Petit-déjeuner instructif ...

J'avais très mal dormi. Je me sentais fatiguée alors que j'avais dormi le quota de deux nuits si je rajoutais la sieste du bois en compagnie de Songe.
Ma nuit n'avait été que la boucle sans fin des flashs que j'avais déjà vu la veille. Je tentais à chaque fois d'en découvrir plus mais rien n'y faisait.
Je n'étais pas plus avancée aujourd'hui qu'à mon coucher.

J'avais une faim de loup. Je m'étais assoupie aussitôt sortie du bureau de Merlin et n'avais ouvert les yeux qu'il y a quelques minutes. Silencieusement, je m'étais éclipsée de la chambre pour ne pas réveiller ma camarade de chambre que je devinais cachée sous les couvertures.

J'espérais ardemment pouvoir retrouver Songe. Elle avait été la clé. J'espérais qu'elle me permette de réitérer l'expérience. J'avais d'autres solutions certes, mais celle-ci me semblait alors la plus rapide ...

Mon plateau vide en mains, j'avais le regard perdu sur les mets qui ne demandaient qu'à être mangés. Je ne saisis pas de suite que quelqu'un s'adressait à moi ...

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Elle n'avait visiblement pas entendu ma première interjection ...

...ou alors faisait-elle exprès ? Les élèves ici étaient... étranges. Passe encore que la plupart m'aie pris pour une élève la veille lorsque j'arrivais au château, mais entre ceux qui n'avaient aucune idée du monde auxquels ils appartenaient et ceux qui s'en croyaient maîtres sans rien en savoir... étrange jeunesse occidentale. Dans le Nord, dans les clans, on apprenait très jeune à utiliser ses pouvoirs, la mort ou la gloire, deux solutions.

Après tout, peut-être avaient-ils raison d'être prudents ?

Je décidai de réitérer ma question lorsqu'enfin elle sembla se rendre compte de me présence.

― Hej ! Tu es tombée du lit ce matin ? Le déjeuner n'est prévu qu'à 8h... il est 7h30.

― Hej ! Tu es tombée du lit ce matin ? Le déjeuner n'est prévu qu'à 8h... il est 7h30.

Je me retournai et du lever la tête pour atteindre les yeux très clairs, de celui qui m'avait rejoint. Qui était cet homme de haute taille, aux cheveux et la barbe blonds comme les blés ? Le responsable du service du matin ? Mon esprit vagabonda un cours instant vers l'idée que je me faisais de Jésus et secouai la tête pour me reprendre.

Je sentis le rouge me monter au visage en réalisant que je n'avais pas à être déjà là. J'aurais du remarquer que j"étais la première arrivée. Mais j'étais une habituée des réveils au chant du coq ...

― Veuillez m'excuser Monsieur. Je ne savais pas que le déjeuner ne commençait qu'à huit heures; Je reviendrai plus tard, m'excusais-je en reposant le plateau vide sur la table qui débordait de viennoiseries et gâteaux plus alléchants les uns que les autres.

Comme pour excuser ma présence si matinale, mon estomac gargouilla bruyamment. Je n'en rougis que davantage.

Message Hors RP
Je me permets de demander si le professeur est entré au réfectoire par curiosité en y voyant Kamelina ou s'il s'apprêtait à y petit-déjeuner ?
Je demande car il me semblait que les élèves et les professeurs avaient des réfectoires bien distincts.

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HRP : S'il est lui même en avance à vagabonder partout ... il y a peut-être une raison :p
Au passage, la salle est - sur la carte - la même, je ne sais pas plus que toi s'il y a séparation. On peut imaginer une table réservée dans un coin, je pense.

Étrange fille... prompte à s'effacer si vite...

Sa réaction me fit sourire.

― Reste là, lui fis-je d'un air amusé. Je posais simplement la question.

J'attrapais moi même un plateau et le remplis rapidement, tout en prenant soin d'examiner minutieusement l'état des aliments. Convenable...

« Tu n'as trouvé personne avec qui manger ce matin ? demandai-je d'un ton qui se voulait innocent. Ta camarade de chambre ne voulait pas manger avec toi ? »

― Tu n'as trouvé personne avec qui manger ce matin ? Ta camarade de chambre ne voulait pas manger avec toi ? me demanda-t-il en même temps qu'il se composait un plateau digne d'un ogre.

J'étais torturée entre ma faim qui grandissait à mesure que les odeurs de beurre et de chocolat emplissaient mes narines et le fait de vouloir partir. Je cédai à la première et repris mon plateau. Laissant l'homme inconnu terminer de dévaliser les mets - avait-il comme moi oublié de se nourrir la veille ? - je répondis aussi sincèrement que possible à ses questions.

― Je n'avais pas fait attention que j'étais si matinale. Je suis habituée à me lever très tôt. Je suis sortie de ma chambre sans faire de bruit. Ma camarade doit surement encore dormir à cette heure-ci. Et vous Monsieur, osais-je demander, vous n'avez personne pour vous tenir compagnie ?

