un instant ? lui proposai-je, sourire au lèvres.

Après tout, il y avait suffisamment de place pour deux, et la laisser faire demi-tour uniquement parce que j'étais ici avant elle m'aurait déplut.

― Oui, cet endroit est paisible. Merci de me laisser rester, répondis-je avec un léger sourire.

Puis, faisant quelques pas, je vins m'asseoir à ses côtés. Nous devions former un drôle de contraste, moi toute de bleu faite, et elle ayant les couleurs chaudes de la forêt, de ses cheveux couleur de cuivre à son regard vert intense.
Fermant les yeux et levant mon visage pâle vers le soleil, je laissais échapper quelques mots :

― Le soleil est si agréable...

J'avais eu peu d'occasion de le voir, de le sentir caresser ma peau. Mes parents de leur vivant m'enfermaient le plus souvent dans ma chambre. Puis à leur mort je m'étais exilée dans la bibliothèque... Et ici... Ici, j'étais en classe, ou alors les esprits refroidissaient l'air tout autour de moi.

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Je repris ma place initiale sur le sol tandis que Cléophée venait s'installer près de moi. La face tournée vers le ciel, elle sembla se détendre, et murmura :

― Le soleil est si agréable...

Elle paraissait tant aux anges en prononçant ces quelques mots que je ne pus retenir un rire léger. Bien vite, je me repris et plaquai une main sur ma bouche, écarquillant un peu les yeux : comment accueillerait-elle ce gloussement ? Lorsque j'étais encore dans la forêt, je ne me souciais pas vraiment de mes réactions car je savais que mes parents comprenaient mes moindres faits et gestes... Mais avec les nouvelles rencontres que je faisais, j'allais devoir me surveiller mieux que cela...

― Je suis désolée, je... je ne voulais pas me moquer, c'est juste que... bredouillai-je, penaude, essayant de rattraper l'affaire.

Mes premiers échanges avec Olympia étaient encore assez présents dans mon esprit et, si j'avais retenu une chose, c'était que les personnes que je côtoyais pouvaient réagir de façon imprévisible. Il valait mieux pour moi que je m'efforce de limiter les dégâts, quitte à paraître étrange ou trop prévenante...

Son rire me surpris et je l'observai, penchant la tête sur le côté tandis qu'elle plaquait sa main sur sa bouche.

― Je suis désolée, je... je ne voulais pas me moquer, c'est juste que... bredouilla-t-elle, penaude.

Je souris, amusée. Mon comportement avait rarement fait rire auparavant.

― Ne t'en fais pas, ce n'est pas grave tu sais.

Son rire n'était pas méchant. Peut-être un peu moqueur, certes, mais dans le bon sens du terme. Je pense...
Mettant ces doutes stupides de côté, je me laissais choir sur le dos, ma tête entourée du halo bleu de mes cheveux longs, pour profiter au maximum des rayons qui me réchauffaient.

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"Pas grave"...
Songeuse, je la regardai s'étendre tranquillement sur le dos. De toute évidence, cette rencontre avec Cléophée se déroulait bien mieux qu'avec cette chère Olympia... Oserais-je même songer que le courant semblait bien passer entre nous ? Cléophée elle-même l'aurait-elle pensé ou était-il trop tôt pour en juger ? Comme les histoires d'amitié pouvaient me paraître compliquées parfois...
Mes yeux finirent par se poser sur son extraordinaire chevelure bleue ondoyante qui se mélangeait aux brins d'herbe et aux feuilles de trèfle. Jamais je n'avais vu pareille couleur de cheveux, si mystérieuse, si intrigante ! D'ailleurs, auparavant, lorsque j'avais l'occasion de m'entretenir avec des animaux sur le monde extérieur, on ne m'avait jamais rapporté qu'une telle teinte existait. Pouvais-je me permettre de... ?

― Dis-moi Cléophée, demandai-je, candide, d'où te vient cette couleur de cheveux ? Elle est si belle et si... inhabituelle !

Un sourire orna mes lèvres suite à cette question. Ma couleur de cheveux intriguait tout le monde. En même temps, c'était normal, je n'avais jamais vu personne avec les cheveux bleus... sauf quand ils se les teignaient.

― En fait, je dois t'avouer que je l'ignore. Je suis née avec cette couleur, ce qui a causé la stupéfaction de tout le monde. Surtout quand on sait que mes parents étaient tous deux blonds. Je n'ai jamais réussi à trouver une explication, malgré mes recherches. J'ai fini par m'y habituer du coup.

Et puis, je m'étais servi de ça pour faire enrager mes parents, poussant la différence en les gardant long et en m'habillant avec des couleurs les faisant ressortir.

― Cela étant, je t'avoue qu'à de brefs moments, j'ai eu envie de passer inaperçu, riais-je.

