Une plaie réouverte

Homme à tout faire Messages : 324

De retour à l'infirmerie en moins d'une heure, je me doutais qu'Alwena ne seraient pas ravie de savoir que ma plaie s'était déjà réouverte ― et pourtant, je ne pouvais faire autrement : même si elle avait arrêter de saigner abondamment, la chair me semblait à vif et la douleur était lancinante.

Je frappai donc doucement et entrai dans la pièce, les affaires que j'avais récupérées dans le parc encore avec moi...

J'avais bien avancé dans mon rangement ― la plupart des cartons avaient disparu. Je m'attaquais à la dernière pile quand on frappa à la porte.

J'ouvris des yeux ronds quand vis que c'était de nouveau Bobby, l'épaule en sang. Son tee-shirt blanc en était complètement imbibé.

― Et bien, lui lançai-je, je ne m'attendais pas à te revoir de si tôt !

Homme à tout faire Messages : 324

A vrai dire, moi non plus...

― Crois-le ou non, c'est un écureuil qui est la cause de mon retour ! répondis-je badin.

Un fichu voleur d'écureuil ― et une demoiselle téméraire décidée à en découdre avec le-dit écureuil...! Qu'avait-elle imaginé ? Grimper aux arbres en robe et en talon !

Que penser d'elle, d'ailleurs ? Ses iris violacés m'avaient envoûté et j'avais eu de la peine à m'en détacher ― ce n'était que lorsqu'elle avait joué les bourgeoises hautaines que j'avais recouvré mes esprits ! Pour autant, il me semblait qu'elle était davantage que cela ― peut-être à cause de son côté rebelle et téméraire... côté qui me valait ce retour à l'infirmerie.

« Ma plaie s'est réouverte, poursuivis-je plus sérieusement. Tu m'as dit de repasser si la douleur me relançait... »

― Oui, viens-là, je vais m'en occuper.

De nouveau, je poussai une chaise au centre de la pièce, pris de quoi désinfecter et refaire le pansement, sans oublier l'onguent.

― Tu as bien saigné...

J'aidais Bobby à enlever son tee-shirt, pour la deuxième fois de la journée. Mon regard se perdit pourtant dans la contemplation de son torse superbe. Mais la vue du pansement ensanglanté me ramena à la réalité ; je l'enlevai délicatement et me saisis du désinfectant.

― Attention, prévins-je.

Homme à tout faire Messages : 324

Une fois encore, Alwena m'aida à retirer mon tee-shirt, ses mains caressantes s'attardant sur mon torse ― des mains douces et légères ; des mains de fées ; des mains aussi douées que celles de Mila...

Elle déposa le vêtement sur la table et se saisit d'un coton qu'elle imbiba de désinfectant. Le désinfectant.

― Attention, me prévint-elle.

Je serrai les dents, me promettant de ne pas crier ― c'était un plaisir que j'avais refusé à mon père autant que possible et, même si Alwena ne cherchait pas à me faire mal, je ne pouvais me résoudre à laisser ma douleur transparaître.

Penser à autre chose, me dis-je. Mon regard accrocha la tasse de thé posée sur une table, près de l'entrée. Mon thé ― celui que Mila avait préparé. J'avais oublié de le boire... Il devait être tiède, à présent. Je devrais le prendre et le réchauffer ― si Mila m'en demandait des nouvelles, je voulais pouvoir lui ― fuck !

Qu'est-ce que ça faisait mal, cette saloperie !

― Pourquoi est-ce encore plus douloureux que la morsure même du draguenin ? demandai-je, ma voix rauque, lorsqu'Alwena jeta le coton dans la poubelle.

― C'est le venin... Il ralentit la cicatrisation et réagit au contact du désinfectant. Et puis, ta plaie est à vif ― venin ou pas, ça pique !

Je m'attelai au pansement dont je recouvrai la plaie. Je souris :

« Je devrais avoir le Prix Nobel du pansement parfait ! »

J'adressai à Bobby une œillade particulièrement taquine.

Homme à tout faire Messages : 324

― C'est le venin..., m'expliqua Alwena en refaisant mon pansement. Il ralentit la cicatrisation et réagit au contact du désinfectant.