J'avais du mal à croire que son corps si fin puisse engloutir à lui seul le contenu du plateau qu'il avait en mains.

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― Ahh, non pas de « monsieur » si tu veux pas que je t'appelle « madame ». Tu le sais p'têtre pas encore, je vous ferai des cours sur l'environnement. Mais c'est pas une raison : j'suis pas beaucoup plus vieux que vous. Appelle moi Jønsï. Ça se prononce comme un "Y" mais s'écrit avec un "J".

Je croquai dans un morceau de muffin, avant de l'avaler et de répondre à sa question initiale.

« Et quand à ma raison d'être là, je suis aussi matinal que toi on dirait, » affirmai-je en lançant un coup d'oeil vers la table réservée au personnel dans le coin de la salle, vide elle aussi.

Ou bien était-ce parce que je faisais des rondes depuis quatre heures du matin... mais pas la peine de le préciser...

Je souris timidement. Il était donc un de mes nombreux professeurs. Comment était-ce possible ? Il semblait si jeune.

― Environnement avez- vous dit professeur Jønsï ? Comme jardinage et compostage ? C'est une de mes passions le jardinage ... Je suis bienheureuse de savoir qu'au moins un des mes cours me semblera tout ce qu'il y a de plus normal, ponctuais-je en soufflant rassurée.

Je saisis un pain rond encore tiède et le déposais près de ma tasse de thé. J'hésitais, la main suspendue, à piocher davantage sur la table. A lui seul, mon compagnon avait pris la part d'au moins trois pensionnaires ...
Un ogre, songeais-je à nouveau amusée.

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― Ah non, pas vraiment. Je vais m'occuper un peu du jardin aussi, oui, mais à la base les cours porteront sur la faune et la flore magique, et d'autres trucs...

Je mâchai un morceau de pain.

« Et au fait, tu t'appelles comment ? »

Je n'hésitais pas plus et me laissais dicter par ma faim. Je saisis un muffin embaumant fortement le chocolat et le déposais rapidement sur mon plateau avant de changer d'avis. J’avançais vers la première table vide quand le professeur reprit la parole:

― Ah non, pas vraiment. Je vais m'occuper un peu du jardin aussi, oui, mais à la base les cours porteront sur la faune et la flore magique, et d'autres trucs ...

Je sursautais légèrement. Faune et flore magiques ... J'aurais du m'en douter ! J'eus une pensée pour Songe. Ce cours lui conviendrait parfaitement. Et moi ? En quoi excellerais-je dans cette école ? Je n'eus pas le temps de m'interroger davantage car une nouvelle question marquant mon impolitesse, fusa:

― Et au fait, tu t'appelles comment ?

Posant mon plateau avant de prendre place, je rougis comme souvent et répondis gênée de ne pas m’être présentée de moi-même:

― Kamelina, professeur Jønsï. Je m'appelle Kamelina, répétais-je sans savoir pourquoi je ne donnais que mon prénom ..

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Je terminai mon croissant longuement sur ses derniers mots, puis reprenais.

― Et t'es venue ici comment ? T'es habituée à ce monde ?

Ma réponse sembla le satisfaire car il piocha à nouveau sur son plateau et chacun mangea silencieusement.

Je m'interrogeais sur les origines du professeur Jønsï . Je n'avais jamais voyagé hors du couvent - ma venue au château était le plus long et le plus lointain séjour que j'avais effectué de ma courte existence - mais je voyais bien qu'à son prénom et à ses traits, il n'était pas de cette contrée. L'étrange accent que je discernais dans sa voix m'était inconnu. Pourtant j'en avais rencontré de tous horizons lorsque nous ouvrions les portes du couvent aux visiteurs égarés ...

Je dégustais presque amoureusement le muffin que je grignotais petit bout par petit bout. Chaque morceau que je glissais dans ma bouche fondait tout doucement sans que je n'ai besoin de mâcher. Un pur délice. J'hésitais à me relever pour aller en chercher un deuxième. Je terminai mon thé lorsqu'une autre de ses questions rompit le silence.

― Et t'es venue ici comment ? T'es habituée à ce monde ?

Je reposai la tasse en porcelaine sur sa coupelle en essayant de ne pas paraitre trop émue par sa curiosité. Je n'osais le regarder de peur qu'il sente mon trouble. Je préférai ôter une miette imaginaire sur mon chandail.

― "Mère" pensait que c'était une bonne chose que je suive une scolarité "normale", répondis-je en occultant la deuxième question.

Je ne savais que répondre ...
Encore une fois, je pris conscience que j'avais vécu avec des œillères pendant bien trop longtemps ...

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Sa réponse laissait en présager plus... je ne savais pas s'il fallait que je me penche sur son cas, ou s'il valait mieux d'occulter le problème. Je préférais parler un peu de moi pour ne pas la laisser mal à l'aise.