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A l'évocation de ses parents, je ne pus refouler le malaise qui m'assaillit alors. Il était vrai qu'il s'était écoulé déjà plusieurs semaines depuis que j'avais perdu mes parents et fait mon entrée à Brocéliande, mais j'avais beau essayer de reléguer mon chagrin dans un coin de ma tête pour me consacrer pleinement à mon nouvel environnement, le mal-être et la tristesse étaient toujours là, ancrés en moi.
Je détournai légèrement la tête pour que Cléophée ne s'alarme pas. Je ne souhaitais pas qu'elle remarquât que quelque chose n'allait pas. Je fermai les yeux, inspirai et expirai lentement en comptant mentalement chaque respiration. J'espérais pouvoir me reprendre en me focalisant uniquement sur mon souffle. A côté de moi, la voix soudain lointaine, presque étrangère de Cléophée continuait de satisfaire ma curiosité – curiosité soudainement envolée. Bien trop vite à mon goût, elle finit par se taire. Quelques secondes s'écoulèrent. Il fallut bien que je réponde.

― Je ne peux que te comprendre... fis-je en écho à sa dernière phrase, sans me retourner pour la regarder.

Je n'aurais sûrement rien remarqué si les esprits ne s'étaient pas soudain fait plus présents autour d'Ambre. J'avais remarqué qu'ils aimaient à s'approcher des personnes qui n'allaient pas bien. Je me demandais ce que j'avais bien pu dire pour la troubler ainsi, et j'hésitais à lui poser la question.

Avant de prendre une décision, je fusillais du regard les esprits, profitant du fait qu'Ambre ne regardait pas dans ma direction. Ils devaient être assez faibles et juste curieux car ils s'enfuirent rapidement devant mon énervement.

― Tout va bien Ambre ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

Voilà, j'avais demandé. Je n'étais pas sans coeur, et ne voulais pas qu'elle soit triste ou autre par ma faute.

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Raté. Elle s'en était rendue compte.

― Ce n'est rien... lui soufflai-je, faisant un effort pour tourner mon visage vers elle, mon regard restant toutefois baissé. C'est juste que...

Je déglutis difficilement. Levai les yeux et rencontrai ses prunelles aussi bleues que sa chevelure. Inspirai à fond et priai pour que ma voix reste intelligible.

― J'ai perdu mes propres parents juste avant de venir à Brocéliande, et... malgré le temps qui passe, je ne parviens pas encore à maîtriser ma peine... Alors lorsque tu as parlé de tes parents, je...

Ma gorge se serra encore plus. Évoquer mes soucis à voix haute était autrement plus compliqué que contenir mon chagrin dans mes instants de solitude. Mes lèvres s'entrouvrirent, tremblèrent une seconde, puis je compris qu'aucun son n'en sortirait plus pour terminer la phrase restée en suspens. De toute façon, j'en avais déjà suffisamment dit pour que Cléophée comprenne...

Oh. Comment retourner le couteau dans la plaie. Bravo Cléophée, tu as le chic pour poser les mauvaises questions.

― Mince, je suis vraiment navrée. Je suis désolée d'avoir abordé ce sujet...

La voyant au bord des larmes, je ne retins pas ma main qui alla se poser avec douceur sur son épaule.
Même si mes rapports avec mes parents n'avaient rien eu de tendre, je comprenais tout à fait ce qu'elle ressentait. Après tout, je côtoyais quotidiennement des esprits.

― Changeons de sujet...

Oui sauf que... de quoi parler ? J'étais vraiment gênée maintenant d'avoir touché en plein dans sa souffrance...

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Je fus extrêmement reconnaissante envers Cléophée pour son geste de compassion. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'être gênée par la tournure qu'avait prise la situation... Avec Ambre, apprenez en dix leçons comment forcer une inconnue à vous consoler !

― Merci... lui dis-je simplement, la voix encore légèrement altérée.

Le simple contact de sa main bienveillante sur mon épaule m'avait, d'une façon presque magique, aidée à me ressaisir un peu. Sa spontanéité et sa douceur me rappelaient par certains côtés la manière que ma mère avait de...
Je fermai les yeux. En plus de mes sentiments, j'allais devoir tenir mes pensées en laisse ! Retiens-toi, Ambre, retiens toi ! J'inspirai une nouvelle goulée d'air. Tenir. Je devais tenir.

― Changeons de sujet...

Oh oui, changeons de sujet !

― Je suis vraiment désolée de t'obliger à surveiller ce que tu dis... m'excusai-je en lui adressant un sourire plus maigre que voulu.

Ambre semblait s'être ressaisit, mais les esprits présents sous le couvert des arbres, fuyant mon regard, me laissaient à penser que son désespoir était toujours bien présent.

― Je suis vraiment désolée de t'obliger à surveiller ce que tu dis... s'excusa-t-elle, m'adressant un très léger sourire tremblant.
― Oh ne t'en fait pas pour ça. J'ai toujours tendance à parler trop vite. Je dois apprendre à réfléchir avant de parler, plaisantais-je dans une tentative de détendre l'atmosphère.