Evidemment ― il fallait que cette bestiole ait un redoutable poison réactif ! La prochaine fois, je laisserais Jonsï s'en charger : après tout, c'était lui le professeur de la faune et de la flore Magique ― s'il tenait à faire mon boulot hors des classes...

« Et puis, ta plaie est à vif, poursuivait l'infirmière, venin ou pas, ça pique ! »

Peut-être... mais pas autant...

Demeurant immobile, je laissai la jolie rousse me panser l'épaule, ses mains toujours aussi douces et caressantes ; c'était nettement plus agréable...!

« Je devrais avoir le Prix Nobel du pansement parfait ! » plaisanta Alwena lorsqu'elle eut fini, m'adressant une œillade particulièrement taquine.

Je souris :

― Tu devrais ! admis-je. Est-ce qu'une invitation à dîner pourrait faire l'affaire en attendant ? Je ne suis pas mauvais cuisinier si cela peut te convaincre...!

Je ne l'avais jamais été, à vrai dire... un de mes rares talents étant enfant !

Je souris de toutes mes dents et regardai Bobby, splendide avec son épaule blessé et son regard noir.

Ce n'était pas pour me déplaire ! Un dîner avec l'homme à tout faire était ce que j'attendais depuis longtemps. Néanmoins je ne lui répondis pas directement, je me penchai et lui glissai à l'oreille, faisant mine d'inspecter le pansement :

― Tout dépendra de ce que nous ferons après le dîner...

Homme à tout faire Messages : 324

Alwena me décocha un sourire rayonnant mais ne me répondit pas ― au lieu de cela, elle s'avança et se pencha comme pour vérifier son travail, m'offrant à nouveau un regard privilégié sur sa poitrine, son parfum frais et léger m'enveloppant.

― Tout dépendra de ce que nous ferons après le dîner..., fit-elle doucement, son souffle chatouillant mon oreille.

Je sentis aussitôt le désir monter en moi.

― Il faudra venir pour le savoir, répondis-je, ma voix légèrement plus grave.

Je me levai, ma main posée sur la hanche d'Alwena ; l'infirmière ne bougea pas, ce qui nous mit très, très près l'un de l'autre...

Face à lui, je maintins son regard, me perdant dans ses prunelles enflammées par la perspective de ce qui pourrait se passer... Nous étions si prêts que je sentais son odeur d'homme, mêlée à celle du tabac. Plus grand que moi, Bobby me dominait d'au moins une tête. Sa main sur ma hanche faisait naître une douce chaleur en moi.

- Dans ce cas, je suis partante, murmurai-je avec un sourire.

Aidée par mes talons aiguilles, je me haussai sur la pointe des pieds, fixant ses lèvres, comme si je répondais à leur appel. Je m'approchai davantage de Bobby et me collai à lui. Arrivée à quelques centimètres, je restai suspendue, comme hésitante...

Mais je finis par m'éloigner, un sourire au lèvre.
- Ce sera pour ce soir ! lui lançai-je malicieusement.

Moi, ou l'art de frustrer !

Homme à tout faire Messages : 324

― Dans ce cas, je suis partante, poursuivit Alwena, sa voix voilée.

Puis elle s'éleva encore davantage, se pressant tout contre moi, telle une chatte câline. Ses lèvres s'approchèrent des miennes et je fermai instinctivement les yeux ― mais sa bouche ne m'effleurèrent pas.

« Ce sera pour ce soir ! » fit-elle avec malice.

Une vraie allumeuse ― mais ce n'était pas pour me déplaire ! La chasse valait autant que le trophée !

― 20h30, mes appartements, répondis-je, impatient. Tu as une préférence pour le dîner ?

A l'éclat des yeux de Bobby, je devinai qu'avec mon petit jeu, j'avais frappé dans le mille !

― 20h30, mes appartements, m'indiqua précipitamment Bobby. Tu as une préférence pour le dîner ?

― Hum... Quelque chose de léger !

Je lui fis un clin d’œil lourd de sous entendus en rangeant mon matériel qui avait servi à soigner Bobby.

« Ça ira ? » demandai-je.