― Je viens de Suède, c'est vraiment... différent. J'ai beaucoup voyagé avec mon père, petit, mais je n'étais jamais venu dans cette région mythique. C'est... intéressant. Tu vivais par ici ?

Il était donc suédois. Voilà qui expliquait sa haute taille, son léger accent inconnu, la blondeur de ses cheveux et surtout ses yeux au bleu si pur.

Décidément cette école accueillait tout comme le couvent parfois, des hôtes de toutes provenances. Lui aussi semblait être au courant qu'il existait un monde différent, méconnu du commun des mortels. Ou alors étais-je la seule à n'avoir jamais rien vu ?

— Oui j'ai été élevée à quelques dizaines de kilomètres. Un peu plus vers l'ouest, répondis-je en me levant de table, troublée par les ombres qui accompagnaient mes semi-vérités.

Je préférais changer de sujet, inquiète qu'il pousse plus loin sa curiosité et que je me retrouve impuissante et ignorante ...

— Désirez-vous une tasse de thé professeur ? Vous pourrez m'expliquer comment vous avez réussi à venir vous perdre en ces lieux ? Votre Suède natale n'est-elle pas très éloignée de notre belle Bretagne ? questionnais-je en m'éloignant.

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― Avec plaisir, lui répondis-je en avançant ma tasse.

Difficile de résumer les choses simplement. Et dangereux de le faire honnêtement.

― Si je suis venu ici ? C'est assez simple, je cherchais un peu de travail à l'étranger, je parlais le français, et avais les compétences pour remplir deux postes vacants à la fois. Pratique, non ?

― Le thé semble encore bien chaud, le prévins-je en déposant sa tasse sur son plateau presque vide.

Comment arrivait-il à engloutir autant en si peu de temps ?

― Deux postes vacants ? Faune et flore magique pour l'un et l'autre portera sur quelle autre mystérieuse matière ? demandais-je un sourire crispé sur le visage avant de reprendre une gorgée de thé. Autant être fixée dès maintenant. Je m'y ferais plus rapidement ... soufflais-je dépitée en parcourant le réfectoire encore vide des yeux.

Mais qu'attendaient les autres pensionnaires pour venir déjeuner ?

Je m'impatientais de revoir Songe.

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Je terminai le dernier biscuit de ce frugal repas, avant de reprendre.

― Oh non, je ne vais pas faire deux matières, en fait, Merlin cherchait quelqu'un pour s'occuper des extérieurs, le parc, la forêt ... Disons que c'est un petit plus pour faire passer mon boulot à plein temps. Je n'ai pas loisir à faire des recherches comme les professeurs plus conventionnels, qui doivent passer autant de temps à étudier que vous en dehors des cours...

Clin d'oeil.

« Enfin, en théorie ! »

Je souris de ses mots mais mon inquiétude revint tout aussi subitement. Je n'avais jamais suivi de cours autres que ceux dispensés au couvent. A quoi ressemblaient ceux de cette école ? Je frissonnai d'angoisse.

― Et si j'ai des difficultés à suivre en classe, serais-je renvoyée ? interrogeais-je le jeune professeur en joignant mes mains moites sous la table.

Je priais intérieurement que non. Je n'osais imaginer la déception de "Mère" si la direction décidait de me renvoyer d'où je venais. Je devrais travailler plus dur que tous pour ne pas échouer. Ce qui me ramena à mes premières interrogations:

Que fais-je ici ? Quelle est ma place dans ce monde mystique ?

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Je pris un instant pour considérer sa question.

― Evidemment, seuls les meilleurs réussissent ici, d'ailleurs, il ne pourra en rester qu'un, fis-je d'un air aussi sérieux que possible.

Je levai les yeux pour savourer son expression.

« On ne vous a pas parlé d'une lutte à mort entre vous ? » ajoutai-je, ne pouvant réprimer un fou rire.

― Evidemment, seuls les meilleurs réussissent ici, d'ailleurs, il ne pourra en rester qu'un, expliqua Jønsï d'un air aussi sérieux que possible.

Sa première phrase chassa le sang de mon visage. Je devais même avoir la bouche grande ouverte.

― On ne vous a pas parlé d'une lutte à mort entre vous ?

Je restai les yeux écarquillés à chercher une once de plaisanterie dans les mots qui suivirent, épouvantée à l'idée qu'il me dise la vérité jusqu'à ce qu'il parte dans un fou rire qui m'amena le feu aux joues.

Comment puis-je être aussi gourde ? pensais-je. Suivi de près par:

Comment puis-je déceler le vrai du faux dans tout cequi me sera dit ?

― Je ne trouve pas que ce soit sujet à plaisanterie professeur Jønsï , lançais-je vexée en me levant pour débarrasser mon coin de table.

» Petit break... et la reprise !